C’est avec un grande scepticisme que les Libanais ont accueilli la formation du nouveau cabinet ministériel d’autant qu’ils n’ont pas compris comment les choses se sont finalement si vite débloquées comme par une baguette magique. Après plus de huit mois de tractations ardues.
Quelques jours auparavant, le Premier ministre en charge, Saad Hariri refusait toujours d’accorder un ministère à la Rencontre consultative, un groupe parlementaire formé de 6 députés sunnites originaires de différentes régions libanaises et proches du camp du 8-Mars pro résistance.
Il a finalement cédé en accordant au fils du député et ancien ministre Abdel Rahim Mrad un ministère d’Etat pour le commerce extérieur. Il a été nommé par le chef de l’Etat.
Cette résolution a été consentie avec la formation d’un cabinet élargi, comprenant 30 ministres, lesquels représentent proportionnellement les principales forces siégeant dans le Parlement libanais. Un cabinet gagnant- gagnant.
Avec trois ministres, le Hezbollah s’est vu accorder un ministère supplémentaire par rapport au gouvernement précédent. Il a reconduit Mohammad Fneich dans celui de la Jeunesse et des sports et a nommé deux nouveaux, Jamil Jabak, un cardiologue de renommée auquel il a accordé le ministère de la Santé et Mahmoud Kmati, un membre du Bureau politique qui a décroché le ministère des Affaires parlementaires.
Le mouvement Amal a lui aussi trois ministères : en plus de celui des Finances qu’il a gardé entre les mains de Hassan Khalil, il a été accrédité de ceux de la Culture (Mohamad Daoud) et de l’agriculture (Hassan Lakkis).
Le président de la république Michel Aoun a pour son compte quatre ministères dont deux souverains, celui de la Défense accordé à Elias Abou Saab, et celui de la Justice à Albert Serhane.
Le parti qu’il a fondé, le Courant du patriotique libre, lequel est actuellement dirigé par son gendre Joubrane Bassil (qui a gardé les Affaires étrangères), a pour son compte 5 ministères, dont le Tourisme (Awadis Cadanian) , les Affaires des émigrés (Ghassane Atallah) , l’Environnement (Fadi Jreysati), l’Economie et le Commerce Mansour Bteich), l’Énergie (Nada al-Boustani).
Son principal rival sur la scène chrétienne, les Forces libanaises, a obtenu 4 ministères, dont celui du Travail (Camille Abou Sleimane). Elles n’ont pu se voir accorder aucun ministère souverain. Sa relation avec le Premier ministre étant au plus mal, selon des observateurs.
Le troisième parti chrétien, al-Marada a pris quant à lui le ministère des Travaux publics et des transports (Youssef Fenianos).
S’agissant des druzes ils ont trois ministres. Dont deux pour le Parti socialiste progressiste de Walid Joumblatt, l’Industrie (Wael Abou Faour) et l’Education (Akram Chhayyeb).
Tandis que le troisième, celui des Affaires des déplacés est revenu au Parti démocratique libanais du député Talal Arslane, du camp 8-Mars, qui l’a confié à l’un de ses partisans, Saleh Garib.
Pour ce qui est du Courant du Futur, il dispose de 6 ministères, dont celui de l’Intérieur, accordé à une femme, l’ancienne ministre Raya al-Hassan, en plus de ceux des Communications (Mohamad Chkeir), de l’Information (Jamal Jarrah), des Affaires technologiques et des investissements (Adel Afiouni), des Affaires des femmes, cédé à Violette Safadi.
Deux autres femmes figurent dans ce cabinet : Nada Boustani du CPL qui a en charge le ministère de l’Energie, et May Chidiac des FL qui est devenu ministre d’Etat pour le développement administratif.
Constat symbolique dans ce gouvernement : le ministère de la Corruption a été éliminé. Alors que la lutte contre elle est une priorité, compte tenu des proportions qu’elle a prises.
« Pas de confiance », titre de son côté Al-Akhbar. Ce quotidien proche du 8-mars qui souligne le poids « des crises économiques » qui pèsent sur le pays, les infrastructures en déliquescence, « la cherté de vie, la pauvreté, et le chômage », craint par-dessus tous des politiques destinées à alourdir davantage le fardeau de la dette aux Libanais. En allusion sans doute au prêt supplémentaire de 11 milliards de dollars que des pays occidentaux et arabes voudraient donner au Liban, alors que le pays ploie sous le poids d’une dette publique de plus de 80 milliards de dollars.
Une situation d’autant plus difficile que le nouveau gouvernement sera, d’après le journal Al-Joumhouriyyat, sous la supervision américaine et européenne.
Les Etats-Unis sont inquiets du fait que le Hezbollah ait obtenu trois portefeuilles ministériels, dont celui de la santé, rapporte quant à lui le site d’informations Liban24 . Pour la chaine de télévision Al-Hurrat (financée par les USA), un responsable américain a indiqué que son pays voudrait s’assurer que certains services des ministères n’iront pas soutenir le Hezbollah.
Côté israélien, une source sécuritaire a dit pour le Yediot Ahronot que le nouveau gouvernement libanais n’intéresse pas beaucoup Israël.
« Nous suivons Nasrallah et le commandement du Hezbollah », a-t-il argué.
Source: Divers