L’Arabie saoudite semble vouloir grossir le flot des réfugiés syriens au Liban. Selon le journal libanais al-Akhbar, elle a proposé d’envoyer au pays du Cèdre ses résidents syriens condamnés du droit commun. Ceci a eu lieu le 10 mars derniers, à Riyad, lors d’une rencontre bilatérale de la Commission économique technique, destinée à activer les relations libano-saoudienne.
« Elle était destinée à résoudre les problèmes liés à la crise syrienne au dépens du Liban », estime al-Akhbar.
La proposition a été faite en dehors du calendrier prévu d’avance, ce qui a pris la délégation libanaise à l’improviste. Les Saoudiens voulaient lui ajouter une clause sur l’exclusion des Syriens condamnés via le Liban.
En réponse, la cheffe de la délégation libanaise et la directrice générale au Ministère de l’Economie Aliah Abbas a rejeté de la négocier au motif que la demande ne figure pas dans le calendrier et qu’elle n’a pas été mandatée pour le faire.
Selon al-Akhbar, l’Arabie semble manifestement vouloir susciter un nouveau problème au Liban.
« Premièrement, elle sait très bien que l’envoi des condamnés syriens au Liban n’oblige pas la Syrie à les rapatrier. Deuxièmement, si la Syrie avait admis leur retour, l’Arabie n’aurait pas demandé de les faire passer par le Liban. Elle aurait choisi le chemin le plus court en les envoyant via la Jordanie qui a de frontières communes aussi bien avec l’Arabie qu’avec la Syrie », explique le journal.
Quoiqu’il est encore trop tôt pour conclure que l’Arabie a renoncé a son projet, force est de constater que sa suggestion intervient alors que les puissances occidentales continuent d’œuvrer pour faire perdurer la présence des réfugiés syriens au Liban.
Durant la rencontre de Bruxelles, « Soutien à l’avenir de la Syrie et de la région », organisée conjointement par l’UE et l’ONU le 14 mars, les tentatives d’amadouer les responsables libanais via les promesses alléchantes de l’aide financière étaient frappantes. Ignorant les appels de M. Hariri selon lequel «la meilleure solution pour la crise des réfugiés syriens consiste dans leur retour sécurisé vers leur pays tout en respectant les lois internationales ».
Plus est-il que dans son allocution, ce dernier a affiché des positions contradictoires, lorsqu’il a préconisé une solution décalée du problème, en réclamant de « faire pression sur le régime en Syrie, pour permettre le retour des déplacés ». Damas n’ayant jamais rejeté leur rapatriement. Des doutes ont plané sur ses intentions du moment qu’il a refusé d’emmener avec lui le ministre des Affaires des réfugiés, Saleh al-Garib, un proche du camp du 8-mars.
D’ailleurs, les observateurs ont jugé que les réticences exprimées par le chef du cabinet libanais à Bruxelles n’étaient pas assez fermes. Il ne s’y est pas attardé et a enchainé en réclamant des fonds supplémentaires et critiquant le manquement de certains états à payer leur cotisation pour les dons contractés en 2018.
Sur les 2,6 milliards de dollars qui auraient dû être accordés, seuls 1,2 lui sont parvenus en 2018. Et pour l’an 2019, on ne sait toujours pas la part du Liban de la somme des 7 milliards alloués aux 5,6 millions de Syriens réfugiés dans les différents pays de la région.
Au Liban, c’est le ministre des Affaires étrangères et chef du Courant patriotique libre (CPL) Joubrane Bassil qui a donné la bonne réponse à la rencontre de Bruxelles.
Durant le Dîner annuel du CPL, il a révélé les dessous de ce qui se prépare : « de grands Etats font pression pour empêcher le retour des réfugiés syriens vers leur pays. Je n’étais pas présent à la conférence des réfugiés de Bruxelles, parce que ce genre de conférences veut financer leur maintien sur place. Alors que nous voulons tout simplement qu’elle finance leur retour chez eux », a-t-il souligné.
Cette position, certes réitérée sans répit à Beyrouth, et devant chaque hôte occidental visitant le Liban, n’empêche pas les puissances occidentales de passer outre. Avec la complicité du double jeu de certains acteurs internes…