Le secrétaire américain à la Défense Jim Mattis est arrivé à Ankara mercredi pour des discussions avec le président turc Recep Tayyip Erdogan ainsi que d’autres responsables politiques, notamment sur la question du soutien américain aux milices kurdes syriennes qu’Ankara considère comme terroristes.
Les Etats-Unis ont annoncé en mai avoir commencé à envoyer des armes et des véhicules aux Unités de protection du peuple kurde (YPG) pour lutter contre Daech (Etat islamique-EI) en Syrie.
Les Forces démocratiques syriennes (FDS), dont les YPG sont la principale composante, mènent actuellement l’assaut contre Raqqa, principal bastion de l’EI en Syrie.
Mais la Turquie considère les YPG comme une « organisation terroriste », émanant du Parti des travailleurs du Kurdistan turc (PKK), lui-même classé « organisation terroriste » par Ankara et ses alliés occidentaux.
Ankara craint que les armes fournies aux milices kurdes syriennes ne parviennent ensuite au PKK et se retournent contre elle.
La Turquie redoute également la création d’un Etat kurde autonome à sa frontière et a lancé en août 2016 une offensive terrestre dans le nord de la Syrie afin de repousser l’EI de sa frontière et empêcher la jonction des différentes zones contrôlées par les YPG.
« La Turquie n’autorisera pas l’ouverture d’un corridor terroriste en Syrie vers la mer Méditerranée », a déclaré mardi le président turc, selon des propos rapportés mercredi par le quotidien Hürriyet. « Quel que soit le prix à payer, nous interviendrons. »
La Turquie a ainsi menacé à plusieurs reprises ces dernières semaines d’intervenir militairement, notamment dans le « canton » kurde d’Afrin, dans le nord-ouest de la Syrie.
« Notre détermination à propos d’Afrin est la même. Nos plans se poursuivent comme prévu », a assuré M. Erdogan, selon des propos recueillis par le quotidien Hürriyet à bord de l’avion qui le ramenait mardi d’une visite diplomatique en Jordanie.
Un autre sujet abordé au cours de la visite de M. Mattis sera le référendum sur l’indépendance du Kurdistan irakien qui doit se tenir le 25 septembre.
Le secrétaire américain à la Défense a rencontré mardi le leader kurde irakien Massoud Barzani pour exprimer l’opposition des Etats-Unis à un tel référendum.
La Turquie y est également vigoureusement opposée, malgré les bonnes relations qu’elle entretient avec M. Barzani.
Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu était en Irak mercredi où il devait rencontrer les responsables irakiens à Bagdad, mais aussi M. Barzani à Erbil.
Washington est par ailleurs inquiet du rapprochement entre Ankara et Téhéran, notamment après la visite en Turquie du chef d’état-major iranien la semaine dernière.
Interrogé après cette visite sur une possible opération turco-iranienne contre les rebelles kurdes dans le nord de l’Irak, M. Erdogan avait affirmé qu’une telle éventualité était « toujours à l’ordre du jour ».
Mais les Gardiens de la révolution en Iran ont démenti mardi soir toute opération hors des frontières de l’Iran.
Source: AFP