Un ex-captif israélien a achevé lundi une visite d’une semaine en Afrique du sud, pays dirigé par l’ANC – allié historique de la cause palestinienne – et qui a déposé une plainte pour génocide visant le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant, devant la Cour internationale de justice.
Or Levy, qui a passé 491 jours en captivité aux mains du Hamas a été libéré le mois de février dernier, pendant les deux mois de cessez-le-feu.
Il avait été fait prisonnier le 7 octobre 2023, pendant qu’il participait au festival musical Nova. 370 personnes y ont été tuées sur 1219 Israéliens recensés officiellement ce jour-là. En riposte, Israël a tué depuis plus de 63 mille Gazaouis.
Les autorités israéliennes attribuent la totalité des morts israéliens au Hamas, mais des sources médiatiques israéliennes se fiant à des témoignages de policiers ou de survivants ont assuré que de nombreux Israéliens ont été tués par des tirs de feu de l’armée israélienne qui avait alors activé le Protocole de Hannibal qui permet de tuer des soldats israéliens pour empêcher leur enlèvement. Jusqu’à présent, Netanyahu refuse catégoriquement une enquête nationale sur les évènements de ce jour.
Or Levy a fait partie des 44 pris en captivité dans cette fête sur un total de 251, pour les échanger contre les milliers de Palestiniens qui ont été arrêtés en Cisjordanie occupée pendant les mois qui avaient précédé l’attaque du 7 octobre.
Lors de sa libération, il avait remercié les Brigades al-Qassam de « nous avoir sauvegardé des bombardements et des bombes de l’armée de l’air et nous sommes sortis grâce à un accord et non sous la pression militaire »
Selon l’AFP, avant de venir en Afrique du sud où le débat sur la guerre à Gaza agite la communauté juive locale, il s’était rendu aux Etats-Unis où il a passé 4 semaines sur sa côte est pour parler de son expérience pendant la captivité. Les USA comptent la plus importante communauté de la diaspora juive estimée entre 6 et 7 millions de personnes.
Son voyage en Afrique du sud a été organisé par plusieurs organisations pro israéliennes dont la branche sud-africaine du Fonds national juif (JNF), liée au gouvernement israélien. Depuis mai 2024, elles ont organisé au moins 16 visites d’anciens captifs, rescapés ou proches de victimes.
Le public ciblé par les activités de ces organisations est la communauté juive dans ce pays. Elle est la plus importante du continent, avec environ 50.000 personnes, selon l’organisation représentative locale, le SAJBD.
Les organisateurs « tentent désespérément de stopper l’épuisement du soutien au génocide (des Palestiniens) parmi la communauté juive », estime auprès de l’AFP Rina King, membre des Juifs sud-africains pour une Palestine libre (SAJFP).
« Ils essaient de contrer le discours dominant en insistant sur une seule journée », le 7 octobre 2023, accuse la militante, assurant que « de plus en plus de gens rejoignent » son organisation.
Plusieurs personnalités juives sud-africaines avaient été des figures de la lutte contre l’apartheid comme Joe Slovo, le compagnon de route de Nelson Mandela, ou encore Albie Sachs, opposant devenu un grand magistrat de la nouvelle Afrique du Sud.
Or Levy s’est trouvé devant un parterre de 500 personnes, réunies dans une synagogue du quartier juif de Glenhazel, à Johannesburg. La communication s’était faite en vase clos, l’adresse ne figurant pas sur les invitations. Un homme suspicieux brouille les pistes à l’entrée : « Un événement ici ? Quel événement ? », rapporte l’AFP.
« Venir ici est plus important que d’autres endroits », témoigne Or Levy qui préfère s’exprimer en Afrique du Sud que de « prêcher à des convertis ».
Baigné dans ses larmes, il leur a raconté comment il a été enlevé, dans l’abri anti bombes où ils avaient trouvé refuge, qu’il a été “traité comme un chien », qu’il a été retenu dans des souterrains, sans » lumière du soleil qu’une seule fois » en 2024, quand il a été déplacé du tunnel où il était détenu, qu’il faisait une douche une fois « environ tous les deux mois », qu’il a été enchaîné en permanence, avec « la plupart du temps », un « seul repas par jour »: « un (pain) pita et deux boîtes de conserve à se partager à quatre ».
Son discours ne semble pas avoir été convaincant.
« Ils demandent à une personne traumatisée de revivre son traumatisme », critique Steven Friedman, professeur de sciences politiques à l’université de Johannesburg, selon l’AFP.
« L’initiative prétend soutenir les victimes, mais en réalité, il s’agit de diaboliser l’autre camp », juge cet auteur de « Good Jew, Bad Jew », essai questionnant une forme d’injonction pour les Juifs à soutenir Israël.
Alors que la guerre israélienne génocidaire à Gaza continue d’affecter le sentiment de solidarité des juifs du monde avec Israël, le gouvernement de Netanyahu tente d’y remédier.
« Ce dont on a besoin, c’est d’unité », a exhorté dimanche en ouverture de l’événement d’Or Levy, le nouveau chef de mission adjoint de l’ambassade israélienne en Afrique du Sud, Ariel Seidman, « ambassadeur de fait » depuis le rappel du représentant israélien en novembre 2023, lors de l’escalade diplomatique entre les deux pays.
Source: Divers