À travers sa présence en Irak, la Russie cherche à faire d’une pierre deux coups : juguler l’influence américaine dans la région et renforcer la sienne.
La Russie cherche une présence en Irak similaire à celle qu’elle a en Syrie et pour y parvenir, Moscou pense surtout aux coopérations économiques, industrielles et commerciales avec Bagdad, écrit le site d’information Al-Monitor, dans un article publié le dimanche 19 mai.
Lors d’une rencontre avec le Premier ministre irakien, Adel Abdel Mahdi, le vice-Premier ministre russe, Iouri Borissov, a affirmé que le nombre d’entreprises russes en Irak était en hausse. Les dires du directeur du Centre irakien pour pensées politiques, Ihsan al-Shammari, confirment cet avis.
Il a déclaré à Al-Monitor que « la Russie s’efforce de concurrencer les firmes multinationales actives au centre et dans le sud de l’Irak, en particulier dans le domaine de l’énergie ».
« La Russie veut également concurrencer les entreprises américaines opérant en Irak et de nombreux investisseurs russes ont commencé à faire leur entrée sur le marché irakien au cours de ces derniers mois », a-t-il ajouté.
« Moscou envisage une entrée en puissance dans l’économie irakienne afin d’attirer Bagdad dans l’axe politique russo-chinois », a-t-il poursuivi.
Le 25 avril, la Russie a ouvert un bureau économique au sein de son ambassade à Bagdad, ce qui prouve qu’elle travaille à renforcer sa présence économique en Irak. Cette mesure montre également que les Russes ont un plan particulier visant à s’approprier une partie du marché irakien.
Lukoil cherche à augmenter ses investissements en Irak de 8 milliards à 45 milliards de dollars et c’est là l’un des signes de la croissance de l’activité économique russe en Irak.
Pour sa part, dans les coopérations économiques avec la Russie, l’Irak voit une opportunité pour établir un partenariat stratégique avec un grand pays, d’autant plus qu’il est plus facile, pour l’Irak, de faire du commerce avec la Russie qu’avec les États-Unis ou d’autres pays occidentaux, ajoute Al-Monitor.
Les officiels russes ont intensifié ces derniers mois leurs visites en Irak. À titre d’exemple, l’envoyé spécial du président russe pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, Mikhail Bogdanov, s’est rendu en Irak à trois reprises depuis qu’Adel Abdel Mahdi est devenu en octobre 2018 le Premier ministre du pays.
Ces visites soulèvent des questions quant au fait de savoir si la Russie cherche à concurrencer les États-Unis et à acquérir une influence politique en Irak.
Le professeur de sciences politiques à l’université de Bagdad, Adel Badawi, a lui aussi déclaré à Al-Monitor que certaines parties en Irak préfèraient que ce pays opte pour un rapprochement avec la Russie, en prenant ses distances avec les États-Unis. Et cette approche pourrait se concrétiser soit par la signature des accords d’armements avec la Russie, soit en faisant de la Russie un partenaire politique clé en Irak.
Le 25 avril, l’Irak et la Russie ont signé 16 accords sur le commerce, l’énergie, l’économie, les télécommunications, la technologie, les transports, l’agriculture, la construction, le tourisme et la culture, etc…, rappelle Al-Monitor.
À ce sujet, l’écrivain russe, Andrei Ontkov, a déclaré à Al-Monitor : « La Russie est très intéressée par l’Irak et cherche à approfondir sa coopération avec ce pays. À l’heure actuelle, nous sommes témoins de relations des plus étroites entre les deux pays et je suis convaincu que les coopérations économiques, politiques, sécuritaires et militaires entre les deux pays offrent une perspective prometteuse ».
De son côté, l’Irak cherche à tirer profit de « l’expertise » russe dans les domaines de l’économie, de l’industrie, de l’agriculture ainsi que dans les domaines militaire, énergétique et surtout pétrolier, à un moment où la Russie dit ne pas avoir l’intention d’arrêter les investissements qu’elle a entrepris dans le cadre de sa stratégie. Preuve en est que de multiples accords ont été récemment signés avec le gouvernement irakien.
Grâce à sa présence économique en Irak, la Russie tente de faire d’une pierre deux coups. D’une part, elle veut limiter l’influence des États-Unis en Irak et d’autre part, elle essaie de renforcer son influence au Moyen-Orient, vers lequel semble se pencher particulièrement le président russe, Vladimir Poutine.
Source: PressTV