Le journaliste palestinien Alif Sabbagh est retourné sur l’explosion meurtrière du port de Beyrouth du 4 août dernier, dont les causes réelles n’ont pas encore été élucidées, malgré la participation dans l’enquête des agents du FBI, et des agents français, britanniques, allemands et espagnols.
Dans un article publié par le site web de la télévision libanaise d’informations al-Mayadeen Tv, il s’est arrêté sur un reportage israélien publié le 13/8/2020 en hébreu et en anglais dans le magazine Israel Defence intitulé « Le Big Bang à Beyrouth a été précédé de 6 explosions avec un décalage horaire similaire ».
Selon lui, le rapport a été résumé par Amir Zafafort, un journaliste spécialisé dans les affaires militaires. Mais ses auteurs sont un groupe d’experts en géophysique, qui l’ont préparé en coopération avec le groupe d’ingénierie israélien Tamar.
Ce groupe a été mis en place par l’officier de l’unité du génie de l’armée israélienne, Boaz Hayoun. Celui-ci travaille depuis des décennies dans le domaine des explosions contrôlées et dans la détection de matières explosives dans différents aéroports du monde.
M. Sabbagh souligne que le rapport a été préparé sur la base des informations recueillies par ces experts sur les écrans de radars ou de capteurs sismologiques situés en Méditerranée et ailleurs. Ces informations et analyses ont été transmises aux niveaux politique et sécuritaire israélien avant leur publication.
Selon lui, le rapport cite entre autres:
« Le tournant dramatique pour comprendre la tragédie a commencé par une enquête sismologique, et avec les informations sismologiques recueillies par les experts de ce groupe sur les écrans radar répartis à travers le Moyen-Orient.
Il s’est avéré que les instituts sismologiques israéliens, loin des lieux de l’accident, ont capté les répercussions au sol, créées par la grande explosion du dépôt du nitrate d’ammoniac à Beyrouth. Cela équivalait à un petit tremblement de terre.
Mais ces instituts n’ont pas pu accéder aux informations apparaissant sur un appareil de simulation situé dans les profondeurs de la mer entre Chypre et le Liban, à 70 km de Beyrouth et à une profondeur de 2,2 km et qui indiquent que 6 explosions se sont produites exactement 11 secondes avant le big bang dont la force est estimée à 3,3 sur l’échelle de Richter. Et quelle en est l’explication? »
Selon l’article de M. Sabbagh, le rapport explique que le dispositif situé dans les profondeurs de la Méditerranée est un système de 6 capteurs sismologiques appelés CY603. Ils avaient été placés dans le cadre d’un projet géologique international pour les besoins de la recherche scientifique et de la mesure des tremblements de terre en Méditerranée.
Habituellement, l’écran de ce système est ouvert pour informer le public Internet sur le site Web «IRIS», qui recueille des informations pour la recherche sismologique.
Mais de manière inattendue, moins de 24 heures après l’explosion, ces informations ont été effacées de l’écran du site.
Alors que les experts israéliens en géophysique avaient copié ces informations de l’écran avant que leur accès ne soit refusé.
Et le rapport d’Israel Defence poursuit d’après la traduction de Sabbagh:
(( Ainsi, les images montrent clairement que 5 explosions de force égale s’étaient produites exactement 11 secondes avant la sixième explosion, laquelle était plus grand que les cinq explosions précédentes, mais aussi à 11 secondes d’intervalle, puis a eu lieu la plus grande explosion avec une différence de 43 secondes, celle-là même qui a secoué Beyrouth et a été captée par tous les appareils radar au Moyen-Orient. »
Et les auteurs du rapport de s’interroger: « Que s’est-il passé exactement? Comment expliquer ces six explosions, à exactement 11 secondes d’intervalle? »
La réponse est donnée par Eric Gorn, qui avait enquêté en 2017 sur l’explosion du dépôt de bombes au Sahel :
«Les feux d’artifice Dinor étant sensibles à la chaleur, il se peut qu’une explosion souterraine ait conduit à l’explosion des feux d’artifice (qui se trouvaient au côté du nitrate d’ammonium du port de Beyrouth, ndlr), provoquant ensuite la plus grande explosion ».
Mais Gorn enchaine : « mais ce n’est pas assez convaincant. Car ceci ne répond pas au phénomène des six explosions de 11 secondes d’intervalles. Si nous savons qu’il existe des systèmes de guerre qui fonctionnent sous la forme d’une chaîne, alors il se peut qu’ils aient été délibérément placés sous les réserves d’ammonium, pour être activés le moment venu»)).
Estimant que ces informations et conclusions dirigent les doigts accusateurs à des éléments israéliens, Gorn indique les avoir envoyées aux autorités israéliennes compétentes, mais elles ont nié tout lien avec Israël dans l’incident, et ont dit qu’elles n’en avaient entendu parler que par les médias. »
« Sur la base de ce démenti, le rapport transfère la responsabilité de l’attentat au Hezbollah, comme d’habitude!», tacle Alif Sabbagh.
Selon lui, plusieurs questions s’imposent plus que jamais devant les enquêteurs, pour expliquer ce qui s’est passé le 4 août.
Ils devraient savoir qui est responsable du dispositif des 6 capteurs situé dans les profondeurs de la Méditerranée et à qui appartient le site Web IRIS ? Et surtout qui est responsable de l’élimination des données 24 heures après l’explosion de Beyrouth.
D’autre part, est-il possible que ces informations aient échappé aux agents du FBI qui ont enquêté sur l’explosion, s’interroge-t-il. Et le journaliste palestinien de conclure que seuls les enquêteurs libanais peuvent trouver les vraies réponses.
Source: Médias