Une femme et d’autres militants vont remplacer Jamal Khashoggi dans le Washington Post, a assuré ce journal américain, qui a révélé avoir lancé une nouvelle tribune pour honorer la mémoire du journaliste saoudien dissident, tué dans l’ambassade de son pays en Turquie.
La journaliste et militante saoudienne pour les droits des femmes Hala al-Dosari sera la première contributrice dans cette tribune baptisée « les collègues de Jamal Khashoggi ». Celle-ci sera consacrée aux affaires essentielles au Moyen-Orient, surtout en Arabie saoudite et dans le Golfe persique.
Avant de s’installer aux Etats-Unis à partir de 2014, elle avait travaillé par intermittence au ministère saoudien de la Santé comme experte en santé, intervenante et conseillère.
Elle a commencé à écrire à partir de 2006, ce qui lui a coûté des restrictions de la part des autorités pour son franc-parler.
En 2010, elle a contribué à l’organisation d’un forum de la Renaissance au Bahreïn, destiné à réunir les jeunes en vue de promouvoir les libertés politiques et sociales dans les pays du Golfe, gouvernées depuis des dizaines d’années par des dynasties archaïques et tyranniques.
En 2013, elle a participé à la campagne du « 26 octobre » destinée à lever l’interdiction aux femmes de conduire des voitures , et a conduit en personne sa voiture.
Ayant obtenu son doctorat d’une université en Virginie, en recherches sanitaires, épidémiologie et violence contre les femmes en Arabie saoudite, elle vit aux Etats-Unis depuis 2014.
Elle a écrit pour The Guardian, al-Jazeera, Foreign Affairs et Foreign Policy. Ses derniers articles et études ont fustigé les efforts du régime saoudien de désigner des femmes dans des postes du secteur public, estimant que ce sont « des opérations esthétiques destinées à cacher la répression politique et sociale exercée sur les femmes depuis des décennies ».
Le choix de cette femme et d’autres militants dont l’identité n’a pas encore été révélée pour animer la tribune du WP ne manquera pas d’ambarasser de nouveau le prince héritier saoudien Mohamad Ben Salmane qui déploie des efforts immenses pour embellir son image, écorchée par l’assassinat de Khashoggi qu’il est soupçonné d’avoir commandité. Et en raison aussi de ses campagnes de répression qui ont touché toutes les catégories du peuple saoudien, en premier celle des autres princes de la cour royale.
Il illustre la détermination de ce quotidien américain de venger la mort de Khashoggi, comme il avait promis de le faire.