L’armée d’occupation israélienne traverse une période de confusion et de désarroi qui s’aggrave de jour en jour, la guerre dans la bande de Gaza se poursuivant depuis octobre 2023 sans stratégie ni horizon politique clairs.
Au cœur de cette crise croissante se trouve le chef d’état-major de l’armée d’occupation, le général Eyal Zamir, qui s’est retrouvé en conflit direct avec la classe politique, et notamment avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Lors de récentes consultations au sein du cabinet, Zamir a déclaré que « les opérations militaires ont atteint leurs limites et un cessez-le-feu et un accord d’échange de prisonniers sont nécessaires et réalistes ».
Cependant, cette position a été catégoriquement rejetée par Netanyahu et ses partisans, qui ont vivement attaqué Zamir lors de séances à huis clos, l’accusant de défaitisme et d’être entraîné dans un programme qui « saperait la victoire ».
Cependant, cet affrontement n’est pas le premier du genre. Cela rappelle des positions similaires de l’ancien chef d’état-major Herzi Halevi, qui avait également appelé à une réévaluation de la faisabilité de la poursuite des opérations à Gaza, avant de quitter son poste dans un contexte de tensions avec les dirigeants politiques.
Compte tenu de l’impasse et des tensions croissantes entre les dirigeants israéliens, il est probable que Zamir démissionne si les responsables politiques insistent pour poursuivre la guerre sans plan de sortie clair.
Selon certaines estimations israéliennes, Zamir, conscient de la gravité de la situation, dispose d’une arme politique contre les dirigeants, qu’il pourrait utiliser si la crise s’aggrave et qu’un règlement sur la question des captifs ou une trêve temporaire ne sont pas trouvés.
Les analyses israéliennes estiment que le message implicite de l’establishment militaire est devenu clair : « l’armée ne peut poursuivre une guerre sans fin qui ne parvient pas à atteindre de véritables objectifs, alors que le front intérieur s’érode et la confiance dans les dirigeants décline ».
Si l’affrontement entre l’armée d’occupation et les dirigeants politiques se poursuit, il pourrait conduire à l’un des scénarios les plus dangereux de l’histoire des relations entre les deux institutions en ‘Israël’.
Le gouvernement Netanyahu traverse une crise de confiance
Dans ce contexte, un nouveau sondage réalisé par l’Institut israélien d’études de sécurité nationale (INSS) révèle une baisse de confiance des Israéliens dans l’action de l’armée et du gouvernement face à l’agression en cours contre Gaza, notamment sur la question des prisonniers et l’aggravation de la catastrophe humanitaire.
Selon les résultats du sondage, 61 % des Israéliens ne croient pas que les opérations militaires en cours dans la bande de Gaza entraîneront le retour des captifs israéliens détenus par la résistance palestinienne.
Le sondage révèle également une baisse de confiance dans l’armée israélienne, qui est passée à 77 %, contre 83 % lors d’un sondage similaire réalisé en mai dernier.
Concernant l’échec de l’accord d’échange de prisonniers, 52 % des colons imputent la responsabilité de l’obstruction au gouvernement Netanyahu, reflétant ainsi la critique croissante de l’action des dirigeants politiques sur cette question.
En revanche, concernant la crise humanitaire dans la bande de Gaza, seulement 36 % des Israéliens ont exprimé leur inquiétude face aux conditions tragiques auxquelles est confrontée la population palestiniennes, tandis que 62 % ont déclaré ne pas être préoccupés par cette crise, ce qui indique la disparité persistante des attitudes du public israélien envers la guerre et ses répercussions humanitaires.
Rappelons que plus de 60.000 Palestiniens, dont une majorité de femmes et d’enfants, sont tombés en martyrs depuis le début de la guerre génocidaire israélienne contre Gaza, le 7 octobre 2023.
Netanyahu fait la sourde oreille aux familles des captifs. Sa protection à l’ordre du jour du cabinet israélien
Entre-temps, les médias israéliens ont vivement condamné l’attention portée par le gouvernement israélien à l’examen des menaces présumées pesant sur la vie du Premier ministre Benjamin Netanyahu et de sa famille. Netanyahu faisant la sourde oreilles aux familles d’une cinquantaine de prisonniers israéliens qui sont toujours détenus par la résistance à Gaza, dont deux apparaissant récemment dans un état d’amaigrissement extrême.
Les Brigades al-Qods et les Brigades al-Qassam du Jihad islamique et du Hamas ont diffusé trois vidéos de deux captifs amaigris par la faim, subissant le même sort que celui des Palestiniens de la bande de Gaza.
Bien que les familles des captifs israéliens à Gaza ont manifesté samedi réclamant un accord pour les libérer tous, la prochaine réunion du gouvernement, prévue lundi au lieu de dimanche, abordera « l’incitation à la violence et les menaces contre la vie du Premier ministre et de sa famille, ainsi que la nécessité de renforcer leur protection », a rapporté le quotidien israélien Yedioth Ahronoth.
Cette question a été soulevée pour la première fois par des ministres du Likoud, dont Yariv Levin, Orit Silman, Yoav Kish et Maki Zohar, suite à l’arrestation de Tamar Gershuni (73 ans), accusée d’avoir planifié l’assassinat de Netanyahu au lance-roquettes.
En revanche, le chef de l’opposition israélienne, Yaïr Lapid, a critiqué cette approche : « Lundi, pour la 7 000e fois, le gouvernement débat des menaces contre la vie de Netanyahu, alors même qu’il est la personne la plus protégée d’Israël. »
Il a ajouté : « Je suggère de remplacer cette question par une discussion sur les menaces plus réalistes qui pèsent sur la vie du prisonnier David Evyatar.»
Par ailleurs, le gouvernement israélien débattra de la révocation de la procureure générale Gali Baharav-Miara lors de sa session. Cette décision a suscité les critiques du président israélien Isaac Herzog.