Selon Atlantic Council, l’influence régionale de l’Iran s’est paradoxalement accrue depuis que les Etats-Unis ont durci leurs sanctions contre l’Iran.
Un important think tank américain a rejeté la rhétorique triomphaliste des responsables de la Maison-Blanche quant à l’impact des sanctions américaines et ses prétendus effets sur le rôle régional de l’Iran, jugeant au contraire que le poids de Téhéran ne cesse de s’amplifier par un étrange effet de balancier.
L’article du site web américain Atlantic Council est signé Kenneth Katzman.
L’administration Trump impose des sanctions aux principaux secteurs de l’économie iranienne depuis le novembre 2018, conséquence directe de son retrait du Plan d’action global conjoint (PGAC).
L’administration Trump a justifié de surcroît son retrait de l’accord par le fait que la levée des sanctions aiderait l’Iran à renforcer ses capacités et à exercer une influence croissante au Moyen-Orient.
Selon Trump et d’autres responsables américains, le retrait du PGAC et le rétablissement de nouvelles sanctions sont de nature à exercer une « pression maximale » sur l’Iran, « le privant de la sorte des revenus nécessaires au financement, à l’armement et à la formation d’un vaste réseau d’alliés régionaux ».
Trump prétend même que le rétablissement des sanctions a fait de l’Iran « un pays bien différent ». Lui et d’autres responsables américains sont même allés jusqu’à dire que le retour des sanctions et la fin des dérogations à l’achat du pétrole iranien avaient paralysé l’économie iranienne et amoindri le poids régional de l’Iran. Or il n’en est rien. Des données montrent que l’impact économique des sanctions n’a eu aucun impact sur les choix politiques de l’Iran et que Washington est loin d’avoir eu gain cause dans cette rude bataille qu’il mène contre l’Iran.
Si les sanctions devaient se traduire par des changements dans le comportement régional de l’Iran, l’influence régionale iranienne aurait dû se réduire entre 2011 et 2016.
Pourtant, les événements et les tendances démontrent exactement le contraire ou, au mieux, ils suggèrent que les sanctions américaines et l’influence régionale de l’Iran sont indépendantes les unes des autres.
En 2013, alors que le Congrès américain avait voté un renforcement des sanctions contre l’Iran, ce dernier s’est engagé militairement en Syrie et aide le président Assad à se maintenir au pouvoir.
Les sanctions n’empêchent pas non plus l’Iran de tirer parti du succès remporté par le mouvement Ansarullah sur le champ de bataille au Yémen et face à une coalition largement soutenue par l’Occident. Plus de quatre ans après le début de la guerre, la coalition arabe s’enlise, se fissure et cherche un moyen de sortir de ce conflit.
En 2014, alors que les sanctions internationales exerçaient encore de lourdes pressions sur l’économie iranienne, Téhéran pouvait facilement intervenir en Irak pour aider à freiner la progression du groupe terroriste Daech sur les frontières irano-irakiennes.
Et encore en 2019, les responsables du gouvernement Trump ont prétendu que la pression maximale avait réduit l’influence régionale de l’Iran.
Ils ont notamment évoqué des rapports selon lesquels le Hezbollah libanais aurait reconnu les contraintes financières et appelé à la collecte de fonds populaires.
Mais rien n’indique que les capacités ou la détermination du Hezbollah aient changé.
La position de l’Iran, en Irak, au Yémen et ailleurs, n’a pas changé non plus, ajoute Atlantic Council qui reconnaît l’impasse de la politique iranienne de la Maison-Blanche.
Source: PressTV