Le chef de Hayat Tahrir al-Sham, Abou Mohammad al-Jolani, ancien émir de la milice takfiriste l’État islamique d’Irak puis fondateur du Front al-Nosra, la branche syrienne d’al-Qaida, semble bénéficier d’une couverture positive de certains cercles dans la presse occidentale et du Golfe – malgré les atrocités que son ancienne organisation a commises en Irak et en Syrie, notamment contre les chrétiens, les yézidis et les musulmans chiites, mais aussi contre ses compatriotes sunnites, constate le site Spirit Of Free Speech.
Vendredi, la chaine américaine CNN lui a consacré une “interview exclusive” dans un lieu tenu secret en Syrie. Le chef extrémiste a déclaré que son objectif est de renverser le président Assad et le gouvernement syrien, objectif de longue date des États-Unis et d’Israël. Jolani a affirmé que sa stratégie consiste à créer un gouvernement basé sur des institutions et un “conseil désigné par le peuple”.
Aaron Y. Zelin, chercheur spécialiste du terrorisme qui travaille pour le think tank The Washington Institute For Near East Policy financé par Israël, fait partie de ces cercles qui tentent de blanchir l’image de Jolani. Il a publié le 3 décembre un article dans le Telegraph britannique décrivant le HTS de Jolani comme un groupe de “djihadistes favorables à la diversité” désireux de garantir les droits des minorités de Syrie.
Parmi les groupuscules terroristes qui ont proliféré pendant la guerre contre la Syrie, le front al-Nosra est la milice qui a commis les massacres les plus horribles en Syrie, semant menant les premières attaques suicides aux voitures piégées dans les quartiers résidentiels des grandes villes, surtout dans la capitale syrienne, et dans les bâtiments publics. Des attaques aux agents chimiques lui sont aussi attribuées.
Classé en 2014 par l’ONU dans la liste des organisations terroristes proches d’al-Qaida, Jolani a déclaré en 2016 avoir coupé ses liens avec al-Qaïda. Mais il avait auparavant pris le consentement de son chef Ayman al-Zawahiri qui le lui a accordé.
Plusieurs experts avertissent que le groupe n’a pas fondamentalement rompu avec son passé jihadiste. Quaoiqu’il a changé de look, renonçant à son turban et portant des tenues
Il a rebaptisé dans un premier moment le Front al-Nosra en Front Fatah al-Sham. Puis, l’année suivante, il lui a changé de nom pour Hayat Tahrir al-Sham, après une fusion avec quatre groupes takfiristes.
Dans un enregistrement diffusé par la chaîne al-Jazeera, il avait affirmé que la décision « d’arrêter d’opérer sous le nom de Front al-Nosra et de recréer un nouveau groupe » s’est faite pour « protéger la révolution syrienne » et pour « faire ôter les prétextes avancés par la communauté internationale » pour viser le groupe classé « terroriste » par les États-Unis.
Jeudi, Jolani a signé un message pour la première fois de son vrai nom, commandant Ahmed al-Chareh. Selon l’AFP, il avait confirmé dans une interview en 2021 avec la chaîne publique américaine PBS, que son vrai nom était Ahmed al-Chareh et a expliqué que son nom de guerre était une référence à ses origines familiales dans les hauteurs du Golan syrien occupé d’où d’après lui son grand-père avait été déplacé avec son occupation par les troupes israéliennes. Pendant la guerre en Syrie, ses miliciens blessés avaient été hospitalisés dans les hôpitaux israéliens dans le Golan syrien occupé. Certains d’entre eux avaient même reçu la visite du le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Source: Divers