La présidence de la plus grande association mondiale de chercheurs spécialisés dans la recherche sur le génocide a annoncé lundi avoir adopté une résolution affirmant que les critères juridiques permettant de prouver le génocide commis par Israël à Gaza étaient remplis.
86 % des 500 membres de l’Association internationale des chercheurs sur le génocide (International Association of Genocide Scholars- IAGS) dont le siège se trouve aux Etats-Unis ont voté en faveur de cette résolution, qui affirme que la politique et les actions d’Israël à Gaza répondent à la définition juridique du génocide énoncée à l’article II de la Convention des Nations unies de 1948 pour la prévention et la répression du crime de génocide.
Dans son rapport, l’IAGS a déclaré que, depuis le 7 octobre 2023, le gouvernement israélien s’est livré à des crimes contre l’humanité, des crimes de guerre et un génocide généralisés et systématiques. Ces crimes comprennent des attaques aveugles contre des civils et des infrastructures civiles, notamment des hôpitaux, des habitations, des bâtiments commerciaux et d’autres installations, ainsi que des actes de torture et des privations de nourriture et d’eau.
Selon cette ONG qui fait office d’expertise pour les tribunaux amenés à juger et condamner les crimes de génocide, l’armée israélienne a tué ou blessé plus de 50 000 enfants, ce qui constitue un facteur de génocide car il vise la survie d’un groupe entier. Elle lui reproche aussi d’avoir attaqué des travailleurs humanitaires, du personnel médical et des journalistes.
Son rapport a souligné que la réponse d’Israël à l’attaque du 7 octobre 2023 visait non seulement le Hamas, mais aussi l’ensemble de la population de Gaza.
Il insiste que la communauté internationale a la responsabilité de prévenir le génocide en remplissant ses obligations au titre de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide.
Le rapport reconnaît que les prétendues mesures de sécurité contre les membres d’un groupe, en référence à ce qu’Israël qualifie d’actions de sécurité contre le Hamas, servent souvent de prétexte à des massacres et à des génocides.
L’IAGS a appelé le gouvernement israélien à cesser immédiatement tous les actes qui constituent un génocide, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité contre les Palestiniens de Gaza, y compris les attaques délibérées et le meurtre de civils, la famine et le refus d’aide humanitaire, d’eau, de carburant et d’autres fournitures essentielles à la survie de la population.
Elle a également appelé le gouvernement israélien à se conformer aux mesures conservatoires ordonnées par la Cour internationale de Justice et a exigé que les États parties à la Cour pénale internationale remettent toute personne faisant l’objet d’un mandat d’arrêt, faisant référence aux deux mandats d’arrêt émis contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.
« Une position scientifique »
Dans une interview accordée à la chaine qatarie Al Jazeera, le vice-président de cette association, Timothy Williams, a affirmé avoir obtenu, au cours des deux dernières années, des preuves irréfutables confirmant que les actions d’Israël dans la bande de Gaza constituent un génocide manifeste.
Selon M. Williams, l’association s’emploiera à exhorter les pays à punir Tel-Aviv et à cesser les livraisons d’armes, ayant confirmé son intention claire et déclarée de détruire et d’éliminer les Palestiniens de Gaza.
L’association s’efforcera aussi de pousser les pays à considérer l’avenir des Palestiniens d’une manière qui rejette les plans qui violent les droits restants des Palestiniens, comme le plan du président américain Donald Trump visant à déplacer la population de la bande de Gaza, a déclaré Williams.
Le Bureau de presse du gouvernement à Gaza a salué la confirmation par l’Association internationale des spécialistes du génocide que l’occupation commet un génocide dans la bande de Gaza, affirmant que sa position scientifique renforce les preuves présentées devant les tribunaux internationaux.
En décembre 2023, l’Afrique du Sud a intenté une action en justice contre Israël devant la Cour internationale de Justice, l’accusant d’avoir commis des actes de génocide contre le peuple palestinien dans la bande de Gaza. D’autres pays se sont ensuite joints à la procédure.
Ce lundi, la Slovénie a déclaré qu’elle envisage de se joindre au procès intenté par l’Afrique du Sud contre Israël
En janvier 2024, la Cour internationale de Justice a émis des ordonnances conservatoires exigeant qu’Israël prenne des mesures pour prévenir tout acte pouvant être qualifié de génocide et pour garantir l’acheminement de l’aide humanitaire.
Le procès est toujours en cours et il faudra probablement des années avant qu’une décision finale ne soit rendue, comme c’est souvent le cas dans les affaires de génocide portées devant le tribunal.
59 martyrs ce lundi
Des sources hospitalières de la bande de Gaza ont fait état que 59 Palestiniens sont tombés en martyrs depuis l’aube, dont 35 martyrs dans la seule ville de Gaza. Ces sources ont précisé que parmi les martyrs figuraient 12 personnes qui attendaient la distribution de l’aide dans le sud de la bande de Gaza.
Le ministère de la Santé de la bande de Gaza a pour sa part annoncé la mort de 9 Palestiniens, dont 3 enfants, en 24 heures, en raison de la famine. Ce qui porte à 348 le nombre total de morts par famine depuis le début de la guerre, dont 127 enfants.