En ces jours fatidiques de la libération en l’an 2000, la résistance se préoccupait entre autre du sort des détenus libanais dans la prison de Khiam. Cette localité du sud-Liban était sous occupation depuis 1979. Le camp de détention qui y a été établie à partir de 1985 était géré par les collaborateurs de l’entité sioniste, l’Armée du Liban-Sud que les habitants appelaient la milice lahdéenne.
Pendant 15 ans, 1.500 prisonniers y ont été incarcérés, des Libanais dans leur majeure partie. Dont 500 femmes. Et 16 d’entre eux y ont succombé sous la torture.
« Pour nous la question des détenus était sensible et centrale. Nous craignions l’éventualité que les israéliens ne parviennent à les prendre avec eux en Palestine occupée », relate haj Yasser, un résistant qui a vécu ces jours, dans une interview avec le site al-Ahed news.
Ces craintes étaient d’autant plus justifiées qu’ils avaient essayé de les emmener vers la caserne de Marjeyoune, également gérée par les collaborateurs.
« Les premiers résistants sont entrés dans cette région depuis plusieurs régions, le 23 mai. Les soldats israéliens se trouvaient encore dans la position al-Charikat et la caserne de Marjeyoune. Ils étaient en état de panique. Leurs chars étaient toujours là. Vers une heure du matin, ils se sont retirés et leur aviation a entièrement détruit al-Charikat », poursuit Haj Yasser.
Dans le camp de Khiam, il ne leur était plus possible de transférer les prisonniers libanais, d’autant que les habitants avaient aussi investi la localité. Les collaborateurs libanais ont vite pris la fuite ou se sont rendus.
« Ce sont les habitants des détenus et de Khiam qui ont empêché de les israéliens de réaliser leur plan », explique le résistant.
Lorsqu’ils sont entrés dans le camp, les prisonniers étaient dans leurs cellules. Ils ne savaient pas ce qu’il se passait à l’extérieur. En entendant les cris d’Allahou Akbar, ils ont dans un premier moment cru qu’il s’agissait d’un piège pour les amener à sortir et justifier leur exécution. Ils n’osaient pas sortir de leur cellule. Surtout que nombre d’entre eux ne connaissait pas les gens venus les libérer.
« On a dû téléphoner à leurs proches pour qu’ils soient persuadés qu’ils sont bel et bien libres », confie haj Yasser.