Ces derniers temps, la Chine a dépensé chaque année plus de 200 milliards de dollars (16,4 mds EUR) pour importer des puces électroniques, ce qui rendait très vulnérable son économie sur fond de guerre commerciale imposée par les États-Unis. Un analyste chinois commente la situation pour Sputnik.
Les puces électroniques et les microprocesseurs sont un point faible de l’industrie chinoise, et l’année dernière, Pékin en a importé pour 260 milliards de dollars, ce qui lui a coûté plus que l’importation de pétrole, et voilà que le géant chinois des puces Huawei vient de présenter la puce maison nommée Kirin 980, gravée en 7nm.
Les tensions politiques poussent souvent les pays à promouvoir la recherche et le développement de leurs propres technologies par besoin de se passer des importations rendues impossibles. En avril dernier, par exemple, Washington a décidé de mettre fin aux exportations de composants américains destinés au groupe chinois ZTE, ce qui a mis à rude épreuve ce dernier qui a évité la faillite de justesse. Et bien que Donald Trump soit revenu sur cette décision plus tard, ZTE en a tiré une leçon amère.
L’affaire ZTE Corp a suscité de nombreuses inquiétudes autour de la dépendance de la Chine vis-à-vis des processeurs étrangers.
«Le principal est de réaliser une percée technologique, tout en surmontant le « blocus » des brevets. […] Il s’agit souvent des brevets pour des produits sans aucune valeur et ne servant qu’à créer des obstacles pour les concurrents. Quoi qu’il en soit, en développant sa propre production de puces, la Chine pourrait bien se heurter à l’opposition politique des États-Unis et de l’Europe», a estimé Mei Xinyu, du Centre de coopération économique et commerciale auprès du ministère chinois du Commerce, dans un entretien accordé à Sputnik.
Et de rappeler que la mise en place de la production nationale hautement technologique de puces électroniques et de microprocesseurs était une tâche stratégique assignée par le Président chinois Xi Jinping. L’interlocuteur de l’agence a exprimé la certitude que cette tâche serait accomplie dans les 5 à 10 ans à venir.
«L’histoire de ZTE ne fait qu’y contribuer. […] Cette attaque inédite des États-Unis contre la société chinoise a semé des doutes parmi les entreprises d’autres pays qui ont compris que les Américains n’étaient pas des partenaires fiables et qu’il faudrait sans doute chercher d’autres fournisseurs. […] En fait, Trump nous a fait de la publicité», a résumé M.Mei.
Dans ces conditions, les spécialistes chinois appellent le gouvernement à transformer la crise que connaît ZTE en une opportunité pour sensibiliser la population sur le rôle important des processeurs et à intensifier une action nationale pour mettre en avant l’utilisation de puces électroniques développées en Chine.
Source: Sputnik