D’après divers articles, dont le bien-fondé est toujours discutable, le président Donald Trump a ordonné le retrait de toutes les troupes étasuniennes de la partie syrienne qu’elles occupent illégalement.
Le retrait est surprenant, dans la mesure où il y a seulement quelques jours, le Département de la Défense a déclaré que toute action syrienne, russe ou iranienne contre l’État islamique dans la partie de la Syrie occupée par les troupes étasuniennes, était ‘inacceptable’.
En d’autres termes, le Pentagone dit que la partie de la Syrie toujours tenue par l’État islamique est sous la protection des États-Unis, et qu’elle ne doit pas être attaquée par les Syriens et leurs alliés.
La question qui se présente à nous est : L’ordre de retrait annoncé par Trump sera-t-il respecté ?
Il est trop tôt pour le dire. Au moment où j’écris, l’ordre de retrait de Trump n’a été corroboré par aucun média. Même la déclaration officielle de la porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Sanders, est obscure : « Nous avons commencé à faire revenir les troupes étasuniennes chez nous, car nous passons à la phase suivante de cette campagne. »
En d’autres termes, la campagne contre la Syrie n’est pas terminée, mais « la phase suivante » n’a apparemment pas besoin de troupes étasuniennes. Que sera la phase suivante ? Tant que nous n’aurons pas la réponse, nous ne saurons pas si la campagne de Washington contre Assad est terminée.
Peut-être que la décision a été prise de shunter la Syrie pour le moment et d’éliminer l’Iran avant que les Russes ne puissent intervenir là-bas.
La presse titubée, chez nous et à l’étranger, qui sert Israël et le complexe militaro-sécuritaire, et jamais la vérité, s’oppose à la fin de la campagne contre la Syrie.
The Guardian, qui était jadis un journal de la classe ouvrière, mais qui est maintenant, selon toute apparence, un précieux instrument de la CIA, écrit que « l’abandon » de Trump « est un cadeau inestimable pour ISIS. »
Bloomberg, poursuivant sa campagne contre Trump, a signalé que sa décision de retrait « laisse en plan les alliés kurdes de Washington », à la merci des Turcs. Pire encore, selon Bloomberg, le retrait de Trump «abandonne l’avenir de la Syrie à Moscou et à Téhéran, alliés du président Bachar el-Assad, dont l’intervention dans le conflit a permis d’éviter la possible défaite. »
Lindsey Graham, le sénateur belliciste républicain, une honte suprême pour l’électorat qui a mis et gardé ce fou au pouvoir, a rapidement opposé une objection à la décision raisonnable de Trump. Faire la guerre à jamais est la politique de Graham. Il prouve ainsi être un dur à cuire qui défend les États-Unis.
Mark Dubowitz, président directeur général de la Fondation pour la défense des démocraties (une espèce politique éteinte en Occident), qui « a conseillé de près l’administration Trump, » a estimé que «retirer les troupes étasuniennes de Syrie serait un cadeau pour Poutine et les mollahs à Téhéran. Et ce cadeau serait désastreux pour la région. »
Brett McGurk, envoyé spécial de Trump auprès de la fausse « coalition mondiale pour vaincre ISIS, » une organisation créée et financée dans le but de couvrir trompeusement le soutien à ISIS, a désavoué la décision de Trump : « Triompher définitivement d’un groupe de cet acabit, veut dire que vous ne pouvez pas vous contenter de défaire leur espace physique et puis partir. »
Les Israéliens, qui ont réduit le président des États-Unis à n’être que leur marionnette à la noix, et qui comptent transformer pareillement le président russe Poutine, ne permettront sans doute pas à Trump de retirer ses troupes de Syrie.
Pourquoi ? La réponse est que la Syrie et l’Iran, qui figurent aussi sur la liste des victimes de Trump/Israël, soutiennent la seule armée digne de ce nom au Liban, la milice du Hezbollah qui empêche Israël d’occuper le Sud-Liban.
L’occupation israélienne du Sud-Liban figure dans le projet sioniste du Grand Israël – du Nil à l’Euphrate. Israël convoite aussi les ressources en eau du Sud-Liban. Si la Syrie et l’Iran pouvaient être livrées au chaos, à la mort et à la destruction qu’Israël a occasionnées au Moyen-Orient par l’intermédiaire de ses agents néocons à Washington, le Hezbollah se retrouverait sans soutien financier et militaire, et cela permettrait à Israël de s’emparer du Sud-Liban.
Beaucoup d’Occidentaux n’ont jamais entendu parler de l’intérêt d’Israël pour le Liban. Avec le contrôle extraordinaire que les apparatchiks ont établi sur les communications et l’information, les gens ne savent pas que l’attaque étasunienne contre le Moyen-Orient a commencé quand les néocons ont publié leur programme de bouleversement du Moyen-Orient, y compris de l’Arabie saoudite, dont les dirigeants ont vu les signes avant-coureurs et se sont ralliés au camp israélien. Le programme néocons, comme l’a expliqué le général Wesley Clark, a été remis au Pentagone et est devenu la politique officielle des États-Unis.
Israël, grâce à ses agents néocons, a réussi à pousser les États-Unis à détruire l’Irak, la Libye, la Somalie et presque la Syrie jusqu’à l’intervention russe, et à diaboliser l’Iran pour préparer l’attaque. Le coût pour les contribuables étasuniens se chiffre en milliards de dollars, et ils ont aussi payé les dépenses liées aux décès et aux mutilations de leurs proches et à la réputation ternie de leur pays, désormais largement considéré comme un régime criminel de guerre.
En dépit de ces énormes dépenses imposées par Israël aux États-Unis, dépenses incomparables à celles causées par tout ennemi, Israël a continué en compromettant l’indépendance de 26 gouvernements d’États étasuniens, sans parler des 13 autres en prévision.
Comment pouvons-nous expliquer qu’un nombre minuscule de gens insignifiants et isolés dans le monde, aient la mainmise sur les puissants États-Unis?
Par Paul Craig Roberts ; Traduction Petrus Lombard
Source : Réseau international