La tarification en dollars a commencé dans les magasins commerciaux, ce mercredi 1er mars, une décision prise par le ministre intérimaire de l’Économie, Amin Salam, selon lequel son but est de protéger les consommateurs du chaos et du caractère aléatoire de la tarification pratiquée par les commerçants et les propriétaires de supermarchés en raison de la dépréciation de la livre libanaise depuis 2019.
L’entrée en vigueur de cette décision intervient sur fond d’une nouvelle dévaluation record de la livre libanaise sur le marché noir. Ayant franchi la barre de 80 mille depu
is la semaine passée, le dollar a continué à grimper, approchant le seuil des 90 mille livres.
En même temps, « le dollar douanier » destiné à calculer la valeur des droits et taxes sur les biens et marchandises importés, qui était fixé à 15 mille L.L. est passé à 45 mille, faisant prévoir l’envolée de l’inflation qui a atteint des proportions énormes depuis l’éclatement de la crise économique et financière.
A titre d’exemple les 20 litres d’essence qui s’achetaient en 2019 à près de 30.000 L.L. coûtent aujourd’hui 1.617.000 L.L.
Et le prix de vente du pain qui se vend en galettes d’un kilo est passé de 1.500 L.L. depuis près de 4 ans à 38.000 L.L.
Financer l’Etat par l’inflation
Interrogé par notre télévision al-Manar, l’ex-directeur général des comptabilités au Ministère des Finances Amine Saleh parle « d’une complicité harmonieuse entre les deux pouvoirs financier et monétaire », incarnés par le ministère des Finances et le chef de la BDL « afin de financer l’Etat par l’inflation ».
Il rappelle qu’avant la détérioration de la monnaie nationale, tous les responsables de l’Etat, aussi bien le Premier ministre que le ministre des Finances et le Conseil des Ministres auraient dû enquêter sur ce que le gouverneur de la banque du Liban Riad Salamé a effectué, en évaluant son budget demi-mensuel à la base de 15.000 L.L.
« Il en a découlé un endettement de l’Etat libanais d’une valeur de 53 m$, tout en augmentant le budget de la banque centrale 529% et la valeur des dépôts dans les banques de plus de 800% », a-t-il affirmé.
Selon lui, c’est cette démarche qui a provoqué cette nouvelle vague inflationniste ainsi que la dépréciation de la livre.
« Le ministre de l’Economie nous a fait le présage que le dollar franchira les 100.000 et les 300.000 voire même plus », a-t-il déploré. Estimant que sa démarche de dollarisation n’est pas légale.
Le pays le plus touché par l’inflation
Selon lui, la dollarisation des prix provoquera une nouvelle inflation qui ne cessera de se renouveler, et une nouvelle hausse des impôts et des taxes douanières ce qui en découlera une nouvelle baisse du pouvoir d’achat du citoyen et ainsi de suite. Estimant qu’il s’agit d’une spirale.
« Je crains que nous atteignions le niveau de Zimbabwe en termes de pauvreté et de suivre l’exemple du Venezuela en termes d’inflation. Nous sommes devenus l’un des pays les plus frappés par l’inflation dans le monde, ce qui est très grave », a-t-il prévenu.
La solution ne réside pas dans l’inflation
Il a insisté que « la solution réside dans la restitution des fonds qui ont été dépensés illégalement, par gaspillage et par confiscation, et de rendre aux dépositaires leurs fonds qui ont été transférés à l’étranger… par conséquent, le dollar va baisser ».
La solution ne réside pas dans une nouvelle inflation qui engendre une nouvelle inflation jusqu’à l’infini.
« Ces solutions sont trompeuses, illégales, inconstitutionnelles et incorrectes de point de vue économique, monétaire et financier », a-t-il conclu.
Source: Divers