Des groupes paramilitaires afghans soutenus par les Etats-Unis et opérant en toute impunité exécutent sommairement des civils lors de raids nocturnes et font disparaître des suspects, a dénoncé un groupe de défense des droits humains.
Dans un rapport publié jeudi, Human Rights Watch (HRW) affirme avoir analysé 14 raids de ces « groupes de frappe » soutenus par la CIA entre fin 2017 et mi-2019, durant lesquels des « violations graves », certaines « allant jusqu’à des crimes de guerre », ont été commises.
L’une de ces opérations, survenue dans la province de Paktia en août, a vu un groupe paramilitaire tuer onze hommes dans un seul village.
« Des témoins affirment qu’aucun d’entre eux n’a offert de résistance (…) Les forces ont abattu un chef tribal d’une balle dans un œil et son neveu, âgé d’une vingtaine d’années, (d’une balle) dans la bouche », écrit HRW.
Les milices secrètes, appuyées par la CIA, sont actives en Afghanistan depuis la guerre contre l’armée soviétique dans les années 1980.
Pour sa part, la CIA a contesté la teneur du rapport, indiquant que la plupart des méfaits imputés aux forces afghanes étaient « vraisemblablement faux ou exagérés ».
Dans de nombreux cas, les raids – généralement dans des zones contrôlées par les talibans – ont été accompagnés de frappes aériennes qui ont tué des civils « de manière aveugle et disproportionnée », pointe le rapport.
D’après des statistiques divulguées cette semaine par l’Otan, les Etats-Unis ont conduit plus de 1.100 frappes aériennes et terrestres en Afghanistan en septembre, ce qui représente une augmentation importante par rapport aux mois précédents.
Les miliciens ont parfois détenu des hommes sans dire à leurs familles où ils se trouvaient.
Les forces spéciales afghanes ont mené 2.531 opérations terrestres de janvier à septembre, soit plus que les 2.365 réalisées dans l’ensemble de l’année 2018, d’après l’Inspecteur général spécial pour la reconstruction de l’Afghanistan (Sigar), un organisme public américain.
Selon l’ONU, l’Afghanistan a enregistré, de juillet à septembre, son trimestre le plus meurtrier pour les civils depuis une décennie. Sur les neuf premiers mois de l’année, plus de 2.500 d’entre eux ont trouvé la mort.
Source: Avec AFP