L’Arabie saoudite a limogé samedi deux des principaux collaborateurs du prince héritier Mohammed ben Salmane après avoir admis que le journaliste Jamal Khashoggi avait été tué dans son consulat d’Istanbul.
Le général Ahmed al-Assiri, chef adjoint du renseignement saoudien, et Saoud al-Qahtani, conseiller « médias » à la cour royale, faisaient tous deux partie du cercle rapproché du prince Mohammed Ben Salmane, surnommé MBS. Leur limogeage s’est accompagné de l’arrestation de 18 suspects saoudiens.
Ahmed al-Assiri
Agé d’une soixantaine d’années, le général Assiri était un conseiller de haut rang proche de la cour royale et assistait souvent aux réunions à huis clos du prince héritier avec des dignitaires étrangers en visite dans le royaume.
Avant d’être promu chef adjoint du Renseignement général en 2017, le général Assiri était le porte-parole de la coalition militaire intervenant au Yémen depuis 2015.
Parlant couramment le français, l’anglais et l’arabe, il avait acquis à l’étranger la réputation de harceler les journalistes dont les articles critiquaient les « bavures » saoudiennes au Yémen.
Au printemps 2017, il avait été la cible d’un jet d’œuf lors d’une conférence à Londres et le gouvernement britannique s’était excusé pour cette « agression ».
Le quotidien panarabe à capitaux saoudiens Al-Hayat a qualifié le général Assiri –formé à la prestigieuse école militaire française Saint-Cyr– de « pilote saoudien le plus connu au monde ».
Avant son limogeage samedi, le New York Times avait rapporté que l’Arabie saoudite attribuerait la responsabilité de la disparition de Khashoggi au général Assiri pour tenter de dédouaner MBS.
Saoud al-Qahtani
Homme-clé de l’entourage du prince héritier, Saoud al-Qahtani était jusqu’à samedi conseiller « médias » à la cour royale. Il a organisé des interviews avec MBS pour des journalistes étrangers et a également dirigé le « Centre d’études et d’affaires médiatiques », une unité opérant au sein de la cour royale.
Selon des sources saoudiennes, M. Qahtani, 40 ans, a animé des campagnes de propagande en ligne contre les adversaires du royaume, comme le Qatar et l’Iran.
Avec 1,3 million d’adeptes sur Twitter, ce haut responsable était connu pour ses messages hostiles aux dissidents et à ses rivaux.
Dans un article paru dans le Washington Post au début de l’année, Jamal Khashoggi affirmait que Qahtani entretenait une « liste noire » pour les journalistes critiques du royaume et qu’il était connu pour les intimider.
Dans une interview posthume publiée vendredi par le magazine Newsweek, Khashoggi a qualifié M. Qahtani et un autre haut responsable saoudien, Turki al-Cheikh, de « voyous ».
« Les gens les craignent. Vous les défiez, vous risquez de finir en prison, et c’est ce qui s’est passé », a déclaré feu Jamal Khashoggi.
Il a qualifié M. Qahtani d' »homme le plus important dans les médias », affirmant qu’il contrôlait les activités de relations publiques du gouvernement saoudien.
L’an dernier, M. Qahtani a écrit sur Twitter: « Je ne fais rien de mon propre chef, sans des ordres. Je suis l’employé et l’exécuteur de mon roi et de mon prince héritier ».
Source: AFP