Vladimir Poutine et Kim Jong-un ont discuté en tête-à-tête pendant deux heures, jeudi 25 avril à Vladivostok, abordant les perspectives des relations entre la Russie et la Corée du Nord, mais aussi le règlement de la situation sur la péninsule coréenne. Sputnik s’en est entretenu avec plusieurs analystes russes.
Il est difficile pour le moment de parler de l’effet qu’aura, sur les relations entre Moscou et Washington, la visite du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un à Vladivostok, mais un fait est d’ores et déjà évident, a déclaré à Sputnik Konstantine Asmolov, du Centre d’études coréennes de l’Institut d’études de l’Extrême-Orient de l’Académie des sciences de Russie.
«La rencontre entre Vladimir Poutine et Kim Jong-un a duré deux fois plus longtemps que prévu. Cela témoigne de ce que leur discussion en tête-à-tête les intéressait mutuellement, et que le contact est passé», a expliqué l’expert.
Parallèlement, Moscou mène un dialogue intense sur le problème nord-coréen avec les États-Unis, qui écoutent attentivement l’opinion de la Russie, a rappelé à Sputnik Georgi Toloraïa, directeur des programmes coréens à l’Institut de l’économie de l’Académie des sciences de Russie.
«À présent, la Russie manifeste aux États-Unis sa volonté constructive de s’impliquer dans la dénucléarisation de la péninsule coréenne. Le principal message de la rencontre [à Vladivostok, ndlr], c’est un appel voilé de Moscou à la poursuite du dialogue entre Kim Jong-un et Trump. On comprend que Pyongyang veut des garanties pour sa sécurité ultérieure et sa souveraineté. Moscou estime que ces garanties ne doivent pas être unilatérales, données par n’importe quel pays, mais exclusivement internationales», a relevé l’analyste.
Alexandre Vorontsov, de l’Institut d’études orientales de l’Académie des sciences de Russie, partage ce point de vue.
«Nul doute que sur la péninsule coréenne, les objectifs de Moscou et de Washington coïncident, mais il n’y a toujours pas d’approches pour les obtenir. Les États-Unis insistent toujours sur le maintien des sanctions, estimant qu’elles seules ont contraint Pyongyang à s’engager dans le dialogue. Néanmoins, la Russie et la Chine prônent l’affaiblissement des sanctions, indiquant que celles-ci ont déjà rempli leur fonction. La situation sur la péninsule coréenne s’est substantiellement assainie, Pyongyang respectant pratiquement depuis plus d’une année le moratoire sur les essais nucléaires et balistiques», a détaillé le chercheur.
La présente rencontre russo-nord-coréenne a été la première à ce niveau entre les deux pays depuis celle de 2011 entre l’ex-Président Dmitri Medvedev et Kim Jong-il. Ces pourparlers interviennent à un moment où les négociations entre la Corée du Nord et les États-Unis, entamées après le sommet entre Kim Jong-un et Donald Trump en juin dernier, semblent être dans une impasse.
En 2018, le chef de l’État russe a proposé au dirigeant nord-coréen de venir en Russie quand cela lui conviendrait. Le dirigeant nord-coréen était supposé venir à Vladivostok en septembre, au moment du Forum économique oriental. Mais cette visite n’a finalement pas eu lieu.
Mercredi 24 avril, le Kremlin a estimé que les pourparlers à six —lancés il y a plus de 15 ans et aujourd’hui au point mort- étaient le meilleur moyen de travailler à la dénucléarisation de la péninsule coréenne. Ces discussions réunissaient, outre les deux Corées, les États-Unis, la Chine, la Russie et le Japon.
Source: Sputnik