La Turquie s’est dite vendredi opposée à toute présence du pouvoir syrien dans la ville clef de Manbej, une position opposée de de la Russie qui a assuré que cette région de l’est de l’Euphrate, contrôlée par la milice kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS) devraient passer entre les mains de l’armée syrienne régulière.
« La solution à la situation à l’est de l’Euphrate passe par la remise du contrôle de cette zone au gouvernement syrien », a affirmé le jeudi 17 janvier Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, lors d’une conférence de presse, sur les priorités de la politique étrangère russe de l’année 2019.
Le lendemain, le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères, Hami Aksoy livrait la position de son pays
« Les efforts des YPG (Unités de protection du peuple kurde, ndlr) pour faire entrer le régime à Manbej ne sauraient être permis », a-t-il déclaré à la presse.
Les YPG sont considérées comme un groupe « terroriste » par Ankara en raison de leurs liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mène une guérilla sanglante sur le territoire turc depuis 1984.
Fin décembre, redoutant une offensive turque, ils ont invité Damas à y déployer ses forces après l’annonce par les Etats-Unis du prochain retrait de leurs troupes de Syrie. Damas avait annoncé le jour même un déploiement de ses forces dans la région.
Selon l’AFP, Manbej fait par ailleurs l’objet d’une feuille de route arrêtée en mai par Washington et Ankara pour apaiser les tensions, prévoyant notamment le retrait des YPG de Manbej et la mise en place de patrouilles conjointes américano-turques, qui ont démarré en novembre.
« L’objectif de la feuille de route de Manbej est clair », a insisté M. Aksoy. « Les YPG se retirent de Manbej, les armes seront récupérées par les Etats-Unis et Manbej sera gouverné par ses résidents ».
L’influent sénateur américain Lindsey Graham se trouvait à Ankara vendredi, et devait y rencontrer le président Recep Tayyip Erdogan et le chef de la diplomatie Mevlüt Cavusoglu.
M. Aksoy a également annoncé que M. Cavusoglu se rendrait à Washington pour une réunion de la coalition internationale contre l’EI le 6 février.
Jeudi, rapporte le site d’informations syrien al-Masdar News, des avions de combat turcs ont été repérés survolant à basse altitude l’ouest de la province d’Alep et le nord de celle d’Idleb,
Concernant ces deux régions récemment conquises par la coalition Hayat Tahrir al-cham, dominée par le front al-Nosra, branche d’al-Qaïda en Syrie, après avoir vaincu les milices pro turques, le chef de la diplomatie russe a aussi fait part d’une position sur laquelle la Turquie ne s’est pas encore exprimée: « le terrorisme en Syrie, notamment dans la province d’Idleb, doit être anéanti», a-t-il affirmé.
« Des parties d’al-Tanf sont toujours occupées par les forces américaines… On tient les États-Unis pour responsables des dangers qui menacent la vie des Syriens vivant dans le camp d’al-Rukban », a-t-il poursuivi, en se démarquant aussi de la politique américaine.
Sources: AFP; Sputnik; Press Tv; al-Masdar News.
Source: Divers