Après 21 mois de guerre, les destructions et les dégâts sur 70% des bâtiments dans la bande de Gaza ont enfoui le territoire palestinien sous des millions de tonnes de débris et l’ont plongé dans l’obscurité, selon des données de l’ONU et de la Nasa analysées par l’AFP.
L’armée israélienne pilonne sans relâche ce territoire exigu de 365 km2 en réponse à l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023.
53 millions de tonnes de débris
L’offensive de représailles israélienne a coûté la vie à Gaza 59.219 personnes, majoritairement des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU.
Au 4 avril 2025, l’armée israélienne avait endommagé ou causé la destruction de 174.500 bâtiments dans ce territoire très densément construit, selon Onusat, le service d’analyse satellitaire de l’ONU.
Selon ce dernier 53,5 millions de tonnes de gravats ont été générées par les destructions, soit 10 fois le poids de la grande pyramide de Keops à Gizeh en Égypte. Cela équivaut à 146 kilogrammes de gravats par mètre carré.
Selon le service onusien, les débris générés depuis octobre 2023 sont 18 fois plus massifs que tous ceux issus des bâtiments détruits par Israël lors des 15 années précédentes.
Suspicion d’exposition à l’amiante
D’après une publication du programme des Nations unies pour l’environnement (Unep) début juillet, ces débris exposeraient la population à des risques sanitaires. L’agence estime à 3,7 tonnes la quantité d’amiante issue de bâtiments anciens, et à 2,6 tonnes celle des déchets toxiques dans les débris de structures industrielles.
Plusieurs camps de réfugiés, comme ceux de Jabaliya (nord), Nousseirat, al-Maghazi (centre), Khan Younès et Rafah (sud) se situent ainsi à proximité immédiate de « débris potentiellement contaminés par de l’amiante », selon l’Unep.
La moitié des hôpitaux « partiellement » opérationnels
Les hôpitaux ont été endommagés par les raids de l’armée israélienne, qui a accusé à plusieurs reprises les combattants du Hamas de s’en servir comme bases pour s’abriter ou lancer des attaques. Un assaut israélien sur l’hôpital al-Chifa, le plus grand hôpital de Gaza, l’a réduit à une « coquille vide avec des tombes », selon l’OMS.
Au 30 juin, seuls 18 des 36 hôpitaux (50%) étaient « partiellement » opérationnels, selon l’ONU. Sur 163 établissements de santé, moins de 40% (63) étaient aptes à délivrer des soins.
Près de 90% des écoles endommagées
Les bâtiments scolaires, qui servent de refuge aux déplacés notamment ceux sur lesquels flotte le drapeau bleu de l’ONU, payent également un lourd tribut, l’armée accusant le Hamas de les utiliser pour cacher des combattants.
L’Unicef comptabilisait au 4 avril 501 écoles endommagées sur 564 établissements qu’il a répertoriés, soit près de 9 écoles sur 10. Parmi elles, 95 ont été endommagées (potentiellement sévèrement) et 406 directement touchées.
7 fois moins de lumière
Avant le conflit, la bande de Gaza était alimentée en moyenne 12 heures par jour, d’après des chiffres du bureau des Nations unies pour les affaires humanitaires (Ocha). Mais en 2024, le réseau électrique n’était plus disponible à aucune heure de la journée.
Faute de carburant, l’unique centrale électrique de la bande de Gaza a cessé de fonctionner dès les premiers jours du conflit, et les lignes électriques provenant d’Israël ont été coupées. Ces deux sources réunies répondaient à 43% de la demande gazaouie en électricité en 2022, le reste de cette demande restait insatisfait.
La nuit, le territoire palestinien est plongé dans le noir.
L’AFP a analysé les données du projet BlackMarble de la Nasa, mesurant la radiance (puissance du rayonnement lumineux) à la surface du sol.
En moyenne de janvier à mai 2025, la radiance dans la bande de Gaza la nuit a été divisée par 7 par rapport aux cinq mois précédant le début du conflit (mai à septembre 2023).
Elle est même divisée par 16 entre ces deux dates pour la ville de Gaza.
Un seul secteur a conservé une luminosité comparable à celle d’avant-guerre : le couloir de Philadelphie, bande de terre séparant la bande de Gaza de la frontière égyptienne et contrôlée par l’armée israélienne.
Source: Avec AFP