Le 13 mai, une fuite dans le New York Times déclenchait la menace d’envoyer des « troupes contre l’Iran » :
L’armée américaine étudie un plan de déploiement de 120 000 soldats au Moyen-Orient alors que les tensions avec l’Iran s’intensifient – NYT/Business Insider, 13 mai.
Le 14 mai, nous écrivions : Le déploiement de 120 000 soldats est la troisième option. Ce nombre est trop élevé pour une attaque aérienne et maritime et trop faible pour une attaque terrestre, c’est-à-dire une invasion de l’Iran. La publication d’une troisième option est probablement faite pour lutter contre une telle décision.
À partir de là, des chiffres différents ont fait la une des journaux :
Trump nie l’intention des États-Unis d’envoyer 120 000 soldats pour contrer la menace iranienne – Reuters, 14 mai
Trump dit qu’il enverrait « beaucoup plus » que 120 000 soldats pour combattre l’Iran, si nécessaire – Business Insider, 14 mai.
Le Pentagone réfléchit à une demande faite à l’armée d’envoyer 5.000 soldats au Moyen-Orient – Reuters, 23 mai
Trump : il n’y a pas de plan maintenant pour envoyer d’autres troupes confronter l’Iran – Washington Times, le 23 mai
Le plan du Pentagone d’envoyer jusqu’à 10 000 soldats au Moyen-Orient concerne l’Iran – Vox, le 23 mai.
Des responsables américains : Le plan pourrait être d’envoyer jusqu’à 10 000 soldats au Moyen-Orient – Associated Press, 24 mai
Finalement, Trump a sorti un chiffre réaliste :
Trump dit que les États-Unis doivent envoyer 1 500 soldats de plus au Moyen-Orient – Associated Press, 25 mai
Malheureusement, ce n’est toujours pas le bon chiffre. Le voici :
Le secrétaire à la défense par intérim, M. Pat Shanahan, a informé le Congrès vendredi qu’il avait autorisé le Commandement central des États-Unis à envoyer des forces supplémentaires – un escadron de chasseurs à réaction de l’armée de l’air, une équipe du génie et une combinaison de moyens de renseignement, de surveillance et de reconnaissance avec et sans équipage – au Moyen-Orient, a-t-il dit dans un communiqué. Le Pentagone va également prolonger le déploiement de quelque 600 soldats d’un bataillon de missiles Patriot déjà en service dans la région.
Il semble y avoir eu une petite guerre entre John Bolton, le conseiller à la sécurité nationale de Trump, et le département d’État ou le Pentagone. Bolton aspire ardemment à sa guerre contre l’Iran et l’envoi de beaucoup de troupes permettrait éventuellement d’y parvenir. Le département d’État et le Pentagone veulent empêcher cette catastrophe de se produire et ont préféré n’en envoyer aucune. Trump a fini par accepter un nombre minimum.
Il y a au total plus de 20 000 soldats américains basés dans différents pays du Moyen-Orient. Les 900 envoyés en supplément ne feront aucune différence.
La stupidité de tout cela a été bien saisie par le site satirique allemand Der Postillon. Le 16 mai, il avait en gros titre : Les États Unis sonnent l’alarme : «L’Iran rapproche de plus en plus son pays de nos troupes ! »
Les relations entre Washington et Téhéran continuent de se tendre. Aujourd’hui, les États-Unis accusent l’Iran de rapprocher toujours plus ses frontières des troupes américaines. Une partie des soldats américains sont quasiment à portée de tir.
« L’Iran utilise son territoire pour harceler nos troupes déployées pacifiquement », a déclaré John Bolton. « Certaines frontières du pays s’approchent dangereusement de nos soldats – presque à portée de tir, l’Iran doit cesser cela tout de suite ! »
Les États-Unis ont menacé de mobiliser leurs troupes. Bolton : « Nous sommes une nation pacifique, mais si l’Iran ose laisser ses frontières monter sur les pieds de nos soldats, cela signifiera inévitablement la guerre ! »
Cinq jours après, Reuters convertissait la satire en nouvelle :
L’avancée de l’Iran met les forces américaines et alliées à portée de frappe.
Bien sûr, c’est la faute de l’Iran qui s’est trop avancé…
Sources : Moon of Alabama ; le Saker Francophone