L’Iran a convoqué mardi l’ambassadeur suisse à Téhéran, chargé de représenter les intérêts américains, pour protester contre la détention par les Etats-Unis d’une journaliste iranienne.
Marzieh Hachemi a été arrêtée le 13 janvier à l’aéroport de Saint-Louis au Missouri, aux Etats-Unis, selon des proches cités par la chaîne d’Etat iranienne Press TV, pour laquelle elle travaille.
« Une note officielle de protestation a été remise à l’ambassadeur suisse concernant l’arrestation et la poursuite de détention par des agents du gouvernement américain de la journaliste iranienne de Press TV, Marzieh Hachemi », a indiqué le porte-parole des Affaires étrangères iraniennes, Bahram Qassemi.
Selon M. Qassemi, l’Iran réclame dans cette note « la libération immédiate et inconditionnelle » de la journaliste.
« Le comportement des agents du FBI et le silence des autorités américaines sont en contradiction avec les engagements internationaux de l’administration américaine et constituent une violation flagrante des droits de l’homme et des droits civils de Mme Hachemi », a-t-il précisé.
L’ambassadeur suisse a pour sa part affirmé qu’il transmettrait immédiatement la lettre aux responsables des États-Unis et informerait par la suite le ministère iranien des Affaires étrangères de leur réponse.
L’ambassade de Suisse représente les intérêts américains à Téhéran, où Washington n’a plus de mission diplomatique depuis 1980.
Le juge de la première audition qui a eu lieu vendredi dernier a reconnu que la journaliste iranienne n’avait commis aucun crime et qu’elle était détenue en tant que « témoin-clé ».
Depuis le 11 septembre 2001, les États-Unis ont utilisé le statut de « témoin clé » pour garder en détention des suspects sans inculpation pendant une durée indéterminée. Cette utilisation de la loi est controversée et fait actuellement l’objet d’un contrôle juridictionnel.
La deuxième audition de Mme Hashemi devrait avoir lieu le mercredi 23 janvier, mais aucune source n’a donné d’information sur le déroulé du procès de Mme Hashemi.
Bahram Qassemi a condamné la détention de la journaliste iranienne et demandé sa mise en libération sans condition immédiate.
« Le gouvernement américain doit expliquer comment Marzieh Hashemi […] risque tellement de prendre la fuite qu’elle doit être incarcérée jusqu’à ce qu’elle finisse de témoigner devant un grand jury », a lancé le chef de la diplomatie iranienne sur Twitter.
« Cinquante ans après l’assassinat de MLK (Martin Luther King, NDLR), les États-Unis violent toujours les droits civils des hommes et des femmes noirs », a affirmé Mohammad Javad Zarif en référence au pasteur noir, icône de la lutte pour les droits des Noirs américains aux États-Unis dans les années 1960 et 1970.
Née aux Etats-Unis sous le nom de Melanie Franklin avant sa conversion à l’islam et son mariage avec un Iranien, Mme Hachemi sera maintenue en détention jusqu’à ce qu’elle témoigne devant un grand jury, dans le cadre d’une enquête pénale dont la nature n’a pas été révélée, selon un document judiciaire américain rendu public vendredi.
Ce document précise que la journaliste n’est pas accusée de crime.
Installée en Iran, où elle est depuis 25 ans l’un des visages les plus connus de la chaîne anglophone Press TV, Mme Hachemi revient régulièrement aux Etats-Unis pour rendre visite à sa famille. Elle a été arrêtée alors qu’elle effectuait une de ces visites à un frère malade, selon des proches cités par la chaîne.
Avec PressTV + AFP