Depuis la dernière session du Parlement libanais au cours de laquelle a échoué la 12eme tentative d’élire un président de la république, toutes les positions affichées par des responsables du Hezbollah en appellent les autres protagonistes libanais au dialogue pour parvenir à un accord.
Lors du premier tour, mercredi 15 juin, le candidat du tandem Amal-Hezbollah Sleimane Frangié a obtenu 51 voix, contre 59 pour son concurrent, le candidat des partis chrétiens Jihad Azour qui n’a toutefois pu obtenir les deux-tiers de voix nécessaires pour son élection dès le premier tour.
Los du second tour, les députés du Hezbollah et d’Amal ont quitté le Parlement rendant impossible la tenue du quorum nécessaire pour cette session au cours de laquelle 65 voix suffisent pour élire un président.
Cheikh Qaouq: l’unique option
« La réunion du mercredi porte un message clair et décisif : celui que le dialogue est l’unique option disponible », a déclaré cheikh Nabil Qaouq, membre du Bureau central du Hezbollah.
Dans un discours prononcé dimanche 18 juin dans la localité Majdal Silim au sud du Liban, il a assuré que « les équilibres parlementaires ne permettent à personne d’imposer son candidat aux autres et coupe la voie à la logique de confrontation et de défi ».
Selon cheikh Qaouq, « celui qui refuse le dialogue est responsable du prolongement de l’état de vacance présidentielle ».
Cette vacance se poursuit depuis la fin du mandat de Michel Aoun en octobre 2022.
Ali Fayyad: c’est la démocratie
Pour le député du bloc parlementaire du Hezbollah « Fidélité à la résistance » Ali Fayyad, la séance du mercredi a, de par ses résultats, « désillusionné beaucoup ».
Selon lui, il s’est avéré que la coalition parlementaire la plus importante, « celle qui ne se caractérise pas par des attributs circonstanciels et d’intérêts passagers est celle qui s’entend avec la résistance ».
« Ceux qui critiquent cette alliance pour avoir eu recours à saper le quorum pendant le deuxième tour, avaient eux-mêmes menacé de faire la même chose pour avorter le candidat qu’ils n’admettent pas et l’avaient fait lors d’élections précédentes », a-t-il objecté lors d’un discours prononcé ce dimanche dans la localité al-Taybé au sud du Liban.
Et M. Fayyad de poursuivre : « cela fait partie du jeu électoral qui est le résultat de la spécificité du système politique, de notre Constitution et notre système électoral et de tout ce qui avait été consacré par les coutumes et les pratiques antérieures dans l’interprétation de la Constitution. Par conséquent, quiconque a une objection ou la considère comme un défaut, devrait objecter à la Constitution elle-même ».
Le député du Hezbollah estime que deux logiques s’affrontent derrière cette scène de division au sein du Parlement : celle du veto préalable et celle de la priorité du dialogue.
« Dès le déclenchement de l’échéance électorale, ils (opposition) ont proclamé qu’il est interdit au candidat roche de la résistance d’accéder à la présidence. Cette position s’oppose à la démocratie libanaise et à sa spécificité car elle implique la destitution préliminaire d’un droit défendu par la Constitution », a-t-il ajouté, estimant qu’elle relève d’une hostilité claire.
Rappelant qu’aucune issue de l’impasse n’est possible sans retour au dialogue comme voie de l’entente pour mener à bien la présidence », il a conclu : « l’entente inclut le fait de prendre en considération les appréhensions (de chacun), d’échanger les garanties, de respecter les équilibres internes et de se mettre d’accord sur les grandes lignes pour résoudre les problèmes libanais ».
Cheikh Daamouche : Il est temps
Pour sa part, le vice-président du Conseil exécutif du Hezbollah cheikh Ali Daamouche a renouvelé l’attachement du tandem Amal-Hezbollah à la candidature de l’ex-ministre Sleiman Frangiyé, rappelant qu’il a été candidat pendant trois échéances passées et son nom a toujours été parmi ceux proposés par le patriarche maronite.
l a souligné : « nous soutenons un candidat naturel et sérieux qui a une vision et un programme clairs, et porte un projet consensuel qui garantit un partenariat efficace pour toutes les forces politiques. Nous sommes d’accord avec lui sur de nombreuses questions économiques et politiques et sur la résistance, la cause palestinienne et la relation avec la Syrie. C’est notre droit naturel de soutenir un candidat avec qui nous sommes d’accord sur ces questions et sur beaucoup de questions nationales. Nous trouvons en lui la personnalité nationale tolérante et ouverte sur l’intérieur et l’extérieur, et capable de traiter des dossiers sensibles qui concernent tous les Libanais, comme le dossier des déplacés syriens, du pétrole et du gaz, et d’autres dossiers de base ».
Cheikh Daamouche a assuré que les députés qui ont voté en faveur de son concurrent Jihad Azour avaient fait l’objet de pressions et d’aucuns ont été menacés qu’ils seraient expulsés de leur bloc parlementaire s’ils ne votaient pas pour lui ».
Les médias libanais ont rendu compte que de nombreux députés du Courant patriotique libre dirigé par Gebran Bassil, le gendre de l’ancien Président de la république Michel Aoun, avaient contesté la candidature d’Azour. Mais ils ont été sommés de voter en sa faveur, sous la menace.
Selon cheikh Daamouche, « Le président est pour tous les Libanais et pas seulement pour les Chrétiens et (par conséquent) il importe à tout le monde qu’il soit à la hauteur des défis et des espoirs. Personne ne peut amener à lui seul un Président, raison pour laquelle nous en appelons au dialogue non conditionnel et à l’entente entre les différentes forces politiques pour s’entendre sur un Président ». Et cheikh Daamouche de conclure : « Après tout ce qui s’est passé au cours des 12 sessions électorales, il est temps que l’autre partie se rende compte que les méthodes qu’elle a adoptées pour la solution ont échoué et n’ont pas abouti, et que le dialogue et le consensus sont le seul moyen de résoudre la crise, sinon c’est une perte de temps pour rien ».
Source: Divers