Le Parlement israélien a voté ce lundi 24 juillet une mesure clé de la réforme judiciaire controversée visant à limiter la possibilité pour la Cour suprême d’invalider une décision du gouvernement.
La séance avait commencé après un débat de plus de 24 heures sur la mesure de la réforme visant à annuler la possibilité pour la justice israélienne de se prononcer sur le « caractère raisonnable » des décisions du gouvernement.
Finalement, indique l’AFP, cette mesure a été approuvée par les 64 élus de la coalition du Premier ministre Benjamin Netanyahu, tandis que les élus de l’opposition ont boycotté le vote.
Tous les députés de la coalition ont voté comme un seul homme. Et ceux de l’opposition se sont abstenus aussi comme un seul homme.
Honte… démocratie ou révolution
Ce vote a été réalisé pendant que des milliers de manifestants opposés à la refonte judiciaire étaient rassemblés devant la Cour suprême, aux cris de « honte », « démocratie ou révolution ».
D’autres s’étaient rassemblés autour du Parlement israélien pour empêcher les députés de lui accéder. Certains se sont entrelacés et ont fermé les routes qui y mène pendant que la police œuvrait pour les disperser en utilisant des canons à eau.
Des manifestants s’étaient aussi rassemblés à proximité du domicile du député et ministre de l’économie Nir Barakat pour l’empêcher de se rendre à la Knesset.
Un jour de destruction de notre foyer
Après le vote, le chef de l’opposition le centriste Yaïr Lapid a déclaré : ”C’est un triste jour. Un jour de destruction de notre foyer. Un jour de haine gratuite. Je regarde la coalition se réjouir et je me demande : qu’est-ce que vous fêtez ? Le fait que vous avez décomposé l’Etat juif que nous avons ? Le fait que des personnes qui ont servi pendant 30 ans ensemble annulent leur rencontre annuelle parce qu’elles savent que cela va mal se terminer ? Ce gouvernement d’extrémistes se réjouit et se fait prendre en photo après avoir été à l’origine du moment où les gens ici ne seront plus frères. Ils fêtent le moment où ils ont réussi à jeter aux poubelles de l’histoire ce qui nous unit. Nous avons vu aujourd’hui le spectacle de la faiblesse de Netanyahu, comme jamais auparavant. Il n’y pas de Premier ministre en Israël. Netanyahu est devenu une marionnette aux mains des extrémistes messianiques. Le gouvernement n’a pas gagné, le combat n’est pas fini. Il ne fait que commencer”.
La Cour saisi
A peine la loi avait été votée que plusieurs organismes avaient déjà saisi la Cour suprême pour qu’elle juge de sa validité.
Selon des médias israéliens, le scénario dans lequel la Cour suprême annulerait la loi sur « la raison raisonnable » est presque irréaliste. En effet, cette loi a été votée dans le cadre d’un amendement à la Loi fondamentale : La Justice. La Cour suprême ne s’est encore jamais arrogé le droit de toucher à une Loi fondamentale et il est peu probable qu’elle le fasse.
Situation très inquiétante
Ronen Bar, chef du service de sécurité générale du Shin Bet, a qualifié la situation en Israël de « très inquiétante », exprimant sa crainte de la propagation du chaos et de la violence.
Lors de sa rencontre avec Lapid, Bar lui a montré une photo de la situation actuelle dans la rue sioniste, qu’il a qualifiée de « très inquiétante ».
Barr a également exprimé sa crainte de « l’affaiblissement de l’entité, sur le plan sécuritaire et politique ».
Le projet controversé présenté le 4 janvier dernier alors que le Premier ministre Benjamin Netanyahu, à la tête d’un des gouvernements les plus à droite de l’histoire du pays, et jugé pour corruption dans plusieurs affaires, a déclenché l’un des plus grands mouvements de contestation de l’histoire de cette entité. Les manifestations n’ont pas connu de répit pendant plus de 28 semaines.
Au moins 1.100 réservistes de l’armée de l’air menacent de suspendre leur service volontaire si la Knesset adopte le projet de loi.
Selon Haaretz, le Forum des affaires, qui rassemble plus de 150 des plus grandes entreprises israéliennes, a déclaré une grève lundi, pour protester contre la promotion de la clause sur « la raison raisonnable », demandant au Premier ministre à remplir son devoir, « d’arrêter immédiatement la législation et à entamer des négociations ».
Source: Divers