C’est en mars 1999 que les Israéliens ont décidé de se retirer du sud du Liban et de la Bekaa de l’ouest, « la bande frontalière » sous occupation depuis 1982. Ehud Barak venait d’être désigné comme Premier ministre. Sa promesse électorale stipulait de sortir les soldats israéliens du bourbier libanais. En octobre, l’institution militaire lui faisait part que le retrait devrait s’achever en juillet 2000.
Pendant les 11 années qui avaient précédé cette date, la Résistance islamique, créée pour lutter contre l’invasion israélienne en 1982, avait livré à l’armée d’occupation et à ses collaborateurs de l’Armée du Liban du sud (ALS) une guérilla d’usure. Avec les années, ses opérations ont pris de l’ampleur en quantité et en qualité. Elles ont été émaillées par 10 opérations martyres, les premières du genre. La première en novembre 1982 avait coûté la vie à 100 officiers et militaires israéliens, au cœur du siège du gouverneur militaire dans la ville de Tyr. Pendant de longues années, la version israélienne officielle s’était bornée à véhiculer qu’elle est due à l’explosion de bonbonnes de gaz!
À partir de 1994, le nombre des opérations a connu une nette recrudescence. Il est passé de 378, à 660 en 1995, 763 en 1996, 786 en 1997, et 1164 en 1998.
En 1998, un nouveau modus operandi est introduit aux opérations de résistance grace à l’introductionvde nouveau types d’armements.
Tout était attaqué : les positions de l’armée d’occupation et celles de l’ALS, à distance ou par infiltration, en groupes, ou dans des attaques individuelles. Ainsi que les patrouilles de l’infanterie et les convois militaires, pendant leurs déplacements. De même pour les hélicoptères de combats, lors de leur intervention pour évacuer les soldats tués et blessés ou pour leur fournir un soutien aérien.
Ont connu une cadence importance des opérations simultanées contre un grand nombre de positions ennemies, à des fins de diversion en cas de ciblage d’une position, de harcèlement et d’usure.
Pourtant, Israël avait déclenché deux guerres pour porter un coup fatal au Hezbollah : en 1993 et 1996. Elles ont été un échec, ne pouvant ni éliminer son commandement militaire, ni détruire ses dépôts de roquettes ni éliminer ses principales plates-formes (rampes) des tirs ni stopper les opérations de résistance.
Elles se sont terminées en imposant l’équation des colonies israéliennes contre les zones civiles libanaises, d’abord verbalement puis par écrit.
La Résistance les attendait
En 1997, avait eu lieu l’opération de résistance la plus humiliante pour l’armée israélienne. La résistance avait attiré l’une de ses unités les plus performantes, Shayetet 13, dans un guet-apens en dehors de la bande frontalière, à 60 km de la frontière avec la Palestine occupée. ayant débarqué sur la plage d’Ansariyeh, avec pour mission d’éliminer un important chef de la résistance, tous les membres de son commando (une quinzaine) ont été déchiquetés par les engins piégés plantés sur leur passage et ceux qu’ils transportaient, destinés à piéger le lieu de résidence de ce chef présumé. La résistance les attendait. Pendant de longues années, les Israéliens refusaient de l’admettre.
Mais le pire était à venir. En 1999 et jusqu’en mai 2000, le chiffre des opérations a atteint les 1528.
Il y a eu entre autres la liquidation du commandant de la force de coordination de l’armée israélienne au Liban, le général Erez Gerstein (38 ans). Puis celle d’un collaborateur de l’ALS de longue date, Fawzi as-Saghir. Puis fin janvier, a été liquidé le numéro de cette milice Aql (Akel) Hachem dans une opération spectaculaire qui a été filmée par l’organe médiatique de la résistance, Média de guerre, et diffusée sur la chaine al-Manar. Cet organe a joué un rôle crucial pour débusquer les mensonges israéliens.
Il y a eu aussi la dernière opération martyre de la résistance islamique contre un convoi militaire israélien sur la route reliant le village d’al-Qolayaat à la ville de Marjeyoune, tuant et blessant 15 soldats israéliens dont un haut officier.
Et en avril 2000, a été réalisée l’opération qui va assener un coup fatal à l’ALS.
Elle a visé une caserne à Aaramta, tenue par le commandement du 10e Régiment de la Brigade de l’Est de l’ALS, et qui devait servir de protection à une autre caserne israélienne, établie sur une montagne forestière qui la surplombe.
Elle a fait l’objet de tirs nourris, puis les combattants l’ont investie, éliminant tous ceux qui s’y trouvaient, avant de la faire exploser via un pick-up bourré d’explosifs qui la réduit en miettes et rendu impossible sa réhabilitation. C’était une nouveauté.
Et puis il y a eu le 18 mai 2000, 72 heures avant que les Israéliens n’entament leur retrait, la dernière opération de la résistance. Elle a également visé une position de l’ALS, située dans la zone d’al-Bayyadat, à Naqoura du casa de Tyr, à l’extrême sud du Liban non loin de la frontière avec la Palestine occupée. Un char de fabrication soviétique de type T-54 avait participé au pilonnage. Egalement une nouveauté.
L’ALS s’était effondrée, ses membres fuyaient dans toutes les directions.
Selon le Premier ministre israélien, c’est l’effondrement de cette milice qui l’a poussé à accélérer le retrait de ses troupes du sud du Liban qui devrait être achevé en juillet. D’autant que les tractations pour parvenir à un accord avec les Syriens ou les Libanais s’étaient soldées par un échec.
Le retrait a été entamé le 22 mai, en catimini, à l’insu des collaborateurs qui n’ont pas eu le temps de ranger leurs affaires. Ils ont été pris de court par les habitants qui ont investi leurs villages simultanément avec le retrait des Israéliens. Une autre surprise à laquelle les Israéliens ne s’y attendaient pas non plus. Plus tard, les sources de la résistance indiqueront que ce déferlement des habitants avait été planifié par le commandement de la résistance et les combattants s’étaient infiltrés parmi eux.
Aucun collaborateur n’a été tué. Certains ont été livrés à l’armée ou aux forces de sécurité libanaises. Les autres se sont entassés à la frontière avec la Palestine occupée dans l’attente que les Israéliens décident de leur sort. Ce furent les images les plus humiliantes des membres de cette milice.
Les images les plus émouvantes de cet évènement ont été celles de la libération des détenus libanais dans la prison d’al-Khiam, le 23 mai.
Et son couronnement a sans doute été le discours du secrétaire général du Hezbollah, sayed Hassan Nasrallah, le 25 mai, depuis la localité fraichement libéré de Bint Jbeil. Après avoir offert cette victoire à tous les Libanais et les Arabes et la oumma, il lancé sa phrase qui restera gravée dans les esprits des responsable israéliens : « Israël est plus fragile que la toile d’araignée ».
Source: Divers