Toujours plus haut: avec un record à 16,8 milliards d’euros en septembre, le déficit pour les échanges de biens met la France sur les rails d’un bilan annuel historiquement mauvais en matière de commerce extérieur et d’une année 2023 toujours morose.
Mois après mois, les statistiques volent de record en record après un premier semestre ayant vu le déficit commercial se creuser à 71 milliards d’euros, selon les données actualisées des douanes publiées mardi.
Il ne s’agit désormais plus de savoir si la France battra un record cette année, mais de quelle ampleur il sera.
Le niveau historique du déficit en 2021 à 85 milliards d’euros paraît léger comparé à celui annoncé mardi sur douze mois glissants, à 149,9 milliards d’euros. Sur l’ensemble de l’année 2022, le gouvernement français table sur un solde négatif de 156 milliards d’euros, d’après les documents du projet de loi de finances pour 2023.
« C’est dans sa durée que ce déficit surprend, on se rend compte que l’on va devoir vivre avec plus longtemps », souligne auprès de l’AFP Ana Boata, directrice de la recherche économique chez Allianz Trade.
L’économiste met en avant le net renchérissement de la facture énergétique, l’affaiblissement marqué de l’euro par rapport au dollar ces derniers mois ainsi que les difficultés françaises à exporter pour expliquer principalement les malheurs français.
Les importations énergétiques ont ainsi encore augmenté d’un milliard d’euros en septembre, après avoir déjà grimpé de 1,3 milliard d’euros en août, indiquent-elles dans les données publiées mardi.
Les prix de l’énergie montent depuis plus d’un an, tirés notamment par la forte reprise économique ayant suivi les blocages liés au Covid-19. L’accélération a été plus forte en raison des sanctions que les Occidentaux ont imposées à la Russie en raison de son opération militaire en Ukraine, qui a aussi imposé une pression importante sur les prix alimentaires.
« Hors déficit de l’énergie, notre déficit commercial ne se sera pas aggravé » cette année, a avancé de son côté le ministre français du Commerce extérieur Olivier Becht, interrogé début novembre sur France Info. Selon lui, les prix de l’énergie ont été multipliés « quasiment par cinq » depuis 2020.
« Sur l’énergie, on va continuer à avoir des surprises », affirme Mme Boata, pour qui les importations de gaz liquéfié, notamment en provenance des États-Unis, et leur prix élevé alourdissent fortement la facture française.
« On va encore en cumulé atteindre des niveaux records », estime-t-elle, ayant observé dans le même temps un essoufflement sur la balance française des services, qui viennent traditionnellement amortir le choc sur les biens.
Source: Avec AFP