La Russie a opposé mercredi son veto à une résolution sur la récente attaque chimique en Syrie, lors d’un vote au Conseil de sécurité de l’Onu à New York.
Selon l’ambassadeur russe auprès de l’Onu Vladimir Safronkov, le projet de résolution légitimerait de fait les frappes portées par les Etats-Unis contre la base aérienne syrienne de Chaayrate.
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avait qualifié mercredi de contreproductive la tentative de faire adopter ce projet de résolution qui juge Damas coupable de l’attaque chimique de Khan Cheikhoun, au lieu d’être consacré à l’enquête de cette tragédie.
Dix membres du Conseil de sécurité ont voté pour le projet de résolution proposé par le Royaume-Uni, la France et les États-Unis et prévoyant d’inviter le secrétaire général de l’Onu à contribuer à l’enquête sur l’emploi présumé d’armes chimiques en Syrie, y compris à Khan Cheikhoun.
La Bolivie a aussi voté contre. La Chine, l’Ethiopie et le Kazakhstan se sont abstenus pendant le vote.
Il s’agit d’une nouvelle version pratiquement inchangée du projet de résolution présenté la semaine dernière par les mêmes pays. Le projet contient un appel adressé aux autorités syriennes à ouvrir l’accès des bases aériennes pour les experts de l’Onu et de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC).
La Russie avait antérieurement présenté sa version du projet de résolution.
Selon le ministère russe des Affaires étrangères, ce texte « prévoit de lancer une enquête réelle au lieu de nommer les coupables avant qu’on fasse la lumière sur cette affaire ».
« C’est la huitième fois que la Russie choisit de s’opposer ainsi à la majorité du Conseil […]. La France n’avait ménagé aucun effort, y compris vis-à-vis de la Russie, pour réunir un consensus sur ce texte », a pour sa part déclaré le Président Français Hollande dans un communiqué publié mercredi soir par l’Élysée.
Le 28 février dernier, la Russie et la Chine ont déjà opposé leur veto à la résolution du Conseil de sécurité prévoyant l’imposition de sanctions contre les représentants syriens qui pourraient être impliqués dans l’utilisation d’armes chimiques.
Mardi 4 avril, une frappe aérienne sur la ville de Khan Cheikhoun dans la province d’Idlib, en Syrie, a été suivie par l’intoxication aux produits chimiques de nombreux habitants.
Des sources locales proches de l’opposition font état de 80 morts et de 200 blessés et en imputent la responsabilité aux forces gouvernementales syriennes. Celles-ci rejettent ces accusations et expliquent que le bombardement aérien sur Khan Cheikhoun a touché un entrepôt d’armes chimiques de groupes terroristes, dont les agents actifs ont alors contaminé la population.
Les autorités russes demandent une enquête impartiale sur cette affaire avec l’implication de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC). En l’absence d’une telle enquête, l’origine de l’intoxication aux produits chimiques des habitants de Khan Cheikhoun reste donc controversée.
Source: Sputnik