Le président chinois Xi Jinping a salué lundi les « progrès » dans les relations Chine-Etats-Unis grâce à une visite à Pékin du secrétaire d’Etat américain Antony Blinken, même si de profonds désaccords subsistent entre les deux puissances.
Dans un signe d’apaisement très attendu, le chef d’Etat chinois a reçu son hôte au Palais du peuple, le monumental bâtiment qui sert à accueillir les dignitaires étrangers au bord de la place Tiananmen.
« Les deux parties ont fait des progrès et sont parvenues à des terrains d’entente sur certains points spécifiques », s’est félicité Xi Jinping sans préciser ces derniers, qualifiant les avancées de « très bonne chose », selon la télévision publique CCTV.
Cet entretien est survenu au deuxième et dernier jour de la visite d’Antony Blinken en Chine. C’est le premier séjour dans le pays asiatique en près de cinq ans pour un chef de la diplomatie américaine.
Les deux parties ont toutefois minimisé les perspectives de grande réconciliation. Selon le secrétaire d’Etat américain, qui s’est dit « lucide », les plus de 11 heures de discussions qu’il a menées en deux jours visaient surtout à rétablir le dialogue.
« Nous avons fait des progrès et nous allons de l’avant », a déclaré Antony Blinken devant la presse, avant de nuancer : « Aucune de ces questions ne sera résolue en une seule visite ».
Autre signe encourageant : le ministre chinois des Affaires étrangères, Qin Gang, a accepté une invitation à se rendre aux États-Unis, à une date qui reste à déterminer.
Mais Antony Blinken a reconnu que les avancées étaient pour l’heure limitées, notamment sur le rétablissement de la communication entre les deux armées, une priorité sur fond de tensions bilatérales persistantes autour de Taïwan.
« Des contacts directs et une communication soutenue au plus haut niveau constituent le meilleur moyen de gérer les différences de manière responsable et de veiller à ce que la concurrence ne dégénère pas en conflit », a indiqué M. Blinken aux journalistes.
« J’ai entendu la même chose de la part de mes homologues chinois. Nous sommes d’accord sur la nécessité de stabiliser nos relations ».
Les relations bilatérales restent tendues sur de nombreux dossiers : la rivalité dans les technologies, le commerce, le traitement de la minorité musulmane des Ouïghours en Chine ou encore les revendications chinoises en mer de Chine méridionale.
Lundi matin, le plus haut responsable du Parti communiste chinois (PCC) pour la diplomatie, Wang Yi, avait affirmé à Antony Blinken que les Etats-Unis devaient désormais choisir « entre dialogue et confrontation, coopération et conflit », selon CCTV.
Le responsable chinois, qui a la haute main en Chine sur la politique extérieure chinoise et a un rang hiérarchique supérieur au ministre des Affaires étrangères Qin Gang, a également réaffirmé avec force la position chinoise sur Taïwan.
« Sur cette question, la Chine ne fera aucun compromis ni aucune concession », a-t-il indiqué à Antony Blinken.
La Chine estime que l’île est l’une de ses provinces, qu’elle n’a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949. Elle n’a pas exclu de la reconquérir par la force si nécessaire.
Pékin se dit opposé à ce qu’il perçoit comme un rapprochement ces dernières années entre Washington et les autorités taïwanaises, issues d’un parti pro-indépendance.
La Chine a ainsi lancé durant l’année écoulée des exercices militaires d’ampleur autour de Taïwan après des rencontres officielles entre de hauts responsables américains et la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen.
Antony Blinken s’est dit préoccupé par les « provocations » chinoises dans le détroit de Taïwan. Mais il a souligné que son pays restait opposé à une déclaration d’indépendance par Taipei.
Le secrétaire d’Etat américain a dit avoir également évoqué ses préoccupations concernant le traitement des Ouïghours et des Tibétains, tout comme la situation à Hong Kong, où Pékin a sévèrement restreint la liberté d’expression.
Le président américain Joe Biden maintient la ligne dure à l’égard de Pékin établie par son prédécesseur Donald Trump, avec les Etats-Unis qui ont notamment interdit les exportations de semi-conducteurs de pointe vers la Chine.
Washington ne cherche toutefois pas à « enrayer » le développement économique chinois, a assuré lundi Antony Blinken.
« Mais en même temps », il n’est « pas dans notre intérêt de fournir à la Chine des technologies qui pourraient être utilisées contre nous », a-t-il souligné.
La visite d’Antony Blinken était initialement prévue en février mais avait été reportée après l’incursion d’un ballon chinois dans l’espace aérien américain.
Source: Avec AFP