Les bateaux de la Flottille humanitaire Sumud de solidarité avec Gaza (Global Sumud Flotilla) qui sont arrivés vendredi au port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie, en provenance du port de Sidi Bou Saïd devraient entamer leur périple vers la bande de Gaza ce samedi soir.
Ayant pour objectifs d’acheminer de l’aide humanitaire à l’enclave et briser le blocus inhumain qu’Israël lui inflige, l’escortant de sa guerre génocidaire, les bateaux avaient appareillé jeudi avec un retard de 24 heures en raison des conditions météorologiques difficiles en Méditerranée ces derniers jours.
La météo et des blocages
Sous couvert d’anonymat, plusieurs membres tunisiens de l’organisation avaient confié mercredi leurs doutes sur l’avenir du convoi. Si les orages sont la raison officielle du report, ils évoquent également des blocages d’ordre sécuritaire, administratif et logistique. En outre, plusieurs navires doivent encore subir des vérifications techniques et ne sont toujours pas prêts à prendre la mer, rapporte le site web du journal français Le Monde.
Cependant, une vingtaine de navires ont appareillé jeudi matin du port de Sidi Bou Saïd vers le port de Bizerte, tandis que 10 autres navires en provenance d’Espagne étaient déjà arrivés au port, a assuré le membre du comité directeur de la flotte, Khaled Boujemaa, pour la chaine qatarie al-Jazeera
« Pour ces gamins, nous irons jusqu’au bout »
Les participants à la flottille de la délégation française « Waves of Freedom France » ont expliqué sur leur site dans des termes de solidarité émouvante et sincère les raisons qui les ont motivés.
« Pour ces gamins que j’ai soignés à Gaza et avec qui je suis toujours en contact, je ferai tout j’irai jusqu’au bout », a écrit Dr Yacine Haffaf, médecin humanitaire et président de de cette délégation. Chirurgien expérimenté avec plus de 25 missions humanitaires dont deux à Gaza (MSF, Croix-Rouge, Palestine Médicale France), il avait participé à la Global March to Gaza de juin 2025 qui avait réuni plus de 4 000 personnes de 80 pays au départ du Caire. Les autorités égyptiennes avaient alors entravé cette mission.
« Nous avons tenté Gaza à pied nous y retournerons en voiliers », avait-il alors promis.

« Sauver ce qui reste d’humanité »
« Qui sauve une vie sauve l’humanité », c’est en se référant sur ce dicton inspiré d’un verset coranique que Florence explique son action. Selon elle « chaque intention de rendre la dignité à tout un peuple qui souffre si cruellement contribue à protéger l’équilibre de l’humanité ».
« Vos vies valent à nos yeux nous ferons tout pour vous le montrer », a écrit Sylvie en s’adressant aux Gazaouis.
« Que vaut l’humanité face à une exécution d’enfants ? j’essaye de faire partie de la réponse », a soutenu Alian.
Déplorant l’inaction des gouvernements occidentaux « face à un génocide ou le mot Humanité perd tout son sens », Fadila explique : « Que dirons-nous à nos futures générations ? On a vu, entendu mais on n’a rien fait ?… Non, nous agissons vite pour la fin du blocus à Gaza ».
« Je me suis engagée pour porter l’espoir au large parce que les âmes de Gaza ne doivent pas être oubliées et que la solidarité peut sauver ce qu’il reste d’humanité », a écrit Marilyn.

A quoi ça sert?
Le site apporte un réponse à la question « A quoi ça sert si les bateaux sont interceptés » ?
Exprimant le souhait que certains bateaux puissent passer, tout en admettant que l’aide apportée est de loin suffisante, il affirme que le but est aussi de « mobiliser l’opinion publique et d’interpeler les consciences et de mettre fin à l’inaction des Etats ».
« Quoi qu’il advienne, notre action représentera un coût financier, logistique, médiatique et politique pour les autorités israéliennes », estime-t-il le cas contraire.

Un Américain au peuple palestinien : « Nous sommes toi »
« Chère Gaza, ce message vient du cœur de la Flottille mondiale du Sumud. Les vétérans américains à bord expriment une solidarité indéfectible avec les mères et les enfants de Gaza. Ils reconnaissent la complicité de leur gouvernement, mais leur conscience les pousse à agir. Ils sont en route pour briser le siège illégal et ouvrir un couloir humanitaire », a déclaré l’un des participants américains à la flottille sur la plateforme Telegram de la flottille.
Il a conclu en reprenant les paroles « du regretté poète Refaat Alareer : « Je suis toi. » Pour le peuple de Palestine, nous sommes toi. Il n’existe aucune distinction ni séparation entre nous ».
Avant leur appareillage du port Sidi Bou Saïd, deux des bateaux de la flottille avaient fait l’objet dans les nuits du 8 et 9 septembre de deux attaques aux drones incendiaires, vraisemblablement commandités par Israël, selon les organisateurs.
 Albanese : « Un test d’humanité »
Albanese : « Un test d’humanité »
La Rapporteure spéciale des Nations Unies, Francesca Albanese, qui se trouve en Tunisie, avait alors assuré que ces attaques contre notre flottille qui ont pour but de les « intimider et les dissuader » « ne font que montrer jusqu’où Israël est prêt à aller, poussé par la peur, pour maintenir son siège illégal sur Gaza ».
Déplorant l’impunité de l’entité sioniste qui « a permis des décennies d’occupation et de crimes contre les Palestiniens », elle a assuré que « les États ont le devoir d’agir, de protéger cette mission et de mettre fin à toute complicité. »
Et de conclure : « C’est un test d’humanité. Le monde doit briser le siège. »
Shirin Abu Akleh et Fatima Hassouna
La flotte comprend environ 36 embarcations, dont certains ne sont pas encore entièrement équipés, avec des bateaux italiens et espagnols et un navire égyptien qui a obtenu une autorisation spéciale du Caire pour se joindre ultérieurement.
Entre 500 et 700 militants de plus de 40 pays participent au voyage, parmi lesquels des défenseurs des droits de l’homme et des spécialistes de la documentation des violations du droit international.
La flottille sera accompagnée d’un navire de surveillance portant le nom de la défunte journaliste d’al-Jazeera, Shirin Abu Akleh , en hommage aux martyrs du journalisme palestinien tués par Israël, tandis qu’un autre navire nommé Fatima Hassouna rejoindra la flottille depuis Bizerte dans le même but symbolique.
Les premiers navires de la flotte ont appareillé fin août dernier depuis le port espagnol de Barcelone, suivis d’un autre convoi depuis le port italien de Gênes début septembre.
C’est la première fois qu’un nombre aussi important de navires naviguent ensemble vers Gaza, alors qu’Israël avait à deux reprises intercepté et confisqué des navires individuels.
Une action légale au regard du droit international
Sur leur site web, les organisateurs rappellent que leur action est « légale au regard du droit international », expliquant que le blocus de la bande de Gaza par l’occupation israélienne constitue « une punition collective et une violation des Conventions de Genève ».
Et de persister : « Les navires civils transportant de l’aide humanitaire ou participant à des manifestations pacifiques dans les eaux internationales sont protégés par le droit de la mer ».
« Le terrorisme ne nous fait pas peur »
Alors que l’entité sioniste étend, en toute impunité, grâce au soutien occidental, le champ de ses violations a tous les peuples de la région, y compris ceux du peuple palestinien, les organisateurs s’attendent à des agressions israéliennes contre leur flottille, mais semblent plus déterminés que jamais.

« Le terrorisme ne nous fait pas peur. Les tueries ne nous extermineront pas. Le Flottille de la libération persistera à poursuivre son chemin », a assuré l’un des participants, le directeur de l’Observatoire marocain pour la lutte contre la normalisation, D. Ahmad Ouihmane.
Chef de la délégation marocaine, il indique que 23 bateaux se préparent au voyage des ports tunisiens au soir de ce 13 septembre.

« Malgré les agressions via les drones et les complications politiques et sécuritaires, la détermination est plus forte. Ce que la politique a été incapable de faire, les bateaux de la Sumud/Persévérance le portera sur l’eau », a-t-il ainsi résumé l’action de la flottille Sumud sur sa page Facebook. « Nos yeux sont rivés sur la mer mais nos cœurs sont avec les assiégés à Gaza »
Et de conclure par ce verset coranique : « A Dieu revient le commandement, avant et après ».
Source: Divers
 
 


