La Turquie pourrait avancer la date de livraison du système de défense antiaérienne et antimissiles russe S-400, prévue en juillet, malgré les vigoureuses objections de Washington, a déclaré le président Recep Tayyip Erdogan selon des propos rapportés mercredi.
« Le système de défense S-400 devait être livré en juillet, mais cela pourrait être avancé », a déclaré M. Erdogan à des journalistes à bord de l’avion qui l’a ramené d’une visite à Moscou lundi soir.
« Cette mesure que nous avons prise pour la sécurité de notre pays ne vise pas un pays tiers et ne cède pas nos droits souverains à des pays tiers », a-t-il ajouté, selon des propos publiés dans la presse mercredi.
Erdogan était à Moscou lundi pour s’entretenir avec son homologue russe Vladimir Poutine, notamment de la livraison des S-400.
Washington a sommé la Turquie de choisir entre le système de défense russe et les avions de chasse américains F-35, que la Turquie souhaite également acquérir à 100 exemplaires.
Les Etats-Unis ont suspendu début avril les livraisons d’équipements au sol liés à l’usage du F-35, un appareil conçu pour communiquer en temps réel avec les systèmes militaires de l’Otan, dont ceux de défense antimissiles.
Les Etats-Unis craignent en effet que la technologie dont sont dotées les batteries S-400 ne serve à collecter des données technologiques sur les avions militaires de l’Otan, dont est membre Ankara, et que la Russie puisse ainsi y accéder.
Washington a notamment proposé à Ankara des missiles américains Patriot en guise de solution alternative aux S-400, mais le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu, qui s’est rendu aux Etats-Unis la semaine dernière, a affirmé mercredi que cet accord n’était pas encore garanti.
S’exprimant lors d’une interview à la chaîne privée NTV, il a ajouté: « Nous n’avons pas besoin que d’un S-400, nous allons avoir besoin d’autres systèmes de défense ».
« Si les Etats-Unis ne veulent pas vendre les Patriot, demain nous pouvons prendre un deuxième S-400, ou un autre système de défense », a-t-il déclaré.
Réagissant à cette déclaration, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a déclaré que la Russie était « ouverte » à l’idée d’une nouvelle vente éventuelle de S-400 à la Turquie.
« La réalisation d’une coopération (militaire et technique) illustre le niveau de développement de relations bilatérales, et cela s’applique également pour la Turquie », a-t-il déclaré à la presse.
« La Russie possède les capacités appropriées, les compétences technologiques. Et bien sûr la Russie cherche des opportunités pour étendre sa coopération militaire et technique. C’est un processus tout à fait normal », a-t-il ajouté.
Source: AFP