Un rapport de l’institut Tony Blair a fait état de la présence au pouvoir en Iran d’une nouvelle élite iranienne formée de technocrates et de bureaucrates qui veulent nettoyer le pays de l’influence occidentale pour l’orienter vers l’Est.
« Le régime iranien a produit une nouvelle génération de dirigeants qui voient l’avenir de l’Iran en le réorientant vers l’Est. Comme en témoignent le nouvel accord de l’Iran avec la Chine ainsi que les pourparlers sur un accord énergétique en Asie centrale » analyse l’étude de Toby Blair Institute For Global Change.
Selon laquelle cette nouvelle classe de technocrates a été formée à l’Université de l’Imam al-Sadiq, est fortement endoctrinée idéologiquement et constitue l’essentiel de l’équipe qui travaillent avec le président actuel Ebrahim Raïssi.
Ce dernier, décrit comme étant un disciple dévoué du guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, serait conçu pour devenir le chef du «nettoyage » de la République islamique avec l’aide de cette classe.
Cette purge serait nécessaire pour faire avancer la prochaine étape de la révolution islamique – en l’occurrence la création d’un État islamique idéal – qui, selon eux, n’a pas encore été atteint.
« En plus de nettoyer le régime des influences occidentales, l’un des objectifs de l’État islamique est de rendre la République islamique plus efficace en inversant des décennies de mauvaise gestion du gouvernement. Pour faire avancer cet objectif, le régime des mollahs en Iran comprend qu’il a besoin d’une formation des technocrates et des bureaucrates qui peuvent mettre au point les politiques du pouvoir», estime l’étude.
Celle-ci considère que cette nouvelle classe est plus en phase avec le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI)
« La montée en puissance du groupe universitaire Imam al-Sadiq, pour la première fois en 42 ans, change la dynamique de l’élite iranienne, conduisant à l’émergence d’une nouvelle alliance entre le bureau du guide suprême, les gardiens de la révolution iraniens, et les technocrates idéologiques », fait remarquer le rapport.
Il y aurait désormais une plus grande coordination avec les Gardiens de la Révolution, qui selon le rapport, semblent transférer les pouvoirs dont celui des programmes militaires et de défense pionniers, agissant comme si le ministère des Affaires étrangères et les services de renseignement leur appartenaient.
Le rapport cite plusieurs personnalités importantes de l’administration comme symboles de la nouvelle direction : dont le nouveau vice-ministre iranien des Affaires étrangères et négociateur en chef sur le nucléaire Ali Bagheri Kani, le ministre de l’Économie Ehsan Khandozi et le ministre du Travail Hojatullah Abdul Maliki.
Le rapport avertit également que l’Occident a mal interprété certains de ces technocrates. Ce ne sont pas des pragmatiques, mais des «idéologues enthousiastes ».
« Quand bien même le groupe de l’Université Imam al-Sadiq n’est pas militaire, mais il est tout aussi idéologique que les Gardiens de la révolution iraniens, ayant subi un processus de sélection rigoureux pour être recruté, il a subi un endoctrinement approfondi pour l’obtention du diplôme ».
Selon Khosro Arabi, un analyste iranien qui a co-écrit le rapport, l’Occident doit apprendre à connaître cette élite iranienne montante afin de pouvoir prédire l’orientation future du régime.
L’article retrace l’ascension de ces hommes, qui remonte à leur jeunesse à l’époque de l’ancien président Seyed Mohammad Khatami (1997-2005) à la présidence de Mahmoud Ahmadinejad (2005-2013), qui a ouvert de nouveaux horizons à l’Imam Sadiq University Group et leur a ouvert la porte dans la bureaucratie d’État traditionnelle.
Le groupe de l’Université Imam Sadiq aurait été recruté par le biais de la bureaucratie non conventionnelle de la République islamique dans des institutions dirigées par l’establishment islamique pur et dur, telles que le Conseil de diagnostic de l’intérêt du pouvoir, le Conseil des gardiens, Astan Quds Razavi, qui est l’institution caritative idéologique dirigée par le guide suprême Khamenei.
Toujours selon le rapport britannique, cette nouvelle élite rendra l’accord nucléaire plus difficile pour les pays occidentaux.
« À certains égards, cela peut signifier que dans les pourparlers de Vienne, l’Iran offrira à l’Occident un fait accompli : donnez-nous un accord ou nous partons ».
Pour les décideurs politiques, en déduit l’étude britannique, la réalité du pouvoir iranien est désormais claire. « Au lieu du spectacle de chiens et de poneys qui était fréquent dans les conversations avec l’Occident, avec des « modérés » sur place pour parler le langage occidental tandis que les « extrémistes » contrôlaient à la maison, maintenant le régime iranien se ressemble…Il y a moins de contradictions maintenant que ces hommes sont arrivés au pouvoir. Cela signifie que le pouvoir pourrait explicitement diffuser exactement ce qu’il va faire, plutôt que de se cacher derrière sa vieille duplicité ».
L’Iran se sent fort, malgré la pression américaine extrême pendant l’ère Trump, le régime iranien a atteint de nouveaux niveaux de pouvoir, conclut l’étude.