Non, tout le monde n’a pas eu hâte de se débarrasser de son masque. C’est notamment le cas de femmes qui ont trouvé dans cet accessoire du quotidien un moyen de se cacher du regard des autres, de se protéger du harcèlement et ainsi de soulager leur anxiété sociale.
Alors que depuis mi-juin le masque n’est plus obligatoire en extérieur, certains ne se précipitent pas pour l’abandonner, notamment des femmes, qui se sont habituées à cet accessoire indispensable en temps de pandémie.
«Avec la chaleur qui arrive, ce n’est pas agréable de le porter, pourtant il m’est indispensable», explique Caroline, juriste, à La Dépêche. «Il me permet de ne pas penser à mon apparence. Si je veux faire la tête, personne ne le verra.»
«Je n’ai plus cette pression sociale qui m’oblige à sourire tout le temps. C’est un sentiment de liberté», confie-t-elle.
Pour Marie, doctorante, le port du masque s’inscrit dans une stratégie de minimisation du harcèlement de rue, mais aussi des interactions, comme faire la bise.
«Depuis que je porte le masque, on m’aborde beaucoup moins», constate-t-elle auprès du quotidien régional.
Les Français et l’anxiété
Selon une enquête CoviPrev réalisée en mai, 21% des Français souffrent d’un état anxieux, tandis que 19% sont dans un état dépressif (soit respectivement +6 et +9 points comparativement à l’avant-crise sanitaire).
Les femmes sont en outre jusqu’à deux fois plus affectées que les hommes par les troubles anxieux indique l’INSERM. Au total, 21% des adultes en souffrent au cours de la vie.
Le revers de la médaille
Dans le même temps, les personnes souffrant d’anxiété sociale peuvent se sentir en détresse à cause du port du masque à long terme, pendant et après la pandémie, révèle une étude de l’université de Waterloo.
Deirdre Barrett, chercheur à Harvard, a interrogé des personnes sur leurs rêves en période de pandémie. Dans un premier temps, elles ont raconté des rêves dans lesquels elles étaient en colère ou craignaient que les autres ne portent pas de masque. Et plus tard ont été constatés de plus en plus de rêves dans lesquels elles avaient honte lorsqu’elles étaient elles-mêmes surprises sans masque.
Barrière physique et psychologique
Pour les Américains qui luttent contre l’anxiété sociale, le masque a un effet libérateur, a souligné la psychologue américaine Dr Susan Albers sur Spectrum News 1.
«Lorsqu’on souffre d’anxiété sociale, on a une peur persistante du jugement des autres», explique-t-elle. Le masque «crée non seulement une barrière physique, mais une barrière psychologique».
«On a l’impression que cela peut être un bouclier contre les gens qui regardent, leurs regards ou leur évaluation», ajoute la psychologue.
Ainsi, la peur de ces personnes grandit face à la nécessité d’abandonner le masque.
Le masque «est l’une des choses les plus tangibles auxquelles nous avons eu recours pour assurer notre sécurité», indique de son côté la psychologue Shilagh Mirgain. Par conséquent, «il est normal de ressentir une certaine anxiété ou un malaise» en l’enlevant.
Ce malaise devrait tout de même être surmonté, résume Dr Albers, qui recommande de ne porter le masque que «lorsque cela est vraiment nécessaire».
Source: Sputnik