Donald Trump a menacé vendredi de fermer la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique si les démocrates n’acceptaient pas de financer la construction d’un mur, durcissant le bras de fer qui provoque la paralysie partielle des administrations américaines, ou « shutdown », sans issue en vue avant 2019.
« Nous allons être contraints de fermer la Frontière Sud complètement si les Démocrates Obstructionnistes ne nous donnent pas l’argent pour terminer le mur », a tweeté le président américain au septième jour du « shutdown ».
Pour Donald Trump, une telle fermeture serait « rentable » car les Etats-Unis perdent de « l’argent en faisant du commerce avec le Mexique avec l’Aléna ».
Le milliardaire républicain dénonce régulièrement l’Accord de libre-échange nord-américain (Aléna) qui lie le Canada, le Mexique et les Etats-Unis. Un nouvel accord visant à le remplacer a été signé fin novembre mais doit encore être ratifié.
Le président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador a préféré vendredi ne pas réagir à ces nouvelles menaces. « Nous ne voulons pas être imprudents, nous n’estimons pas devoir participer à ce débat », a-t-il déclaré.
Dans la même avalanche de tweets, Donald Trump a affirmé s’apprêter à « supprimer toutes les aides » destinées au Honduras, au Guatemala et au Salvador, pays rongés par la pauvreté et la criminalité d’où viennent de nombreux candidats à l’immigration aux Etats-Unis. En octobre, Donald Trump avait annoncé une réduction immédiate des aides à ces trois pays.
Impasse
Le président a fait de la construction d’un mur sur les plus de 3.000 kilomètres de frontière avec le Mexique l’une de ses priorités pour endiguer l’immigration clandestine.
Il exige pour cela cinq milliards de dollars, sans quoi il ne signera pas les lois de financement de 25% des administrations fédérales, paralysées depuis le 22 décembre à minuit.
Les démocrates ne veulent pas en entendre parler, mais ont proposé plus d’un milliard pour des mesures de sécurité à la frontière.
L’impasse budgétaire semble partie pour durer.
« Les démocrates ont tout simplement clos les discussions », a affirmé Mick Mulvaney, prochain chef de cabinet de Donald Trump, vendredi sur Fox News.
Après avoir renoncé à se rendre dans sa luxueuse demeure de Floride pour Noël, le président « a annulé ses projets pour le Nouvel an », a-t-il précisé.
En face, les chefs démocrates sont silencieux depuis Noël, lorsqu’ils ont accusé la Maison Blanche de présenter des demandes fluctuantes qui rendent impossible toute négociation.
La balle est dans le camp du Sénat, qui reprendra l’examen d’une loi budgétaire mercredi 2 janvier à partir de 16h00 (21H00 GMT).
Les républicains ont 51 sièges au Sénat mais il en faut 60 pour l’adoption de ce texte. A partir du 3 janvier, ils renforceront leur majorité (53) à la chambre haute mais passeront dans la minorité à la Chambre des représentants.
Ce « shutdown » est le troisième de l’année, après janvier (trois jours) et février (quelques heures). Le précédent, en octobre 2013, avait duré 16 jours.
Le record, de 21 jours, remonte à 1995-96.
« Temps difficiles »
Le « shutdown » n’est que partiel car républicains et démocrates avaient pris soin d’approuver dès l’automne le budget de 75% des administrations, dont des ministères cruciaux comme la défense.
Mais les conséquences n’en sont pas moins vives pour les 800.000 employés affectés.
Beaucoup recevront d’ici le 31 un premier salaire intégral, puisqu’il porte sur la période ayant précédé le « shutdown ».
Mais ceux dont ce n’est pas le cas, comme les plus de 40.000 garde-côtes, risquent de devoir attendre plusieurs jours, voire des semaines.
Pour tous, l’angoisse ira en grandissant à chaque jour qui passe.
Pour les aider, le bureau chargé des ressources humaines du gouvernement fédéral a présenté sur internet des exemples de lettres pour négocier des reports de paiements.
Les contractuels, notamment le personnel chargé du nettoyage ou des cantines, devraient eux perdre les revenus de ces jours de chômage forcé.
Donald Trump a ironisé sur le fait que les démocrates avaient le plus à perdre dans ce bras de fer, puisque la plupart « des gens qui ne sont pas payés » à cause du « shutdown » votent pour eux.
Mais Kevin, un employé fédéral au chômage forcé qui se définit comme un démocrate modéré, n’en veut pas aux démocrates, explique-t-il à l’AFP. « J’en veux au parti républicain qui ne s’oppose pas à cet égocentrique parce qu’ils ont peur d’une partie de leur base ».
Source: AFP