Révélation fracassante qui devrait faire couler beaucoup d’encre : Bien avant les récentes déclarations des responsables américains selon lesquels le sort du président syrien n’intéressait plus les Etats-Unis, le président américain Donald Trump avait bel et bien envoyé un message à Bachar al-Assad.
C’est le directeur du journal libanais al-Akhbar Ibrahim Al-Amine qui a révélé ce fait. Selon lui, ce message a été envoyée via Tulsi Gabbard , la membre du Congrès américain pour l’Etat de Hawaï.
Ayant soutenu la candidature de Bernie Sanders à la présidentielle américaine, elle a été remarquée par le candidat Trump, qui une fois élue lui a proposé un poste important dans son administration.
Me répondra-t-il si je l’appelle?
Ayant appris que cette femme d’origine indienne avait décidé de venir en Syrie pour s’enquérir de la situation en personne, et de rencontrer M. Assad, il lui a demandé de lui faire part et je cite :
« Alors demandez-lui s’il est prêt à communiquer avec nous, et moi je serai disposé à le contacter par téléphone. Mais qu’il sache que notre collaboration aura pour titre exclusif la lutte contre Daesh. Et il trouvera que la demande de son renversement de son poste n’est pas dans le cadre de mes intérêts et qu’elle finira progressivement par s’estomper dans les médias. Quant à la reprise des contacts directs et à la suppression des sanctions, ce sont deux choses qui ont besoin de plus de temps. L’important est que nous sachions comment il va se comporter et à quel point il est disposé à collaborer avec nous à l’insu des Russes et des Iraniens. C’est nous qui devrions changer notre politique à l’égard d’Assad et le fait de procéder à le contenir directement serait utile. Cet homme a résisté dans son poste. En réalité nous devrions œuvrer avec lui si nous voulons affronter Daesh sérieusemen
t ».
Dans sa vision de la politique américaine en Moyen-Orient, Trump estime que la politique de son prédécesseur Barack Obama a profondément porté atteinte à l’hégémonie américaine, laissant le champ libre à celle de la Russie. Il pense que son administration se doit de revenir et de participer à la gestion de cette région, surtout dans les deux dossiers irakiens et syriens. S’engageant à ne pas affronter la Russie, il voudrait surtout assiéger l’Iran et mettre fin aux conséquences de l’accord nucléaire sans toutefois y renoncer. Et il croit que le théâtre syrien est celui de l’entente avec les Russes et les autres.
Al-Amine poursuit : « Trump voit que Daesh constitue le danger principal pour tous. Il est persuadé que l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie sont impliqués dans son soutien et dans l’appui à toutes les branches d’Al-Qaïda. Malgré sa haine pour l’Iran, il croit que ce pays est le plus sérieux dans son combat contre Daesh. Il ne veut pas seulement opérer un changement crucial, mais changer radicalement de stratégie. Il croit que l’important est de se concentrer sur Daesh et d’ignorer les autres buts dont celui de renverser Assad ».
Les pressions de l’ambassade américaine à Beyrouth
Or la visite de cette sénatrice d’origine indienne ne s’est pas faite sans embuches. Elle reflète surtout la nature et les moyens déployés par des cercles d’influence américains contre ce genre de démarche.
De concert, certains d’entre eux ont lancé une campagne pour la dissuader de faire cette visite : la CIA, la FBI, voir même du secrétariat d’état pour les Affaires étrangères.
Même l’ambassadrice des Etats-Unis au Liban, Elizabeth Richard a pris part à cette campagne et a déployé tous ses efforts pour influer sur les termes de sa visite, en délimitant les rendez-vous à fixer, et en imposant certaines restrictions.
Quant bien Mme Gabbard a refusé en vrac toute son ingérence dans son programme, elle a tenté de nouveau en mettant de l’avant la présumée dangerosité de la situation au Liban, proposant que la sénatrice passe ses nuits dans l’ambassade américaine.
Face à un énième refus, la troisième tentative a été confiée aux responsables sécuritaires de l’ambassade, lesquels ont essayé d’imposer des conditions : sur les services sécuritaires libanais qui devraient l’accueillir et l’escorter, em précisant les zones rouges qu’elle ne devrait surtout pas visiter, celles oranges, visitables exclusivement la journée et celles en vert, ouvertes de jour comme de nuit. Des numéros de téléphone ont été donnés aux assistants de Mme Gabbard en cas d’urgence, avec une petite remarque : « nous avons des unités déployés partout au Liban en cas de nécessité ».
En traversant la région du Hezbollah
Arrivée à Beyrouth le 15 janvier dernier, en compagnie de son mari le réalisateur cinématographique d’origine indienne, Abraham Williams et sa délégation , certains de ses assistants l’attendaient à l’aéroport de Beyrouth en compagnie d’une unité du service de sécurité des ambassades, qui fait partie des Forces de sécurité intérieure. De là, elle s’est rendue directement à l’ambassade de Syrie pour obtenir un visas d’entrée dans ce pays. L’ambassadeur en personne l’y attendait et l’a accueilli.
Sur le chemin, et pour atteindre le plus tôt possible l’ambassade, la délégation a du emprunter le chemin le plus court, c’est-à-dire en passant par la banlieue sud de Beyrouth, classée parmi les zones rouges de la liste de l’ambassade américaine.
En voiture, Mme Gabbard a été surprise de savoir qu’il n’y avait pas de bases militaires ni des hommes armés du Hezbollah dans la banlieue.
« Êtes-vous surs que nous traversons la région contrôlée par le Hezbollah », s’était elle alors exclamée.
Dans l’ambassade syrienne, la sénatrice américaine a du refuser une nouvelle tentative d’ingérence de l’ambassadrice américaine qui y a dépêché les « Panthères noires », unité également affiliée aux FSI, mais qui semble lui inspirer plus confiance que l’unité de sécurité des ambassades, jugée sus l’influence du Hezbollah. Elle a aussi demandé à la rencontrer.
Mais toutes ces tentatives se sont avérées vaines. Mme Gabbard s’est obstinée à refuser, allant même jusqu’à exprimer sa volonté que ni la diplomate américaine ni aucun autre fonctionnaire de l’ambassade ne l’accompagnent dans sa tournée.
Elle a finalement eu gain de cause.
Trump sait que l’Arabie et la Turquie ont soutenu les terroristes
Le lundi 16 janvier, elle s’est rendue à Damas où elle a le jour même rencontré le président Assad.
La première chose qu’elle lui a dit en le rencontrant est qu’elle est en visite d’investigation et qu’elle voudrait visiter plusieurs régions syriennes et rencontrer le plus de gens possibles.
« Je voudrais de l’aide pour me fournir des donnés crédibles sur les parties qui soutiennent les groupes terroristes et surtout Daesh… Je voulais venir plus tôt mais mon voyage a été ajourné à la demande du président Trump en personne… Je l’ai rencontré avant de venir vous voir et je porte un message de sa part. Il m’a demandé de vous faire parvenir sa vision et ses idées sur la région. Et il m’a fait une demande directe», a-t-elle affirmé .
Elle a par la suite enchaîné sur ce qu’elle a entendu du président américain, et a répété a plusieurs reprises les critiques de la nouvelle administration américaine à l’encontre de la politique des alliés des Etats-Unis, à commencer par l’Arabie saoudite et en passant par les autres monarchies du Golfe et la Turquie. Elle a rapporté que la priorité absolue de M. Trump revient avant tout à lutter contre Daesh, signalant qu’il admire l’intelligence de la Russie et voudrait édifier une entente avec elle sur la Syrie.
« Il prendra en compte dans son approche du dossier iranien que c’est un Etat qui lutte très sérieusement contre Daesh », a-t-elle aussi indiqué pour le président syrien, lui assurant que le numéro un américain voulait « un changement radical de la politique des Etats-Unis pour la Syrie et la région ».
« Répondrez-vous à l’appel de M. Trump »
Dans la foulée de son intervention, elle demanda subitement à M. Assad : « si le président Trump vous téléphone, répondrez-vous a son appel téléphonique ? »
Il lui a répondu en l’interrogeant à son tour : « est-ce une supposition ou une suggestion »
« Non ce n’est pas une supposition », lui a-t-elle répondu.
Et M. Assad de l’interroger de nouveau : « est-ce une proposition de votre part ? »
Ce à quoi elle lui a rapporté que c’est le président américain qui lui a demandé de lui poser cette question, et lorsqu’elle l’a répétée de nouveau, M. Assad lui a répondu sans hésitation : « Bien entendu. Je lui donnerai même un numéro de téléphone à travers lequel il pourrait me contacter directement ».
A vrai dire, cette réponse directe et rapide du président syrien semble avoir surpris la sénatrice américaine, qui croyait ainsi que l’administration américaine qu’il n’entreprendrait jamais une démarche pareille sans voir consulté au préalable ses alliés russes et iraniens.
Des visites et des rencontres
Après deux heures d’entretien avec le président Assad, Mme Gabbard a rencontré son épouse Mme Asma Assad, puis le mufti syrien cheikh Badreddine Hassoune, puis visité la Grande mosquée de Damas. Elle a aussi eu un entretien avec le patriarche Ignatius Afram puis des hommes d’affaires et des académiciens syriens.
Dans la soirée, elle était invitée à dîner avec la conseillère d’Assad, Mme Bouthayna Chaabane en présence du représentant de la Syrie à l’Onu Bachar al-Jaafari, puis elle a passé sa nuit dans la Maison d’hospitalité du Palais présidentiel.
Le lendemain, elle l’a passé dans la ville d’Alep où elle a rencontré le maire, des députés, des hommes de religion, des citoyens syriens et a visité un camp de déplacées.
En quittant la ville, elle a reçu un appel de la part du chef de l’Etat syrien lui proposant de l’accueillir toute la journée de mercredi, pour lui fournir des documents flagrants sur l’implication directe de personnages sécuritaires américains, qui à la demande de l’ancienne administration, ont soutenu les terroristes en Syrie.
Ce jour-là, elle a rencontré M. Assad à deux reprises et emporté avec elle les pièces de conviction de cette implication qu’elle devrait vérifier une fois de retour aux Etats-Unis.
La dernière embuche de l’ambassade américaine
De retour à Beyrouth, une autre surprise l’y attendait. Voire une autre embuche.
Dans le cadre du programme qu’elle a déterminé elle même, distinctement des programmes observés par les autres visiteurs américains, elle s’était fixé de rencontrer les trois chefs libanais de l’exécutif et du législatif, Mrs Michel Aoun, Saad Hariri et Nabih Berri.
Mais elle n’a pu rencontrer que le chef de l’Etat libanais, alors que les deux autres se sont excusés de la voir. Il s’est avéré là aussi que l’ambassade américaine a interféré, faisant part à toutes les administrations libanaises que la visite n’est pas coordonnée avec le ministère de Affaires étrangères. Elle voulait aussi rencontrer l’ex-président libanais Emile Lahhoud, qui a été banni par les Américains pour ses positions pro résistance. Avant de rentrer, elle a tout de même rencontré le directeur de la Sécurité général le général Abbas , lequel joue un rôle important dans la lutte contre les groupes extrémistes au Liban, et connait parfaitement ce dossier.
Depuis qu’elle est de retour aux Etats-Unis, Mme Gabbard fait l’objet d’une énorme campagne lancée contre elle. Ce qu’elle devait surtout attendre.
Selon Al-Akhbar, en attendant son rendez-vous avec le président américain, elle peaufine son rapport sur son voyage syrien et libanais. Affaire à suivre.