Reporters sans frontières (RSF) et cinq autres ONG ont demandé à l’Arabie saoudite la libération immédiate de l’écrivain et journaliste yéménite Marwan al-Muraisi, disparu depuis près de quatre mois, selon un communiqué publié mercredi, rapporte l’AFP.
M. Muraisi, un intellectuel influent suivi par plus de 100.000 personnes sur Twitter, a été arrêté à son domicile à Ryad le 1er juin dernier, selon les ONG signataires d’une lettre conjointe adressée aux autorités saoudiennes.
Sa famille, qui n’a pas été informée des raisons de son arrestation et qui ne connaît pas son lieu de détention, n’a depuis cette date aucune nouvelle de lui, souligne le communiqué diffusé par RSF.
« Quelques tweets critiques, ainsi que sa proximité avec certains des activistes, intellectuels et journalistes arrêtés depuis l’année dernière pourraient expliquer son arrestation », indique RSF.
Au moins 11 journalistes sont officiellement détenus en Arabie saoudite, auxquels il faut ajouter plus d’une quinzaine de journalistes, professionnels ou non, détenus sans annonce officielle, selon RSF.
Le royaume saoudien figure à la 169ème place sur 180 au classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2018.
Outre RSF, la lettre adressée à Ryad est signée par l’Organisation pour les droits de l’Homme en Arabie Saoudite (ALQST), le Centre du Golfe pour les droits de l’Homme (GCHR), English Pen, Pen International et Index on Censorship.
Mardi, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) basé à New York s’est également inquiété du sort de M. Muraisi et a déploré que « la nouvelle » Arabie saoudite, qui cherche à projeter l’aspect positif de ses réformes, impose dans le même temps « un climat encore plus répressif aux journalistes ».
Sous l’impulsion du jeune prince héritier Mohammed ben Salmane, Ryad a lancé des réformes économiques et sociales et a notamment levé l’interdiction de conduire pour les femmes en juin 2018.
En revanche, une répression contre des militants des droits de l’Homme et contre toute voix critique bat son plein, montrant les limites de cette ouverture. L’Arabie saoudite reste l’un des pays les plus restrictifs au monde, estime l’AFP.
Ryad mène par ailleurs depuis 2015, dans le cadre d’une coalition militaire arabe, une guerre contre le Yémen, pour imposer son allié Abed rabbo Mansour Hadi, une personnalité contesté auprès une grande partie de la population et de l’armée yéménites et rejeté par l’organisation Ansarullah, qui jouit d’une grande popularité et contrôle une grande partie du pays.
Cette guerre qui devait se terminer en quelques jours, compte tenu du grand déséquilibre des forces en faveur des assaillants est devenue un vrai bourbier pour ces derniers qui ont provoqué la pire crise humanitaire du monde selon l’ONU.