Constat préliminaire : chaque fois que Damas réalise des avancées militaires, les Américains sont plus enclins à consentir de conclure un accord avec les Russes.
Il en a été ainsi le mois de février dernier. Et ce vendredi 9 septembre de même. Dans les deux cas, la bataille d’Alep a été la clé de voûte. Pendant les jours qui l’on précédé, l’armée syrienne et ses alliés avaient réduit à néant les conquêtes réalisées par les milices et tiennent désormais cette ville en laisse, assiégeant hermétiquement ses quartiers occupés par les insurgés.
Or, il a fallu tout de même 14 heures de pourparlers, une durée record selon les observateurs, pour que les deux chefs de la diplomatie russe et américaine parviennent à s’entendre sur la voie à suivre en vue de la résolution de la crise syrienne.
Le Nosra contre Alep
La conclusion essentielle qui en découle est que Washington est disposé à livrer à Moscou la tête du front al-Nosra, en dépit du changement de nom (front Fateh al-Sham) qu’il a opéré et de son annonce ,du moins verbale, de rompre son lien organisationnel avec al-Qaïda.
En échange de quoi elle exige un arrêt des hostilités à Alep et le gel de la situation. John Kerry a également insisté sur l’ouverture d’un accès vers les quartiers est de la ville occupés par les insurgés, à travers la route Castello et dont la récupération par l’armée syrienne a été un coup décisif contre les insurgés et les forces de l’opposition pro occindentales.
Cette trêve devrait entrer en vigueur dès le premier jour de la fête de l’Aïd al-Adha, soit le 12 septembre prochain.
En échange de quoi elle exige un arrêt des hostilités à Alep et le gel de la situation. John Kerry a également insisté sur l’ouverture d’un accès vers les quartiers est de la ville occupés par les insurgés, à travers la route Castello.
Cette trêve devrait entrer en vigueur dès le premier jour de la fête de l’Aïd al-Adha, qui aura lieu le 12 septembre.
Opérations conjointes, sans l’aviation syrienne
Deuxièmement, Washington accepte de mener des opérations conjointes et de coordonner les frappes aériennes dans certaines régions, à condition d’interdire à l’aviation syrienne de survoler les zones qui seront le théâtre d’opérations conjointes entre les Russes et les Américains.
« Nous nous sommes entendus sur les régions dans lesquelles nous effectuerons des frappes aériennes. En accord avec les dirigeants syriens, seules les Forces aérospatiales russes et la Force aérienne des Etats-Unis auront le droit de travailler dans ces régions. En ce qui concerne les Forces armées syriennes, elles opéreront dans d’autres régions non concernées par la coopération russo-américaine », a expliqué le ministre russe des Affaires étrangères lors d’une conférence de presse à l’issue de sa rencontre avec John Kerry.
Plus d’une fois, Lavrov a tenu à rappeler que les clauses de l’accord consenties par Moscou avaient été au préalable admises par le gouvernement syrien.
Les militaires des deux pays vont ainsi partager des informations sur les frappes aériennes, dirigées contre Daesh et le front al-Nosra (rebaptisé front Fateh al-Sham) ce que les Etats-Unis avaient longtemps refusé. Un centre conjoint créé à ces fins se chargera également de différencier l’opposition modérée des terroristes, a précisé M. Lavrov.
Le si de Kerry pour la coopération militaire
Mais cette coopération, réclamée de longue date par Moscou et rejetée par Washington, passe par une autre condition réclamée par les Américains.
Si la trêve dure « une semaine », les forces américaines accepteront de collaborer en Syrie avec l’armée russe, a expliqué Kerry.
Les engagements inscrits dans l’accord « doivent être totalement respectés avant toute coopération militaire potentielle », a tenu à souligner le Pentagone dans un communiqué.
Les réserves de Lavrov sur le processus politique
Dans ses déclarations, Kerry a tenu à lier ces acceptations américaines au processus politique. « Les Etats-Unis acceptent de faire un pas supplémentaire car nous pensons que la Russie et mon collègue ont la capacité de faire pression sur le régime Assad pour mettre fin à ce conflit et venir à la table des négociations », a-t-il indiqué.
Ce à quoi Lavrov aussi a émis des réserves, indiquant que le plan russo-américain « permet de mettre en place une coordination efficace pour lutter contre le terrorisme, avant tout à Alep, et permet de renforcer le cessez-le-feu. Tout cela crée les conditions pour un retour au processus politique ».
Et le chef de la diplomatie russe de reconnaitre qu’il n’est pas en mesure de garantir « à 100% » sa réussite.
Source: Divers