Dans une interview accordée à la chaîne de télévision RT, l’ancien ministre géorgien de la Sécurité de l’État, Igor Guiorgadze, a appelé à mener une investigation sur le Centre pour la santé publique Richard G. Lugar en Géorgie, où Washington aurait testé des armes biologiques sur des humains.
Ce laboratoire a été fondé sous l’égide de la Défense américaine en 2004 et ouvert officiellement en 2011 sur l’ancienne base militaire russe près de Tbilissi.
«Il n’a pas été créé comme un établissement médical. L’objectif déclaré était la diminution des conséquences d’attaques biologiques possibles pour la population de la Géorgie. Il aurait pu s’agir d’épidémies, etc.», a expliqué M.Guiorgadze.
Selon lui, depuis son lancement, ce laboratoire a suscité des préoccupations de spécialistes et de la population locale qui se plaignaient de malaises et d’odeurs étranges.
«C’est Jeffrey Silverman [ex-conseiller de l’ancien Président géorgien Mikhaïl Saakachvili, ndlr] qui a été le premier à tirer la sonnette l’alarme au sujet de quelque chose qui n’allait pas dans ce laboratoire et qu’il ne fonctionnait pas tout à fait légalement, voire absolument illégalement», a-t-il souligné.
Toutefois, M.Silverman n’a pas eu assez de preuves nécessaires pour lancer une enquête sur le Centre Lugar. Quant à Igor Giorgadze, il dispose de documents, provenant de ce laboratoire, permettant de supposer que des expériences sur des citoyens géorgiens et des essais d’armes bactériologiques auraient été effectués entre les murs de cet établissement.
«Il y a beaucoup de documents, près de 100.000 pages. Nous avons examiné les données de 2015 et 2016. En décembre 2015, il y avait 30 morts. […] 24 d’entre eux ont été enregistrés la même journée. Le champs « inconnue » dans la colonne « raison de la mort » est ce qui étonne le plus», a constaté M.Guiorgadze.
Il a également mentionné d’autres faits soutenant ses hypothèses.
«Après le lancement du laboratoire, les taux de différentes maladies y compris le cancer, ont explosé. […] Nous recevons ces signaux même de médecins turcs. Nos citoyens vont en Turquie pour subir un traitement», a ajouté l’ex-ministre géorgien.
De plus, il a attiré l’attention sur des brevets militaires américains suscitant un intérêt de spécialistes du centre.
«Un brevet sur un drone pour pulvériser des insectes contaminés […] au-dessous d’un territoire contrôlé pas un adversaire pour lui porter un coup fatal à moindre coût. […] Un brevet sur une balle, c’est-à-dire une munition, dotée d’une matière biologique contaminée. À la page suivante, vous voyez un pistolet conçu pour cette balle», a indiqué Igor Guiorgadze.
Sur la base de ces documents, ses collègues et lui ont créé le portail Géorgie: hier, aujourd’hui, demain, concernant le problème du Centre Lugar. À l’heure actuelle, ils cherchent des experts pour examiner ces documents et tirer des conclusions pertinentes.
«Je souhaite que ce soit des spécialistes impartiaux. […] Mon but est d’attirer la communauté des experts au niveau international», a ajouté M.Guiorgadze.
En dehors des experts, il s’est adressé à Donald Trump.
«J’ai demandé une enquête sur la légalité des actions de ceux qui travaillent au laboratoire Lugar et réalisent des commandes de l’administration américaine précédente en accord avec le Président géorgien précédent», a expliqué l’interlocuteur de RT.
Quant au destin du Centre Lugar, il doit être défini en fonction des résultats de l’investigation.
«S’il y a quelque chose d’illégal, il faut le supprimer, mettre fin [au laboratoire, ndlr], fermer [le Centre, ndlr]. S’il n’y a rien d’illégal, je suis prêt à m’excuser», a conclu Igor Guiorgadze.
Le 11 septembre, lors d’une conférence de presse à Moscou, l’ex-ministre géorgien a annoncé que le Centre pour la santé publique Richard G. Lugar aurait organisé des expériences liées à l’hépatite C, et que des dizaines de personnes y étaient mortes.
Suite à cette information, Moscou a demandé vendredi à Washington de fournir des informations sur cet établissement. La Défense russe entend étudier les documents cités par M.Guiorgadze.
Washington a par la suite démenti ces allégations de M.Guiorgadze et les a qualifiées d’«absurdes».
Source: Sputnik