Après une série d’analyses pour décoder l’initiative américaine du « Deal du siècle », tout porte à croire que ce projet échouera et que son échec ne restera pas sans conséquence.
Dans ce droit fil, Amin Hoteit, expert et analyste libanais, a écrit un article qui a été publié sur l’édition électronique du journal libanais Al-Binaa.
« Certains, surtout ceux qui croient que les décisions de la Maison-Blanche ressemblent à un destin irréversible, pensent que le Deal du siècle aboutira à la marginalisation de la partie palestinienne. Pour eux, il est inutile de vouloir neutraliser le Deal du siècle alors que la volonté du peuple palestinien est plus forte que toute autre décision. Ils ont apparemment oublié que toutes les tentatives des ennemis, pendant les 70 dernières années, pour occuper la Palestine, sont restées stériles et que la cause palestinienne reste gravée dans le mémoire des nations arabo-islamiques. Là, il ne faut pas toutefois fermer les yeux sur les actes de trahison de certains pays arabes ainsi que sur leur soutien à l’ennemi israélien et aux États-Unis. Depuis l’élection de Donald Trump, les Américains évoquent de plus en plus le Deal du siècle et la marginalisation de la partie palestinienne via cet accord.
En effet, c’est par ce projet que les États-Unis entendent offrir la Palestine en pâture au régime israélien. Le Deal du siècle prévoit, entre autres, le départ des Palestiniens et leur réinstallation dans la péninsule du Sinaï, en Jordanie et au Liban ainsi que la mise en place d’un système étant sous la direction politique, économique et sécuritaire d’Israël, et sous l’égide des États-Unis.
Face à la cause palestinienne, Washington projette de démembrer graduellement les territoires palestiniens et de retirer ensuite le terme “occupés” de l’expression “territoires occupés”. C’est dans ce cadre que s’inscrit la Conférence de Bahreïn. »
L’expert libanais a ensuite énuméré les raisons pour lesquelles le Deal du siècle est voué à l’échec.
- Les Palestiniens restent unanimement attachés à leurs droits nationaux sous toute leur forme, dont le droit au rapatriement, le droit à l’autodétermination et le droit de fonder un État indépendant palestinien.
- Il est vrai que les États-Unis n’ont pas du mal à manipuler les résolutions des Nations unies et du Conseil de sécurité, mais le droit de veto de la Chine et de la Russie les empêche en quelque sorte de faire tout ce qu’ils veulent. La Russie et la Chine n’acceptent pas la manipulation des lois internationales au détriment de la cause palestinienne, ce qui signifie un grand « non » au Deal du siècle. Les Européens, eux aussi, pour la plupart, sont pour le respect des lois internationales à ce propos. Leur position se résume en une phrase : « Nous n’acceptons pas ce que les Palestiniens n’acceptent pas. » Voilà un obstacle majeur à la mise en application du Deal du siècle !
- Le projet du Deal du siècle a été élaboré par le président américain Donald Trump, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane ; ces trois personnalités vivent actuellement une situation périlleuse qui ne leur permet pas d’exécuter de grands projets stratégiques tels que le Deal du siècle. Donald Trump est à l’approche des élections présidentielles et brigue un autre mandat. Benjamin Netanyahu est empêtré dans un scrutin aux résultats ambigus et Ben Salmane s’enlise dans une guerre, au Yémen, aux conséquences désastreuses pour l’Arabie saoudite.
- En Syrie, l’ennemi est en position de faiblesse. Les Syriens ont finalement réussi à rétablir la stabilité à Idlib et à conduire dans l’impasse la stratégie américaine. Aucun plan ne sera mis en œuvre dans la région sans la signature syrienne et Damas rejette catégoriquement le Deal du siècle.
- La puissance croissante de l’axe de la Résistance et le développement de ses capacités militaires et politiques assurent d’une part le retour de certains groupes palestiniens qui s’étaient démarqués, à tort, de la Résistance, et d’autre part un soutien appuyé à l’unité du peuple palestinien qui rejette sans la moindre hésitation le Deal du siècle.
- L’Égypte et la Jordanie, bien qu’elles soient capables de soutenir le Deal du siècle, refusent de le faire. Les parrains du Deal du siècle ont demandé à l’Égypte d’ouvrir les portes du Sinaï aux Palestiniens et à la Jordanie de jouer à une patrie remplaçante pour le peuple palestinien. Des demandes qui ont été rejetées par les deux pays.
Tous ces facteurs portent à croire que les États-Unis et leurs alliés ne pourront probablement pas mettre en œuvre leur plan, dont l’échec sera suivi des conséquences suivantes :
La Jordanie sera obligée de réviser plusieurs de ses positions et politiques intérieures et extérieures.
L’Occident sera contraint de revoir ses politiques quant à l’hébergement des Palestiniens au Liban.
La Syrie aura l’occasion de neutraliser le plan américain pour faire durer la guerre.
La Palestine pourra mobiliser les différents groupes concernant les dossiers de l’annexion de la Cisjordanie et le plan d’émigration forcée des Palestiniens.
Source: PressTV