Un article du Haaretz signé par l’ex conseiller adjoint à la Sécurité nationale israélienne, Chuck Freilich a énuméré les options devant l’entité sioniste et les risques graves auxquels elle serait confrontée au cas où elle a recours à l’extension de la guerre contre le Liban.
L’ancien responsable israélien a estimé que la capacité du Hamas à résister à l’attaque israélienne massive, ainsi que la détérioration de la situation stratégique d’Israël, ont renforcé la confiance de l’axe de la résistance et sont susceptibles d’accroître sa volonté de supporter de plus grands risques, soulignant que le L’Axe croit qu’il est capable de résister à la supériorité traditionnelle d’« Israël », et même de la surmonter.
Evoquant les principales options qui s’offrent à « Israël » à la lumière de la confrontation en cours avec le Hezbollah, Freilich en dénombre 6 : la poursuite de la voie actuelle, un cessez-le-feu unilatéral, une diplomatie coercitive, une initiative diplomatique, une opération limitée et une opération majeure.
Il estime que chacune de ces options devrait être évaluée en fonction de son potentiel de succès militaire et diplomatique et de ses répercussions locales.
Selon lui, la question la plus importante est de savoir si cette option est susceptible de conduire à une amélioration tangible de la position stratégique globale d’Israël, ou si « nous paierons un lourd tribut et finirons par revenir à la case départ ».
L’opinion publique israélienne fatiguée
Abordant l’option de la possibilité de poursuivre sur la voie actuelle, l’ancien responsable israélien a déclaré que jusqu’à présent, tant Israël que le Hezbollah ont tenu à rester en dessous du « seuil de l’escalade ».
Il a ajouté que les dégâts causés aux villes, villages et kibboutzim du nord d’« Israël » sont importants et s’aggravent, et « environ 60.000 personnes évacuées n’ont pas pu regagner leurs foyers depuis plus de 8 mois ».
Il a ajouté qu’à la suite du choc du 7 octobre, l’opinion publique israélienne était fatiguée des séries interminables de guerre limitée.
A l’inverse, « l’équilibre de la terreur avec le Hezbollah, après la guerre de 2006, est resté en place pendant 16 années complètes. Si un retour à ce type de politique est susceptible de conduire à un cessez-le-feu à long terme, il ne faut pas l’exclure complètement ».
Comme un signe de faiblesse
Quant à la deuxième option, celle d’un cessez-le-feu unilatéral, il a déclaré que cela serait fait dans l’espoir « d’isoler le Hezbollah » et de le forcer à cesser le feu, et de renforcer la légitimité internationale d’« Israël » pour une opération militaire si nécessaire. Mais en même temps, il a déclaré que le cessez-le-feu d’« Israël » serait perçu comme un signe de faiblesse et qu’il serait de toute façon difficile de le mettre en œuvre politiquement, notamment pendant les combats à Gaza.
Perdre l’élément surprise
Concernant la troisième option liée à « la diplomatie coercitive », suite à un cessez-le-feu unilatéral, « Israël » adresserait un avertissement au Hezbollah exigeant qu’il cesse ses attaques dans un certain délai, sinon « Israël » frappera. Il estime que cette option a l’avantage de construire une légitimité internationale, mais s’attend à ce que l’administration Biden s’y oppose, surtout à l’approche des élections, et à ce le Hezbollah et l’Axe de la Résistance la rejettent probablement. Par conséquent, « Israël » perdra l’élément de surprise et le risque d’une guerre totale augmentera considérablement.
Risque de concessions territoriales
La quatrième option concerne une initiative diplomatique. Selon l’ancien responsable israélien, cette option est considérée comme la meilleure, mais la probabilité de parvenir et de maintenir un accord dans le temps n’est pas élevée. De plus, dit Freilich, « un tel arrangement obligerait Israël à faire des concessions territoriales le long de la frontière ».
L’option de l’opération limitée
Quant à la cinquième option, une opération limitée, l’ancien responsable israélien affirme que son objectif est « de restaurer la dissuasion israélienne et de forcer le Hezbollah à accepter un cessez-le-feu et à se retirer de la frontière, afin que les habitants du nord puissent retourner dans leur maison ».
Mais en même temps, il souligne que « rien ne garantit que ce qui a commencé comme une opération limitée le restera, ou qu’Israël sera en mesure d’atteindre ses objectifs militaires ».
Il souligne que toutes les négociations avec le Hezbollah depuis les années 1990, qu’elles soient limitées ou moins limitées, se sont terminées de manière décevante pour « Israël ». Ajoutant que le public est fatigué des promesses répétées d’opérations limitées qui permettront d’améliorer la situation.
Le risque d’une guerre sur plusieurs fronts
Concernant la sixième option, liée à une opération majeure, Freilich affirme que le but de cette démonstration de force massive sera de provoquer un changement radical de la situation. Dans le même temps, il souligne que cette option comporte des risques majeurs et pourrait conduire à une guerre sur plusieurs fronts, et fait craindre que le front intérieur d’Israël, son économie et ses capacités militaires vitales ne subissent un coup dur.
Il continue que la guerre à Gaza est « pâle » si on la compare à cette guerre, notant qu’« Israël » n’y a pas encore atteint ses objectifs militaires.
Dans ce contexte, une guerre comme celle-ci transformerait l’agitation croissante du sentiment anti-israélien aux États-Unis et dans le monde en une véritable tempête, ce qui pourrait conduire à modifier l’issue de la course présidentielle américaine.
En outre, nombreux sont ceux qui soupçonneront que le comportement d’Israël a été motivé par la nécessité pour Netanyahu de poursuivre les hostilités afin de reporter les élections et son effondrement politique, quelle qu’en soit la raison objective. La crise politique interne israélienne actuelle rendra particulièrement difficile la gestion efficace de la guerre, affirme l’ancien conseiller adjoint à la Sécurité nationale israélienne.
Une guerre reportée qui ne se concrétise jamais
Il a achevé son article en soulignant qu’Israël a échoué dans ses tentatives d’empêcher le renforcement des capacités du Hezbollah, et ajoute que le désir de porter un coup fort maintenant est tout à fait compréhensible, mais que la politique israélienne doit être soigneusement calculée et refléter une combinaison de ces 6 options.
« Peut-être qu’une guerre reportée serait celle qui ne se concrétise jamais réellement sur le terrain, et serait la meilleure forme. Par conséquent, les Israéliens devraient vivre avec la réalité actuelle, et c’est bien sûr une issue douloureuse, en particulier pour les habitants du nord, qui devront choisir entre retourner dans leurs « foyers » sous la menace constante, ou déménager vers un autre endroit », a-t-il conclu.
Source: Média