Face aux menaces turques qui vont crescendo, les dirigeants kurdes de Syrie optent pour le protectorat des forces occidentales.
Jeudi, le commandant en chef des Forces démocratiques syriennes (FDS) Mazloum Abdi a demandé au président américain élu Donald Trump de maintenir les forces américaines au nord de la Syrie, où une douzaine de bases américaines illégitimes sont établies et 2000 soldats sont déployés.
Dans une interview avec The Guardian, Abdi a brandi le spectre de la menace de Daech pour justifier cette présence américaine arguant que « le retrait américain pourrait favoriser le retour de Daech (EI) ».
« Le principal facteur de stabilité dans cette région est la présence américaine sur le terrain », a-t-il ajouté. « Si les 2 000 soldats américains se retirent, cela entraînera la réémergence de nombreuses factions, dont l’EI. »
La coalition internationale mise sur pied depuis 10 ans et à laquelle ont participé les FDS n’arrive toujours pas à éliminer la menace de Daech.
La responsable des affaires étrangères de l’Administration kurde au nord de la Syrie Ilham Ahmad a été certes plus franche lorsqu’elle a déclaré que des tractations sont en cours sur l’éventualité que les Etats-Unis et la France participent à la sécurisation des frontières avec la Turquie afin « d’ôter le fusible du conflit entre Ankara et les Kurdes ».
Dans une interview avec la télévision française TV5 monde, elle a demandé aux Français d’envoyer des forces à la frontière pour sécuriser la région démilitarisée et nous aider à protéger la région et à établir de bonnes relations avec la Turquie.
La fin des organisations séparatistes
Le ministre turc des Affaires étrangères a de nouveau réitéré ce vendredi les menaces de son pays contre les milices kurdes. « La fin du chemin est désormais proche pour les organisations séparatistes et leur prolongement en Syrie », a averti Hakan Fidan, assurant que la Turquie ou la nouvelle administration syrienne pourrait mettre en exécution une opération militaire contre les Unités de protection du peuple (YPG) ». Cette organisation ainsi que son antenne politique PKK sont considérées comme des organisations terroristes par Ankara.
Selon lui « la Turquie dispose de la puissance, des capacités et de la volonté d’éradiquer toutes les menaces qui la guettent ».
« Si la France veut lutter contre le terrorisme elle devra incarcérer ses détenus parmi les terroristes de Daech dans ses prisons et non les laisser dans les prisons des YPG puis apporter son soutien à ces dernières », a-t-il assuré.
Et Hakan Fidan de conclure : « la Turquie n’accorde aucun intérêt aux Etats qui voudraient se cacher derrière les Etats-Unis pour promouvoir leurs intérêts ».
Les combats se poursuivent depuis un mois dans le nord syrien entre les FDS et les factions pro turques de l’Armée nationale syrienne, avec l’appui des forces turques. L »Observatoire syrien des droits de l’homme a fait état de 337 tués dont 241 membres de l’ANS et 65 des FDS.
Diviser la Syrie en cantons
« Israël » n’est pas à l’écart de l’enjeu kurde au nord de la Syrie. Il envisage d’ores et déjà la scission de la Syrie. Selon le quotidien Israel Hayom, une session restreinte présidée par le ministre israélien de la Sécurité, Israel Katz a étudié une proposition visant à créer un comité international qui aura pour rôle de diviser la Syrie en cantons. Cette proposition a été faite par le ministre et membre du gouvernement Eli Cohen qui suggère l’organisation d’une conférence internationale sur la Syrie pour discuter de ce projet de division de la Syrie.
Les délibérations qui ont eu lieu pendant cette réunion ont évoqué « les craintes pour la sécurité des minorités dans la région et l’intervention turque croissante ».
La rencontre prochaine qui sera plus élargie et aura lieu ultérieurement avec Netanyahu sera centrée sur l’ingérence turque en Syrie.
Des sources de sécurité ont assuré pour Israel Hayom qu' »Israël n’a pas l’intention de rester en Syrie, mais il n’a pas non plus l’intention de quitter les zones qu’il contrôle jusqu’à ce que la situation se stabilise ».
Mais la conférence internationale pourrait être l’un des moyens pour l’armée israélienne de rester dans les zones qu’elle a pénétrées, d’autant que la conférence « remodèlerait la Syrie et ses frontières », font remarquer ces sources.
Depuis la chute de Bachar al-Assad, l’entité sioniste a occupé la zone tampon du Golan et des territoires dans les provinces du sud de la Syrie, soit quelque 600 km2.
Citant de hauts responsables israéliens, le journal Yedioth Ahronoth a affirmé qu’Israël envisage de contrôler une zone s’étendant sur une profondeur de 15 km à l’intérieur du territoire syrien, et d’établir une « zone d’influence » sous le contrôle des renseignements, à 60 km de profondeur.
Des experts estiment que les responsables israéliens s’inquiètent de l’expansion de l’influence turque en Syrie du fait qu’elle est le principal soutien aux factions qui ont pris les pouvoir.
Crainte de l’influence turque
Source: Divers