Pour le leader syrien Bachar el-Assad, Donald Trump est le meilleur Président que les États-Unis aient jamais connu car il est ouvert et ne cache pas ses objectifs.
«Il n’est pas le meilleur en raison d’une bonne politique, mais parce qu’il est le plus transparent, il dit ouvertement: « nous avons besoin de pétrole », « nous voulons nous débarrasser d’untel », « nous voulons octroyer des services en échange d’argent ». Telle est la politique des États-Unis. Qu’est-ce qui peut être mieux qu’un ennemi sincère?», a déclaré le Président syrien dans une interview accordée aux chaînes de télévision nationales syriennes.
À en juger d’après ses dires, les Présidents américains restent des criminels qui reçoivent néanmoins parfois un prix Nobel de la paix, alors qu’en réalité, ils ne font que servir les intérêts de lobbies.
La Turquie ne doit pas être un ennnemi
En outre, le président syrien a déclaré qu’il ne voulait pas faire de la Turquie voisine un « ennemi », malgré le déploiement turc dans le nord du pays qui a provoqué un affrontement entre leurs deux armées.
« Nous devons nous assurer de ne pas transformer la Turquie en ennemi », a affirmé M. Assad, « C’est là qu’intervient le rôle des (pays) amis », à l’instar de la Russie et de l’Iran, a-t-il indiqué.
Le président syrien a cependant qualifié son homologue turc Recep Tayyip Erdogan d' »ennemi » en raison de sa politique hostile au pouvoir de Damas.
Tout au long du conflit syrien, ayant fait plus de 370.000 morts depuis son déclenchement en 2011, la Turquie a soutenu des groupes terroristes rebelles contre le pouvoir syrien.
L’armée turque et des supplétifs syriens ont, par ailleurs, mené des opérations militaires dans le nord du pays contre le groupe wahhabite jihadiste Daech (EI) et contre les forces kurdes qu’Ankara qualifie de « terroristes ».
La dernière offensive, lancée le 9 octobre, a permis à la Turquie et ses alliés de s’emparer d’une bande frontalière de 120 km au détriment de la principale milice kurde syrienne des Unités de protection du peuple (YPG).
L’opération a été suspendue par deux accords séparés conclus par Washington et Moscou avec les autorités turques.
Ankara veut créer une « zone de sécurité » d’une trentaine de km de profondeur à l’intérieur du territoire syrien, afin d’empêcher l’émergence d’un noyau d’Etat kurde à sa frontière, susceptible de galvaniser les revendications indépendantistes de cette minorité ethnique également présente sur son sol.
L’objectif est aussi de rapatrier une partie des 3,6 millions de réfugiés syriens accueillis par la Turquie depuis 2011.
L’offensive lancée par Ankara a conféré à Damas l’opportunité de se déployer, pour la première fois depuis 2012, dans plusieurs secteurs du nord syrien à la faveur de l’appel à la rescousse lancé par les Kurdes après leur lâchage par Washington.
« L’entrée de l’armée syrienne (dans le nord) signifie l’entrée de l’Etat », a affirmé M. Assad, ajoutant toutefois que le recouvrement de la souveraineté nationale dans ces zones et un éventuel désarmement des forces kurdes se feront « progressivement ».
Quant à l’accord entre Ankara et Moscou qui prévoit des patrouilles conjointes turco-russes le long de la frontière syro-turque, le président syrien l’a qualifié de « temporaire ».
« Nous devons faire la distinction entre les objectifs stratégiques (…) et les approches tactiques », a-t-il affirmé.
M. Assad a également évoqué la situation dans la région d’Idleb, dans le nord-ouest du pays, ayant fait l’objet d’un accord entre la Russie et la Turquie en septembre 2018, resté lettre morte.
« Les Turcs n’ont pas respecté cet accord, mais nous libérerons Idleb (…) progressivement par le biais d’opérations militaires », a-t-il affirmé.
Des doutes sur la mort de Baghdadi
Dans cette même interview, M.Assad a exprimé des doutes sur la mort d’Abou Bakr al-Baghdadi annoncée le 27 octobre par Donald Trump et confirmée le 31 octobre par Daech. Selon lui, Washington n’a pas encore fourni de preuves de la mort du terroriste.
«Nous n’avons pas eu de contacts avec les institutions américaines sur l’élimination d’al-Baghdadi. Plus important encore, nous ne savons pas si cette opération a réellement eu lieu», a-t-il indiqué. Selon lui, Damas a appris qu’il avait «aidé» les États-Unis uniquement par des reportages dans les médias.
Sources: AFP; Sputnik