Empêtré dans l’affaire Epstein, Donald Trump essaie de rediriger l’attention de ses partisans et de l’opinion publique. Deux affaires ont été lancées simultanément aux Etats-Unis: celle de l’ex-président démocrate Barack Obama et celle du défenseur des droits civiques Martin Luther King Jr. Les moyens perfides du président américain ne font que dévoiler les pages noires de la politique interne américaine, trempée de plus en plus dans la boue.
Arrestation d’Obama: une vidéo IA
Avec Barack Obama, Donald Trump le cible d’attaques de plus en plus virulentes et qu’il est allé jusqu’à accuser de « trahison » mardi.
Alors qu’il recevait le président philippin Ferdinand Marcos Jr dans le Bureau ovale, le dirigeant républicain a été interrogé sur les derniers rebondissements du dossier ultra-sensible de Jeffrey Epstein, riche financier mort en cellule en 2019 avant son procès pour crimes sexuels.
« Je ne suis pas cela de très près », a assuré Donald Trump, accusé par certains partisans de ne pas tenir ses promesses de faire toute la lumière sur les relations de Jeffrey Epstein, dont il a lui-même été proche.
Puis le président américain s’est lancé dans plusieurs tirades virulentes, prolongées et par moment décousues, visant particulièrement l’ancien président démocrate Barack Obama, selon lui « coupable » de « trahison ».
Il l’a dépeint en « chef de gang » et a assuré avoir des « preuves irréfutables » que son prédécesseur démocrate « tentait de monter un coup d’Etat ».
« Voilà ce dont vous devriez réellement parler », a lancé le président républicain aux journalistes, après avoir accablé la presse de critiques.
Donald Trump accuse Barack Obama, mais aussi Hillary Clinton, son adversaire malheureuse lors de la présidentielle de 2016, d’avoir propagé de fausses informations dans le but de lui nuire sur une possible ingérence russe dans la campagne qui l’a mené à la Maison Blanche pour la première fois.
Le républicain a toujours dénoncé les conclusions des services de renseignement américains, qui affirment que Moscou a mené une campagne d’intrusions informatiques et de manipulation des réseaux sociaux pour favoriser la première élection de Donald Trump et discréditer Hillary Clinton.
Mais ses attaques dans cette affaire, et plus spécialement contre Barack Obama, président de 2009 à 2017, ont redoublé d’ardeur ces derniers jours, alors que l’affaire Epstein faisait à nouveau La Une.
Dimanche, il avait diffusé sur son réseau Truth Social une fausse vidéo, vraisemblablement générée par intelligence artificielle, montrant Barack Obama arrêté dans le Bureau ovale par deux agents du FBI, la police fédérale, au son du tube « YMCA » des Village People.
« Il est temps de traquer des gens », a dit Donald Trump mardi en indiquant que le ministère de la Justice avait la main pour lancer d’éventuelles poursuites.
L’assassinat de Martin Luther King
Le président américain a lancé une autre affaire apparemment pour se détourner de l’affaire Epstein. Son administration a déclassifié plus de 230.000 pages de documents relatifs à l’assassinat du défenseur des droits civiques Martin Luther King Jr. en 1968, malgré les objections de sa famille qui craignait une utilisation politique de ces documents.
La publication de ces documents fait suite à un décret présidentiel signé par Trump le 23 janvier, qui a déclassifié des documents gouvernementaux relatifs à trois des plus importantes personnalités politiques du XXe siècle, dont l’assassinat du président John F. Kennedy en 1963, ainsi que des documents concernant son frère Robert Kennedy et Martin Luther King Jr.
Les pages publiées lundi contiennent des informations sur l’enquête. La directrice du renseignement national, Tulsi Gabbard, a expliqué que les documents publiés « contiennent des informations sensibles liées à l’enquête du FBI sur les poursuites internationales contre l’assassin présumé de Martin Luther King, Jr., ainsi que des témoignages de prisonniers qui étaient avec lui ».
Cependant, les fils de Martin Luther King Jr. ont exprimé leurs inquiétudes quant à une possible utilisation abusive des documents publiés, avertissant qu’ils pourraient être utilisés à des fins politiques pour « discréditer leur père, attaquer son héritage ou saper les acquis du mouvement des droits civiques ». Dans une déclaration commune, ils ont rappelé que, de son vivant, Martin Luther King Jr. avait été victime d’une campagne systématique de désinformation et de surveillance, menée par J. Edgar Hoover, alors directeur du FBI, visant à « le discréditer, lui et le mouvement des droits civiques ».
Les fils de King ont également réitéré leur scepticisme quant à la condamnation de James Earl Ray, un homme blanc connu pour ses opinions racistes, reconnu coupable du crime commis le 4 avril 1968 sur le balcon d’un hôtel de Memphis, où Martin Luther King Jr. était venu manifester sa solidarité avec les éboueurs en grève.
James Earl Ray est décédé en prison en 1998, mais de nombreuses questions subsistent quant aux circonstances du crime et au rôle éventuel des agences de sécurité américaines. Cela a incité la famille King à exiger à plusieurs reprises des enquêtes transparentes et indépendantes.
Sources: AFP, Al Jazeera