Alors que les Etats-Unis ont mis la pression vendredi 14 novembre pour convaincre de la nécessité d’adopter leur projet de résolution lui endossant le plan de paix de Donald Trump pour Gaza, la Russie a proposé un autre projet qui réclame la solution des deux Etats, omise dans le document américain.
La mission russe a l’ONU a déclaré que son pays avait été contraint de préparer un projet de résolution alternatif au projet de résolution américain au Conseil de sécurité sur Gaza, expliquant que cela était dû au fait que Washington n’y avait pas pris en compte la formule de la solution à deux États. Dans un communiqué publié vendredi soir, elle a nié que son projet de résolution soit en contradiction avec l’initiative américaine concernant ce secteur.
La mission russe a indiqué, dans une note consultée par Reuters, que son projet de résolution s’inspirait du projet américain.
Le CS de l’ONU et non les USA
Mais le texte russe insiste pour que ce soit le Conseil de sécurité de l’ONU et non les Etats-Unis qui soit chargé de prendre les choses en mains dans l’enclave palestinienne . « Notre projet vise à permettre au Conseil de sécurité d’élaborer une approche équilibrée, acceptable et unifiée en vue d’un cessez-le-feu durable », précise la note russe.
Le texte russe demande simplement au secrétaire général de l’ONU « d’identifier des options pour appliquer les dispositions » du plan de paix et présenter « rapidement » des « options de déploiement d’une force » à Gaza.
Il n’autorise ni la création d’un « comité de la paix » proposé par les États-Unis pour gérer la période de transition à Gaza, ni le déploiement immédiat d’une force internationale à Gaza, selon le texte vu vendredi par l’AFP.
La « logique » du texte russe est de permettre au Conseil « de définir des modalités claires de déploiement d’un contingent de maintien de la paix et d’établir une administration à Gaza tout en s’assurant que ces modalités sont en accord » avec les normes internationales, insiste la mission russe à l’ONU
Les USA veulent remplacer l’ONU
La semaine dernière, les Américains ont officiellement entamé des négociations au sein du Conseil sur un projet de texte qui lui « endosse » le plan du président américain ayant permis la mise en place, le 10 octobre, d’un cessez-le-feu fragile dans le territoire palestinien. Le texte américain autorise notamment le déploiement d’une « force de stabilisation internationale » (ISF).
La bande de Gaza a été ravagée par deux années de guerre génocidaire israélienne soutenue inconditionnellement par les Etats-Unis. Plus de 70 milles Gazaouis ont été tués et plus de 120 milles blessés dans cette guerre présentée dans le récit israélien comme une riposte à l’attaque du mouvement de résistance Hamas du 7 octobre 2023 au cours de laquelle 1200 Israéliens ont succombé et plus de 250 ont été faits prisonniers et emmenés dans l’enclave.
Au cours de cette attaque menée en riposte à l’intensification des activités israéliennes colonisatrices qui menacent les droits du peuple palestinien, dans la ville sainte d’al-Qods (Jérusalem), en Cisjordanie et dans la mosquée d’al-Aqsa, l’armée israélienne avait activé le protocole de Hannibal qui autorise de tuer les soldats israéliens pour empêcher les enlèvements de soldats israéliens. Dans la contre-attaque israélienne, d’innombrables civils israeliens ont été tués mais leur mort est attribuée au Hamas.
Face aux réserves de certains membres et à la proposition du texte concurrent de la Russie, les Américains avaient mis en garde vendredi contre les risques d’un rejet de leur texte et affiché le soutien de plusieurs pays arabes et musulmans.
« Les Etats-Unis, le Qatar, l’Egypte, les Emirats arabes unis, le royaume d’Arabie saoudite, l’Indonésie, le Pakistan, la Jordanie et la Turquie expriment leur soutien conjoint » au projet de résolution américaine autorisant notamment une force internationale dans le territoire palestinien, et espèrent son adoption « rapide », disent-ils dans une déclaration commune.
Ce plan offre « un chemin viable vers la paix et la stabilité, non seulement pour les Israéliens et les Palestiniens, mais pour toute la région », ont-ils insisté.
Le Royaume-Uni a apporté vendredi son soutien public au texte américain.
Le projet de résolution américain, plusieurs fois modifié, prévoit de donner un mandat jusqu’à fin décembre 2027 à un « comité de la paix » censé être présidé par Donald Trump, organe de « gouvernance de transition » pour administrer Gaza.
Il « autorise » également le déploiement de l’ISF qui pourra utiliser « toutes les mesures nécessaires pour mener son mandat dans le respect du droit international »: appui à la sécurisation des frontières en coopération notamment avec « Israël » et l’Egypte, démilitarisation de Gaza, désarmement « des groupes armés non étatiques », protection des civils, formation d’une police palestinienne…
Menace de guerre dans toute la région
Alors que des échanges publics de ce type lors de négociations du Conseil sont plutôt rares, l’ambassadeur américain à l’ONU Mike Waltz a également publié un article vendredi dans le Washington Post dans lequel il brandit la menace de la guerre
« Tout refus de soutenir cette résolution (le texte américain, ndlr) est un vote en faveur de la poursuite du règne des terroristes du Hamas ou en faveur de la reprise de la guerre avec Israël, condamnant la région et sa population à un conflit perpétuel », a-t-il déclaré.
Le Conseil se prononcera lundi à 17H00 (22H00 GMT) sur le texte, ont indiqué vendredi soir plusieurs sources diplomatiques à l’AFP.
Source: Divers



