La situation en Arabie saoudite est instable depuis l’arrivée au pouvoir de Mohammad Ben Salman et le régime saoudien est au seuil de l’effondrement, a déclaré Madawi al-Rasheed, professeur d’anthropologie sociale au King’s College de Londres.
Mme al-Rasheed, qui s’exprimait le 4 septembre lors d’une réunion consacrée aux relations saoudo-britanniques et organisée par le think tank britannique Chatham House, a noté qu’il ne fallait pas s’attendre en Arabie saoudite à une révolution similaire à celle qu’a connue l’Égypte. Elle a cependant ajouté que le régime au pouvoir à Riyad était en train de s’effondrer de l’intérieur.
L’universitaire saoudo-britannique a déclaré que depuis l’arrivée au pouvoir de Ben Salmane, des milliers de militants politiques ont été emprisonnés en Arabie saoudite, que la population du pays était en colère et que de telles conditions ne sauraient durer.
« Le Royaume-Uni devrait prendre ses distances le plus tôt possible avec l’Arabie saoudite, car l’évolution de la situation dans ce pays aboutira éventuellement à une relation chaotique entre les deux parties », a noté la professeur d’anthropologie sociale.
Lors de cette réunion, d’autres intervenants ont exposé leurs points de vue sur les évolutions régionales, notamment la poursuite des attaques saoudiennes au Yémen, la poursuite de la coopération militaire avec l’Arabie saoudite, la « rivalité irano-saoudienne » et la prise de parti de Londres en faveur de Riyad.
Par ailleurs, Armida van Rij, chercheur en politique de défense et de sécurité au King’s College de Londres, a dit que les liens actuels entre Londres et Riyad étaient basés sur des fondements sécuritaires et économiques.
« En ce qui concerne les coopérations sécuritaires, le Royaume-Uni justifie ses politiques envers l’Arabie saoudite dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, a-t-il expliqué. » Et d’ajouter que Londres avait besoin de Riyad dans la lutte contre le terrorisme, sinon les rues de Londres seraient en proie à l’insécurité et aux attaques terroristes.
« Contrairement à ce que l’on dit de l’influence exercée par le Royaume-Uni sur les politiques saoudiennes, c’est l’Arabie saoudite qui impose ses politiques à Londres », a estimé Armida van Rij.
L’autre intervenante de la réunion de Chatham House, le Dr Mai Yamani, a évoqué la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne et les réformes adoptées par le prince héritier saoudien, tout en les qualifiant de changements politiques majeurs. « Les politiques intérieures saoudiennes et les réformes de Ben Salmane ont échoué. La politique étrangère du pays, trop ambitieuse, est agressive et alarmante », a-t-elle ajouté.
La chercheuse britannique a déclaré que la principale préoccupation de l’Arabie saoudite était l’influence de l’Iran dans la région, alors que Riyad, avec ses revenus pétroliers, tentait de réprimer les protestations à l’intérieur du pays et d’étendre sa domination et son influence dans la région.
En dépit des relations diplomatiques étroites entre le Royaume-Uni et l’Arabie saoudite, l’opinion publique britannique critique les politiques du régime saoudien dans la région, en particulier les crimes commis par ce régime dans la guerre contre le Yémen.
Des centaines de manifestants se sont rassemblés devant le bureau de la Première ministre britannique à Londres en mars dernier lors de la visite du prince héritier d’Arabie saoudite à Londres et criaient le slogan « À bas les Saoud ».
La visite du prince héritier saoudien au Royaume-Uni a été considérée par les militants des droits de l’homme comme un blanc-seing autorisant à l’Arabie saoudite d’intensifier ses crimes au Yémen.
Depuis le début de la guerre contre le Yémen, le Royaume-Uni a vendu à l’Arabie saoudite pour plus de 6,4 milliards de dollars d’armes et d’équipements militaires.
Source: Avec PressTV