La Russie a frappé samedi la capitale ukrainienne, Kiev, avec des centaines de drones et dizaines de missiles, faisant deux morts et provoquant des coupures de courant dans des centaines de milliers de foyers.
Dans la nuit de vendredi à samedi, une journaliste de l’AFP a entendu une série de fortes explosions à Kiev. La capitale a été visée par plus de 519 drones et 40 missiles, dont respectivement 474 et 29 ont été abattus, selon l’armée de l’air ukrainienne.
Ces attaques ont provoqué un incendie dans un immeuble résidentiel et fait un mort et 28 blessés, selon le maire Vitali Klitschko. Il a ajouté que « 2.600 immeubles d’habitation, 187 crèches, 138 écoles et 22 établissements sociaux » étaient privés de chauffage.
Elles ont également coûté la vie à une personne et fait huit blessés dans la région de Kiev, a indiqué le gouverneur Mykola Kalachnyk.
Selon la Première ministre Ioulia Svyrydenko, près de 600.000 foyers sont privés d’électricité.
Ces nouvelles frappes montrent que la Russie « ne veut pas mettre fin à la guerre », a déclaré Volodymyr Zelensky, qui s’exprimait avant son départ pour les Etats-Unis.
Cette réunion portera sur l’épineuse question des territoires et celles des garanties de sécurité occidentales, dans le cadre des efforts de Washington pour mettre fin à quatre ans de guerre avec la Russie.
Moscou refuse le nouveau plan américain
Le président ukrainien a présenté cette semaine la nouvelle mouture de ce document, retravaillé après d’âpres négociations avec Kiev.
Cette nouvelle version propose un gel du front aux positions actuelles sans offrir de solution immédiates aux revendications territoriales de la Russie, qui contrôle environ 19% de l’Ukraine.
Contrairement à la version originale du plan américain, qui était considéré par Kiev comme trop favorable à Moscou, le nouveau document abandonne deux exigences clés du Kremlin : un retrait des troupes ukrainiennes de la région orientale de Donetsk et un engagement de l’Ukraine juridiquement contraignant de non-adhésion à l’Otan.
Dans ces conditions, la validation de cet accord par Moscou paraît improbable. Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, a ainsi accusé vendredi Kiev et ses alliés européens de « redoubler d’efforts » pour « torpiller » les négociations, en poussant à des modifications inacceptables pour la Russie.
Le nouveau texte « diffère radicalement » de ce qui avait été négocié entre Washington et Moscou, a constaté M. Riabkov, appelant à revenir aux ententes antérieures, faute de quoi « aucun accord ne pourra être conclu ».
Selon Zelensky, les discussions avec M. Trump porteront sur les « questions sensibles » du sort du Donbass, région industrielle et minière de l’est l’Ukraine que Moscou revendique, et de la centrale nucléaire de Zaporijjia (sud) occupée par la Russie.
Les deux hommes évoqueront aussi les garanties de sécurité que les Occidentaux pourraient fournir à l’Ukraine dans le cadre d’un éventuel accord de paix avec la Russie.
« Il y a certaines questions dont nous ne pouvons discuter qu’au niveau des dirigeants », a expliqué le président ukrainien vendredi.
« Rien sans mon accord »
Volodymyr Zelensky « n’a rien tant que je ne donne pas mon accord », a averti vendredi Donald Trump, dans un entretien au site internet Politico. « Je pense que ça se passera bien avec lui. Je pense que ça se passera bien avec (le président russe Vladimir) Poutine », avec lequel il prévoit de s’entretenir « bientôt », a-t-il relevé.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a fait savoir vendredi qu’un « contact téléphonique » avait « eu lieu » entre Russes et Américains mais a refusé d’en révéler les détails.
Avant sa rencontre avec Donald Trump, Zelensky s’est entretenu vendredi avec plusieurs dirigeants dont le chancelier allemand Friedrich Merz, ainsi qu’avec le secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte.
Downing Street a fait savoir que le Premier ministre britannique Keir Starmer avait échangé vendredi après-midi avec le président français Emmanuel Macron et M. Merz, réaffirmant leur objectif d’une « paix durable ».
Nouvelles avancées russes
La Russie a par ailleurs revendiqué samedi la prise des villes de Myrnograd et de Gouliaïpolé, dans l’est de l’Ukraine, annonçant ainsi de nouvelles avancées sur le front.
Selon un communiqué du Kremlin, Vladimir Poutine a écouté un rapport de l’état-major de l’armée russe faisant état de « la libération des villes de Dimitrov (le nom russe de Myrnograd, ndlr) et de Gouliaïpolé ».
Myrnograd, située dans la région de Donetsk, est voisine de Pokrovsk, un important nœud logistique dont la conquête a été revendiquée par la Russie le 1er décembre, ce que Kiev a démenti.
Gouliaïpolé est située dans la partie orientale de la région méridionale de Zaporijjia, un secteur où les progressions russes ont été plus rares mais où celles-ci se sont accélérées ces derniers mois.
« Dans le Donbass et la région de Zaporijjia, l’offensive se déroule sur toute la ligne de contact », s’est félicité le chef de l’Etat russe, assurant que les troupes russes « intensifient la pression » sur l’armée ukrainienne, selon des propos retransmis à la télévision.
Nouveau scandale
Juste après le départ de Zelensky pour les Etats-Unis, un nouveau scandale de corruption a éclaté en Ukraine. L’agence nationale anticorruption (NABU) a accusé plusieurs députés d’avoir accepté des pots-de-vin en échange de leur vote au Parlement, et annoncé avoir tenté de perquisitionner des locaux gouvernementaux mais d’en avoir été empêchée par les forces de sécurité.
La présidence ukrainienne avait déjà été ébranlée en novembre par un vaste scandale de corruption dans le secteur énergétique impliquant des proches du président Zelensky. Son chef de cabinet, Andriï Iermak, le principal négociateur avec Washington, avait dû démissionner.
Source: Avec AFP



