Le député du Hezbollah Hassan Fadlallah a déploré le fait que la livre libanaise soit devenue une marchandise commerciale, accusant certaines parties libanaises de l’avoir manipulée et ce depuis l’éclatement de la crise économique en 2019.
La semaine dernière, le dollar américain a passé la barrière des 100.000 L. L. puis il est passé au début de cette semaine plus de 140.000 avant de baisser aux alentours de 106.000/107.000. Grâce à une intervention de la Banque du Liban.
« La monnaie nationale a été convertie en une marchandise commerciale, et il y a ceux qui l’ont délibérément manipulée, et en même temps il y a des protections politiques pour les personnes impliquées », a déclaré Hassan Fadlallah le mercredi 22 mars, à l’issue d’une session de la commission parlementaire des Finances.
Attribuant l’effondrement « à de nombreuses causes, telles que les politiques économiques, la corruption et le blocus extérieur », M. Fadlallah estime toutefois que « les autorités légalement habilitées ont la responsabilité de protéger la monnaie nationale, au sommet de laquelle se trouve la Banque centrale, dont son directeur et son conseil central ».
« Nous avons des articles juridiques clairs pour tenir responsable toute personne qui nuit à cette monnaie ou menace la situation financière de l’État, mais lui demander des comptes est suspendue en raison des ingérences politiques », a-t-il insisté.
Rappelant qu’un dossier complet sur les violations des finances de l’État et sur les parties qui manipulaient le prix de la monnaie nationale avaient été auparavant placées entre leurs mains et devant les médias, afin qu’il soit accessible au public.
Selon Fadlallah, «nous avons aujourd’hui l’occasion d’imposer une responsabilité juridique à ceux qui menacent l’intégrité financière de l’État, quels qu’ils soient, et de laisser la loi régner à l’écart de toute enchère ou de se lancer des accusations, et de laisser chaque député assumer sa responsabilité loin de toute considération politique. Faisons un pas sérieux au lieu de se jeter les responsabilités et d’éluder les faits.
Il a poursuivi en décrivant ce qui s’était passé: « Il y a des enquêtes officielles qui ont été publiées aujourd’hui sur certains acteurs qui ont contribué à manipuler le taux de change en achetant de grandes quantités de dollars à des prix élevés et en les faisant passer en contrebande à l’étranger. Le rapport des experts mandatés par la chambre d’accusation à Beyrouth et basé sur des informations que nous avons soumises à la justice et une plainte à l’inspection en a conclu qu’une banque avait avant le 19 novembre 2019 acheté de grandes quantités de dollars à des prix élevés pour les faire passer clandestinement à l’étranger, afin d’obtenir d’importantes liquidités en livres libanaises, en brisant le dépôt gelé à la Banque centrale d’une valeur de 254 milliards de livres, auxquels se sont ajoutés les 60 milliards supplémentaires qui ont été placés auprès des changeurs de monnaie pour s’acheter des dollars à des prix beaucoup plus élevés que ceux négociés sur le marché ».
Selon lui, ce fut l’une des premières étincelles qui a conduit au début de la tourmente sur les marchés et à la hausse significative du prix du dollar, et à la détérioration de la monnaie nationale.
« Il incombe à la justice d’éclaircir les véritables origines de cet acte grave. Ironiquement, les banques impliquées dans la contrebande de dollars à l’étranger sont celles qui s’opposent fermement à l’approbation du contrôle des capitaux, et certains adoptent leur point de vue ».
S’adressant à ses confrères députés, il a conclu : « Aujourd’hui, nous avons un rapport officiel sur certaines personnes impliquées. Ce qu’il faut, c’est leur demander des comptes et récupérer l’argent passé en contrebande à l’étranger. En élargissant le champ, d’autres parties impliquées apparaîtront…La justice à jouer pleinement son rôle et à responsabiliser les personnes impliquées, quelles qu’elles soient, pour dissuader les malfaiteurs. »