Emmanuel Macron et Marine Le Pen se jettent, ce lundi 11 avril, dans la bataille pour le second tour du 24 avril, avec cette fois un report des votes de gauche déterminant après le bon score de Jean-Luc Mélenchon ainsi que la débâcle du PS et de LR.
Car si Emmanuel Macron a fait un score plus important qu’en 2017 (27-28% contre 23-24% pour Marine Le Pen), l’écart avec sa rivale d’extrême droite s’annonce plus serré au deuxième tour, avec un score compris entre 54% et 51% contre 46%-49%, selon des sondages réalisés dimanche après le premier tour.
Les deux candidats vont devoir mobiliser les électeurs alors que le premier tour, marqué par une abstention supérieure de quatre à six points de plus qu’il y a cinq ans, entérine la recomposition de l’échiquier politique, consacrant la relégation des deux partis de gouvernement de la Ve République, qui réalisent le pire score de leur histoire: Valérie Pécresse (LR) autour de 5% des suffrages, seuil de remboursement des frais de campagne, et Anne Hidalgo (PS) avec moins de 2%.
Chacun va donc tenter de récupérer les près de 22% d’électeurs qui ont choisi l’Insoumis Jean-Luc Mélenchon. Le candidat, qui a réussi à capitaliser sur le vote utile à gauche, a lui clairement appelé à ne pas voter extrême droite.
« Il ne faut pas donner une voix à madame Le Pen! », a-t-il répété à plusieurs reprises dimanche soir.
Emmanuel Macron convaincra-t-il les électeurs de l’écologiste Yannick Jadot (moins de 5%), du communiste Fabien Roussel (2/3%) ou encore d’Anne Hidalgo, qui ont rapidement appelé à « battre l’extrême droite » en votant Macron?
Et les sympathisants de droite suivront-ils la décision de Mme Pécresse de voter « en conscience pour Emmanuel Macron pour empêcher l’extrême droite d’arriver au pouvoir » et « le chaos qui en découlerait »?
« Personnellement, je ne voterai pas Emmanuel Macron au second tour », a prévenu le finaliste de la primaire LR Eric Ciotti, qui ne cache pas son amitié pour le candidat d’extrême droite Eric Zemmour, crédité de 7% au premier tour alors qu’il avait atteint jusqu’à 19% dans les sondages.
Emmanuel Macron a déjà pris l’essentiel des voix des électeurs de la droite modérée, et « va devoir aller à la pêche aux électeurs à gauche », a souligné le politologue Pascal Perrineau sur Arte dimanche soir.
« Au contact »
Décidé à ne pas rééditer l’erreur de 2017 et la polémique qu’il avait suscité en fêtant sa « victoire » à La Rotonde, le président-candidat repart dès lundi en terres lepénistes à Denain (Nord).
Après une campagne jugée trop courte et prudente avant le premier tour, il sera le lendemain dans le Grand-Est, à Mulhouse, et à Strasbourg qui a voté à plus d’un tiers Mélenchon.
« Il y eu des contraintes », s’est justifié dimanche soir Emmanuel Macron en citant le conflit russo-ukrainien et « l’égalité du temps de parole entre les candidats », « mais vous verrez que je serai matin midi et soir à convaincre et au contact », a-t-il assuré.
Il a dit « tendre la main à tous ceux qui veulent travailler pour la France », en appelant à fonder, au-delà des « différences », « un grand mouvement politique d’unité et d’action ».
De son côté, Marine Le Pen a prévu lundi de réunir ses cadres à Paris pour faire le point sur la stratégie du second tour. Avant de tenir mardi une conférence de presse sur la « démocratie » et l' »exercice du pouvoir ».
Il ne s’agit pas de changer une campagne qui gagne, selon plusieurs cadres du RN. « Ce qu’elle a réussi en trois mois peut fonctionner sur les 2 semaines », disait récemment son directeur adjoint de campagne Jean-Philippe Tanguy.
Sur le plan électoral, « le second tour ça va être l’anti-Macron » et il ne faut pas « réduire le réservoir de voix à LR ou Eric Zemmour », selon le président par intérim du RN Jordan Bardella.
Marine Le Pen n’a d’ailleurs pas cité dimanche son rival Eric Zemmour, qui a appelé à voter pour elle.
Elle qui aspire à devenir la « présidente de tous les Français » a invité « tous ceux qui n’ont pas voté » pour Emmanuel Macron à la « rejoindre » pour la « grande alternance dont (la) France a besoin ».
Il y a cinq ans, un quart de l’électorat n’avait pas voulu départager M. Macron et Mme Le Pen, et quatre millions de Français, soit près d’un inscrit sur 10, avaient préféré voter blanc ou nul.
Source: Avec AFP