Il y a 40 ans au jour le jour a eu lieu la première opération martyre dans l’histoire de la résistance islamique. Son auteur, Ahmad Qassir , est un jeune Libanais originaire du village du sud, Der Qanoun an-Nahr. Selon le secrétaire général du Hezbollah sayed Hassan Nasrallah, elle a été « la plus importante opération dans l’histoire de la résistance ».
Elle a visé le siège du gouverneur militaire israélien du sud dans la ville de Tyr, 5 mois après l’invasion israélienne du Liban en juin 1982, baptisée « Paix en Galilée ». Elle a donné le ton à toute l’action résistante qui s’en suivra.
Ce jeune homme d’une fougue épatante âgé d’à peine 18 ans s’est transformé en une bombe à retardement, faute de moyens pour bombarder de loin le cœur du QG israélien.
Le 11 novembre 1982, il a foncé au volant d’une Peugeot 504 blanche, bourrée de 300 kg d’explosifs, fortifiés par des mines anti blindés, vers le bâtiment Azmi qui l’abritait à Tyr. Il s’est effondré avec ses 8 étages, comme un château de cartes.
Selon les chiffres israéliens, il y a eu 76 morts israéliens et 27 disparus qui n’ont pas été retrouvés. Sayed Nasrallah assure pour sa part qu’il y a eu 100 tués parmi les officiers et les militaires israéliens.
L’immeuble abritait les bureaux des renseignements israéliens, le siège de l’Unité d’assistance de l’armée israélienne, et le lieu de résidence d’officiers chargés de missions logistiques et de liaison.
Pendant trois années années, la seule version des faits est restée celle des Israéliens qui s’étaient entêtés à véhiculer que l’explosion était due à une fuite de gaz.
Mais le 19 mai 1985, après l’annonce du premier message-programme du Hezbollah, la Résistance islamique a revendiqué l’opération et annoncé l’identité de son auteur. Par la voix de sayed Nasrallah qui n’était pas encore secrétaire général.
On apprendra ultérieurement grâce aux témoignages du père d’Ahmad Qassir, Haj Jaafar, et à d’autres témoignages que l’idée de l’opération via un véhicule piégé était venue de lui.
« Il ne supportait de voir les soldats israéliens fouler la terre de ses aïeux. Chaque fois qu’il les voyait, il se mettait hors de lui… une fois alors qu’il était censé être à Beyrouth, un collaborateur est venu me dire qu’il se trouvait a Nabatiyeh et faisait partie des jeunes qui jetaient des cailloux sur les militaires israéliens », a raconté entre autres son père.
D’autres rapporteront qu’a chaque fois qu’il passait devant le siège israélien, il exprimait sa colère et disait ouvertement que seule une voiture piégée pouvait en venir à bout et qu’il était prêt à le faire… une fois, l’entendant dire ces mots, l’une de ses connaissances en a parlé à des combattants de la résistance islamique.
C’est ainsi que l’idée a été concrétisée.
Dans l’un de ses discours, sayed Nasrallah précise qu’elle a été préparée dans toutes ses phases par Imad Moughniyeh, l’un des fondateurs les plus emblématiques de la résistance islamique puis son collaborateur jihadique, connu sous le patronyme Haj Redwane. Ils s’étaient rendus ensemble à plusieurs reprises sur le lieu du QG pour les préparatifs de l’opération.
Le jour de l’opération, Moughniyeh l’avait accompagné en voiture jusqu’à l’entrée du QG en est descendue à quelques mètres et l’avait vu de ses propres yeux foncer et exploser.
Une stèle a été dédiée au martyre Ahmad Qassir sur le lieu même, où des bâtiments résidentiels ont été édifiés à sa place.
On raconte aussi que la chance avait été de son côté ce jour-là. La veille, il avait plu et tous les militaires qui étaient disséminés dans les tentes dressées autour du bâtiment ont dû s’y abriter. Ce qui explique le grand nombre de tués et de blessés.
Il a fallu 38 ans au Shin Bet israélien pour avouer à l’opinion publique israélienne que « cet incident du a une fuite de gaz » était une opération de résistance du Hezbollah, selon leurs termes.
Dans un article publié dans le Yediot Ahronoth en novembre 2020, Ronen Bergman a écrit : « Pendant 38 ans, le Shin Bet et Tsahal ont affirmé à plusieurs reprises que : la première catastrophe de Tyr, qui a tué 76 Israéliens, était le résultat d’une fuite de gaz. Cependant, cette semaine, le Yediot Ahronoth a révélé qu’un rapport interne rédigé par l’ancien chef adjoint du Shin Bet et des documents secrets publiés ici pour la première fois renforcent l’affirmation selon laquelle il s’agit du premier attentat suicide du Hezbollah… Actuellement, de nombreux survivants, veuves et orphelins de la catastrophe font pression sur le Shin Bet et les forces de sécurité pour qu’ils cessent de dissimuler les faits et de sortir des décombres de l’immeuble de Tyr e qui y reste enterré : la vérité ».
Se souvenant de ce moment, un an auparavant, en 2019, sayed Nasrallah avait dit : « Ce fut une opération retentissante et sismique. Je revoie encore le spectacle, comment Sharon se tenait humilié, sombre, triste et frustré, devant cette violente secousse qui a frappé son armée et lui a été infligée par un seul jeune homme nommé Ahmed Qassir ».
Source: Divers