Le gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, inculpé de plusieurs délits financiers, notamment « détournement de fonds publics », sera interrogé par un juge d’instruction libanais le 15 mars, a indiqué une source judiciaire à l’AFP lundi.
Son frère Raja et son ancienne assistante Marianne Hoayek ont également été convoqués dans le cadre de l’enquête locale ouverte en 2021, parallèlement aux affaires judiciaires en Europe dans lesquelles il est visé, a ajouté cette source qui a requis l’anonymat.
Les trois suspects ont été inculpés de « détournement de fonds publics », « blanchiment d’argent », d' »enrichissement illicite » et d' »évasion fiscale » au Liban, pays plongé dans une grave crise économique et financière.
L’enquête locale sur le patrimoine de Riad Salamé a été ouverte après une demande d’entraide judiciaire du procureur général en Suisse, dans le cadre d’investigations concernant plus de 300 millions de dollars de mouvements de fonds suspects opérés par le gouverneur et son frère.
Fin février, l’hebdomadaire suisse SonntagsZeitung a affirmé qu’une bonne partie de cette somme que M. Salamé est soupçonné d’avoir détournée avait atterri sur les comptes de 12 banques suisses.
Les poursuites engagées le 23 février par le juge libanais sont les premières à l’encontre de M. Salamé dans le cadre de l’enquête locale sur la base d’investigations menées par des magistrats européens.
En janvier, des enquêteurs de France, d’Allemagne et du Luxembourg ont interrogé à Beyrouth des responsables du secteur bancaire sur des mouvements de fonds vers plusieurs pays où Riad Salamé dispose d’un important patrimoine.
En mars 2022, les trois pays avaient gelé 120 millions d’euros d’avoirs libanais à la suite d’une enquête visant cinq personnes parmi lesquelles le gouverneur de la BDL.
Les enquêteurs sont attendus de nouveau à Beyrouth, mais selon des sources judiciaires libanaises, Riad Salamé faisant désormais l’objet de poursuites locales dans la même affaire, leur mission pourrait être entravée.
Ils pourraient être empêchés d’interroger des responsables séparément et être uniquement autorisés à assister aux interrogatoires dans le cadre de l’enquête locale, selon ces mêmes sources.
Arrivé à la tête de la BDL en 1993, M. Salamé, 72 ans, est accusé par de nombreux Libanais, comme une grande partie de la classe politique du pays, de corruption et d’être l’un des principaux responsables de la grave crise économique et financière que connaît le Liban.
Convoqué de nombreuses fois après une série de plaintes et d’enquêtes, il nie catégoriquement toutes les accusations à son encontre.
Source: AFP