La polyphonie constatée dans les milieux politiques à Moscou sur le retrait des forces militaire étrangères de Syrie a donné lieu à diverses interprétations.
Lors d’une courte rencontre inopinée, le jeudi 17 mai à Sotchi, avec son homologue syrien Bachar al-Assad, le président russe Vladimir Poutine a indiqué que vu les grandes victoires accumulées par l’armée syrienne dans la guerre contre le terrorisme et au seuil d’une étape plus sérieuse qui est celle du processus politique, les forces militaires étrangères se retireraient du territoire syrien.
Les déclarations du président russe ont donné lieu à diverses estimations et interprétations. Pour d’aucuns, Poutine faisait allusion au retrait des forces militaires russes de Syrie tandis que pour d’autres, il s’agissait d’un message à l’adresse des États-Unis pour qu’ils mettent fin à toute intervention illégale en Syrie.
L’envoyé spécial du président russe pour la Syrie Alexandre Lavrentiev a déclaré, le jeudi 17 mai, lors d’une conférence de presse à Sotchi, que toutes les forces militaires étrangères devraient se retirer de la Syrie après la défaite de Daech.
« La conversation porte sur toutes les unités militaires étrangères en Syrie, y compris les Américains, les Turcs, le Hezbollah et bien sûr les Iraniens », a déclaré Lavrentiev cité par Sputnik, rappelant que ce retrait n’inclut pas la Russie qui a deux bases permanentes en Syrie. « À l’exception de nos deux bases, il n’y a rien, et avec la stabilisation de la situation, nous aurons bien sûr toujours ces deux bases », a-t-il dit.
En même temps, le porte-parole du Kremlin a annoncé que les forces militaires étrangères qui se sont déployées, illégalement, sur le territoire syrien devaient quitter le pays.
Ce n’est pas, certes, le cas ni des militaires iraniens ni ceux de la Russie dans la mesure où le gouvernement syrien avait demandé, lui-même, la contribution de l’Iran et de la Russie à son combat contre les terroristes. Ceci dit, le porte-parole du Kremlin évoquait, en fait, les troupes militaires, européennes, turques, etc.
Cette ambiguïté de position de la part de la Russie peut être, tout simplement, intentionnelle, estiment certains analystes. Les Russes voulaient ainsi préparer le terrain à un marchandage qui finirait en leurs propres faveurs. C’est, toutefois, une hypothèse qui ne tient pas beaucoup. La Russie a, déjà, une mauvaise expérience de l’époque après l’effondrement du mur de Berlin et de l’ex-Union soviétique. Ayant perdu ses alliés, elle s’est vue confrontée au maximalisme sans fin des États-Unis et de l’Europe. Ceci dit, il est peu probable que les Russes commettent, encore une fois, cette erreur en abandonnant leurs alliés stratégiques et cela pour recevoir quelques concessions de la moindre importance.
Il paraît que les Russes cherchent, ainsi, à calmer Washington et Tel-Aviv, très en colère des victoires successives de l’armée syrienne et de la Résistance en Syrie et dans la région.
La rencontre Poutine/Assad a eu lieu alors que l’armée syrienne a enregistré de nouvelles victoires remarquables dans les régions sous contrôle des opposants au gouvernement. Le Kremlin a annoncé, après le retour de Bachar al-Assad à Damas, que le président syrien avait effectué un court séjour à Sotchi. Le président russe a félicité le début du mois de Ramadan à son homologue syrien et salué les grandes victoires de l’armée dans sa lutte contre le terrorisme, victoires qu’il a considérées comme de pas géants dans le sens d’asseoir la souveraineté du gouvernement légal et légitime syrien sur l’ensemble du territoire du pays et de la relance du processus politique. C’est justement l’objectif sur lequel, Moscou reste déterminé à encourager Damas à se focaliser.
La dernière rencontre des deux présidents russe et syrien date du 11 décembre 2017 où le chef d’État russe a visité la base aérienne de Hmeimim en Syrie. Quelques semaines plus tôt, le 20 novembre 2017, le président syrien avait rencontré son homologue russe à Sotchi. Là, Assad avait, aussi, fait connaissance de quelques hauts responsables du ministère de la Défense, du chef d’état-major de l’armée et d’autres figures militaires importantes de la Russie qui avaient joué un rôle déterminant dans la collaboration militaire russe en Syrie.
Source: PressTV